Le mysticisme

Extraits du livre : L’astrologie et les mondes de l’Invisible de Sri Chinmoy aux Editions La Flûte d’Or

Le Raja Yoga ou la voie mystique

Dans la spiritualité, il y a trois voies principales : le Karma Yoga, ou la voie du service désintéressé, le Bhakti Yoga, ou la voie de l’amour et de la dévotion, et le Jnana Yoga, la voie de la connaissance et de la sagesse. Le Raja Yoga, ou mysticisme, est un aspect essentiel du yoga de la connaissance. La Connaissance suprême va infiniment plus loin que la simple connaissance philosophique. Le mysticisme est l’expérience directe et intime de la Vérité. Après avoir couvert une grande distance le long de la voie de la connaissance, la philosophie est épuisée et se repose. Le mysticisme commence là où la philosophie atteint sa finalité.
Les anciens visionnaires, après avoir personnellement fait l’expérience de la connaissance de la Vérité, l’ont révélée au monde entier.
Le visionnaire chante ainsi :

Je L’ai connu, l’Être Suprême,
Resplendissant, lumineux comme le Soleil au-delà de l’obscurité,
Loin au-delà de l’étreinte étouffante de la morosité.

Les visionnaires nous enseignent que la Réalité transcendantale et l’existence incarnant toute chose sont une seule et même chose.
Un mystique considère l’unité et la diversité comme une seule et même réalité. Plus encore, il voit l’unité dans la diversité. Il dit au monde que l’unique et le multiple sont un. L’Unique est le multiple dans sa forme universelle. Le multiple est l’Unique dans sa forme transcendantale. Dans notre vie spirituelle, nous rencontrons deux mots importants ; « occultisme » et « mysticisme ». L’occultisme est secret et implore le secret. Il veut tout garder sous secret absolu. Le mysticisme n’est pas comme cela. Il est prêt à offrir son accomplissement, sa Connaissance transcendantale à tous ceux qui l’implorent.

La différence entre un philosophe et un mystique

La différence entre un philosophe et un mystique est la suivante ; un philosophe voit à grand-peine, de loin et imparfaitement, le corps de la Vérité, tandis que le mystique entre dans l’âme même de la Vérité comme bon lui semble et peut y rester aussi longtemps qu’il veut. De plus, il a la permission du Suprême de faire venir en avant la richesse immense de l’âme et de la partager avec les chercheurs de Vérité. Le mysticisme affirme que la connaissance du Divin est universelle.

Entrons quelques instants dans le savoir-faire du mystère céleste de « Vak » dans les Vedas. (Rig-Veda RV 1.164.45) Vak signifie le Verbe. Vak incarne et en même temps révèle la Vérité. Dans son incarnation de la Vérité, il reçoit du Suprême l’inspiration créative en abondance. Dans sa révélation de la Vérité, il offre le Suprême, le Libérateur suprême à l’humanité. Vak est le lien qui relie deux mondes : le monde qui ne s’est pas encore réalisé et accompli et le monde qui s’est déjà réalisé et est en train de s’accomplir.

Le mysticisme et l’intuition 

Le mysticisme possède un langage qui lui est propre : il s’agit de l’intuition. Dans ce langage, aucun intellect ou analyse mentale ne peuvent exister. Le mystique est assis sur les ailes de l’oiseau-intuition et s’envole jusqu’à la Réalité ultime. L’intuition révèle l’unité parfaite de la Vision transcendantale et de la Réalité absolue. Un mystique est suffisamment sincère pour dire la vérité. Il dit qu’il lui est pratiquement impossible d’interpréter son expérience intérieure. Nul mot, nulle pensée peut faire justice à son expérience. À ce point, le visionnaire des Vedas s’écrie : « Que puis-je dire, que puis-je penser en toute conscience ? » Le pauvre mental et les sens ne sont plus là, ils se sont effondrés dans la course vers l’Inconnu. L’ultime mystère de l’Univers ne leur appartient pas, ni la connaissance de l’Au-delà. Le mysticisme met l’accent sur l’unité de toutes les âmes dans l’Âme universelle.

Lorsque nous regardons l’univers, nous le voyons comme le théâtre d’un conflit entre le bien et le mal, l’obscurité et la lumière, l’ignorance et la connaissance. Inutile de dire que ce combat a commencé bien avant même l’apparition de l’homme et se poursuit encore aujourd’hui. La lumière travaille, en, et à travers l’âme qui aspire ; l’obscurité travaille, en, et à travers l’âme qui n’aspire pas. La véritable transformation de la nature humaine ne s’opère pas à travers une vie austère et ascétique avec un retrait complet du monde, mais à travers une illumination progressive et entière de la vie. Pour cela, l’aspiration est nécessaire. L’aspiration, et seule l’aspiration, est le précurseur de cette illumination.

L’expérience mystique

Une expérience mystique est la certitude intérieure de la Vérité pour l’aspirant. Cette certitude repose sur la révélation. La révélation est l’autorité intérieure. L’autorité intérieure est ultime. Qui possède cette autorité ? Non pas celui qui est victime de la logique impitoyable, mais celui qui a vécu l’expérience et qui à présent est devenu l’expérience même ! La logique est la vérité raisonnante et raisonnée, qui est la fierté du fini. Le mysticisme est la Vérité révélatrice et révélée, qui est la fierté de l’Infini. Si nous croyons au mysticisme, nous devons comprendre que la Vérité ultime est non seulement au-dessus de la raison, mais également contraire à la raison. Si nous voulons faire l’expérience de quelque chose par la raison, nous ne faisons qu’entrer dans la voie de la pluralité, de la pluralité inconsciente de la séparativité qui torture l’existence tout entière. Par contre, si nous faisons l’expérience de quelque chose à travers notre foi mystique intérieure, nous entrons dans la voie de la Réalité transcendantale de l’unité qui donne la vie et illumine la vie. Martin Luther a défié avec force l’efficacité de la raison. Il ne croyait pas non plus aux rituels ni même aux œuvres qui apportent le salut. Dans son mysticisme, nous voyons le visage souriant et convaincant de la foi. Seule la foi peut apporter le salut. Seule la foi possède la clé du salut.

Les pouvoirs occultes sont disponibles.
Les miracles se font.
Mais pour les voir chaque jour,
Il faut avoir une grande foi
En sa propre vie intérieure.

L’existence et l’essence vivent ensemble. Elles sont une. Au 13e siècle, Maître Johannes Eckhart affirma vivement son point de vue : nous devons comprendre que l’essence est singulièrement manifestée dans les qualités divines de l’âme humaine, tandis que l’existence est glorieusement manifestée dans les qualités humaines de l’âme divine. La fin du voyage pour l’âme divine est la manifestation absolue de Dieu.
Le mysticisme nous dit que la réalisation de Dieu peut être atteinte, non pas par la pratique des idées, mais par le sentiment constant d’unité avec la Vérité. Au mieux, une idée indique l’aspect passif du monde des sens parce qu’une formation mentale est directement ou indirectement saisie par le monde des sens. Mais le sentiment d’unité avec la Vérité transcende facilement le monde des sens et indique l’aspect actif et dynamique du processus évolutif de la vie dans le flot du courant de l’Éternité.
Un mystique dit au monde que le Corps de Dieu est la sagesse et l’Âme de Dieu est l’amour. Un homme mondain pense que son corps et ses activités physiques façonnent son âme. Un mystique dit en souriant que c’est l’âme qui façonne le corps et le transforme en la lumière-conscience illimitée de l’âme.
Selon Santayana, « le mysticisme n’est pas une religion, mais une maladie religieuse. » Santayana a parfaitement raison lorsqu’il affirme que le mysticisme n’est pas une religion. À mon avis, le mysticisme représente l’aspiration la plus élevée que la religion incarne. Mais quant à nommer le mysticisme une « maladie religieuse », je ne pourrai jamais être d’accord avec Santayana dans sa profonde compréhension.
J’aimerais dire, avec toute la confiance spirituelle dont je dispose, que le mysticisme sert de panacée non seulement pour ceux qui implorent de voir le Visage de leur Dieu Bien-Aimé, mais également pour ceux qui ont peur de voir le Visage de Dieu dans Son Omniscience et Son Omnipotence, voire pour ceux qui sont à la fois d’impitoyables et impardonnables incroyants de l’existence même de Dieu et infidèles.

Qu’est-ce qu’un mystique ?

Sri Chinmoy : Un mystique n’est pas quelqu’un de vague ; ce n’est pas quelqu’un qui vit dans le monde de la lune, comme le décrivent malheureusement certains. Un mystique est un aspirant qui veut découvrir la Vérité au plus vite, avec une énergie dynamique, et à travers la puissance de l’intuition. À l’aide du troisième œil, il verra la Vérité plus vite que tout, plus vite que la balle d’un fusil. Mais celui qui veut acquérir ce genre d’arme doit naturellement abandonner tout ce qui est non divin en lui. Il acceptera tout ce qui est divin et s’efforcera de le cultiver dans sa vie.
Un mystique est celui qui veut voir la Vérité aussitôt que possible de la manière la plus illuminante et comblante. Un mystique n’est pas quelqu’un qui rejette tout ce qui est pratique. Mais ici, en Occident, et en Inde également, les gens ne prêtent pas attention aux mystiques. Ils se contentent de dire : « Il n’est pas pratique. Il ne s’intéresse qu’à Dieu, et pas au monde. Il ne regarde que le soleil et la lune et les collines. Il n’est pas fait pour ce monde. » Mais un véritable mystique est celui qui veut voir le mystère divin en toute chose, que ce soit dans la nature comme dans les êtres humains. Il veut aller à l’essentiel, à la Source, plus vite que n’importe qui peut oser l’imaginer. Voilà ce qu’est un mystique.

 

 

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