Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy aux Editions de la Flûte d’Or
Avant de courir, de sauter ou de commencer ses activités physiques, un athlète qui a une quête spirituelle devrait toujours offrir quelques moments de gratitude à son Pilote intérieur pour l’inspirer à devenir un athlète. Un athlète est celui qui court, qui apprécie le temps et la vitesse et qui croit en un but qui ne cesse d’avancer. Il y a des millions et des milliards de gens sur terre qui ne sont pas des athlètes. Mais s’il est déjà un athlète, il peut en être reconnaissant et ainsi augmenter sa force de réceptivité. Dès que sa force de réceptivité augmente, sa capacité athlétique augmente aussitôt, car c’est la réceptivité qui augmente la capacité. Dès qu’il développe sa réceptivité, il est béni par davantage de capacité, une capacité abondante, une capacité illimitée. Et pour augmenter sa réceptivité, il n’y a qu’une seule manière : offrir son cœur de gratitude pour tout ce qu’il est déjà devenu. La gratitude signifie l’offrande de soi à son soi le plus élevé. Votre gratitude ne va à personne d’autre ; elle va à votre propre soi le plus élevé. La gratitude vous aide à vous identifier et à ressentir votre unité avec votre propre réalité la plus élevée.
L’Art de la Discipline
Soyez discipliné tout en aimant votre entraînement
« Avec le temps, j’ai fini par comprendre que lorsque vous êtes physiquement fort, vous pouvez faire des milliers de sauts qui peuvent tous être techniquement parfaits. Cependant, si vous n’avez pas mis d’âme dans vos sauts, ils seront bons à rien. D’autre part, vous pouvez ne faire que dix sauts, mais si vous les faites de tout votre cœur, ils pourront inspirer quelqu’un. Cette inspiration vous reviendra, et vous apportera une véritable satisfaction, ainsi qu’une vraie joie, une vraie élévation et vos performances seront vraiment plus faciles. » Tatyana Lebedeva
Un athlète est un artiste. Un artiste est celui qui a discipliné sa vie pour découvrir la Vérité qui se manifeste de nombreuses manières. L’art suprême est une vie disciplinée. Celui qui discipline sa vie est un grand explorateur de vérité, de lumière, de beauté, de paix et de béatitude.
Afin de devenir un bon athlète, il faut discipliner considérablement sa vie. Il faut se lever tôt le matin pour pratiquer, et il faut à nouveau pratiquer intensément à midi ou le soir. On ne peut pas avoir la léthargie, l’indolence et le manque de ponctualité comme amis. La vie disciplinée d’un athlète est donc déjà la preuve qu’il est un artiste.
L’athlète a déjà le sens de la discipline —la discipline du corps. La discipline de la conscience physique est d’une importance capitale, parce que la mise en place de la discipline physique demande du temps. On peut facilement discipliner la conscience psychique, la conscience mentale et la conscience vitale à travers la prière et la méditation. Mais cela prend beaucoup de temps de discipliner la conscience physique, parce que notre physique est comme un singe très malin. Etablir une paix disciplinée dans notre conscience physique est une tâche de longue haleine. C’est pourquoi l’athlète qui a réussi à mettre en place cette discipline dans sa vie extérieure est sans nul doute un artiste du point de vue spirituel.
L’Energie cosmique
On peut faire descendre en soi l’énergie cosmique en entrant dans notre conscience la plus profonde, la conscience qui embrasse tout, qui se trouve ici, là et partout à la fois. Il y a différents types de consciences dans les mondes spirituels. C’est la conscience intérieure, la conscience la plus intérieure, qui touche les sources de l’énergie cosmique. Si nous arrivons à avoir libre accès à notre conscience la plus profonde, nous y trouvons inévitablement l’énergie cosmique. Lorsqu’on va profondément en soi, elle jaillit comme une source, une source intarissable, et elle inonde le corps tout entier.
Nous avons plus de 86 000 nerfs subtils et trois nerfs principaux. Ceux-ci se nomment Ida, Pingala et Sushumna. Ce dernier est très étroitement relié à l’énergie cosmique. Il peut attirer en lui une très grande quantité d’énergie de l’univers en un rien de temps. Celui qui sait se concentrer et bien méditer peut avoir libre accès à cette énergie cosmique qui a une origine parallèle à celle de la Vision Cosmique de Dieu.
La source de l’énergie physique
Sachons que l’énergie physique n’a qu’une seule source, et cette source est l’énergie spirituelle. Tant que l’on reste dans la conscience physique, on n’en est pas conscient. Mais lorsqu’on va profondément en soi, on voit que l’énergie spirituelle est la source de l’énergie physique, vitale et mentale.
Vous recevez toute votre force, votre énergie et votre détermination d’un endroit particulier. Cet endroit est votre cœur et votre âme. Essayez de ressentir que toute votre force, votre détermination et votre force de volonté se trouvent dans cet endroit particulier, là, dans votre cœur.
Votre détermination doit être reliée à une source plus profonde. Les disciplines extérieures, mentale, physique ou vitale, ne peuvent réussir tant qu’elles ne sont pas soutenues par la force de volonté indomptable de l’âme.
Rafraîchissez votre entraînement
Une manière de maintenir la fraîcheur et l’enthousiasme dans votre entraînement est d’avoir le sentiment d’avoir un but clair, significatif et productif. En gardant à l’esprit ce but significatif et productif, l’enthousiasme et la fraîcheur apparaîtront automatiquement. En effet, si l’on donne sa valeur au but, le but lui-même nous procure enthousiasme et fraîcheur. Pour surmonter ses réticences, il faut avoir un but et il faut essayer d’atteindre ce but.
Si vous ne trouvez pas assez de joie dans la course, apportez de la variété dans votre course. Ne courez pas à la même vitesse ou la même distance chaque jour. Changez de distance ou de vitesse chaque jour.
Chaque jour doit venir à vous comme un nouvel espoir, une nouvelle promesse, une nouvelle aspiration, une nouvelle énergie, un nouveau frisson et un nouveau bonheur. Lorsque le jour poindra à nouveau demain, vous aurez déjà vu des milliers de jours, alors si vous accueillez ce jour comme un jour identique à tous ceux que vous avez déjà vus, vous ne ferez aucun progrès. Vous devez avoir le sentiment que demain sera quelque chose d’absolument nouveau que vous allez créer dans votre vie.
Faut-il courir même lorsqu’on est extrêmement fatigué ?
En règle générale, il n’est pas recommandé de courir lorsqu’on est extrêmement fatigué, parce que cela ne nous apporte aucune aide. Au contraire, la course nous fatiguera et nous détruira davantage et elle nous laissera un goût amer dans le mental. Mais parfois, il arrive que nous nous sentions extrêmement fatigués alors que nous ne sommes pas vraiment fatigués physiquement. Nous ne sommes fatigués que mentalement ou émotionnellement, mais le mental nous convainc que nous le sommes physiquement. Notre léthargie humaine est tellement maligne ! Elle agit comme un filou, un parfait filou, et nous sommes ravis de traiter notre corps avec compassion. Nous inventons toutes sortes de justifications à la léthargie de notre corps et nous nous persuadons que notre corps mérite de se reposer. Là, il faut être sincères avec nous-mêmes. Si nous sommes vraiment très fatigués, il vaut mieux ne pas courir. Mais nous devons être sûrs que ce n’est pas la conscience de notre mental léthargique, notre vital léthargique ou notre physique léthargique qui nous fait ressentir cette énorme fatigue. Nous devons conquérir ce genre d’habileté de notre intelligence.
Nous pouvons défier le mental rusé avec notre pouvoir d’imagination et gagner sur lui. Nous nous affaiblissons en imaginant que nous sommes faibles. Mais inversement, nous pouvons nous renforcer en imaginant que nous sommes forts. Notre imagination nous oblige souvent à nous dire que nous ne pouvons pas faire quelque chose ou que nous ne pouvons pas dire quelque chose. Nous utilisons souvent l’imagination à tort, alors, au lieu de la laisser nous faire reculer, utilisons la pour avancer vers notre but.
Votre patron, c’est le cœur
Ne permettez pas au mental d’être votre patron. Soyez le patron de votre mental. Supposons qu’un jour vous vous reposiez. Le mental vous dira que vous n’avez pas fait d’entraînement pendant plusieurs jours. Toutes sortes de soucis et d’anxiétés viendront à vous et vous donneront l’impression d’avoir pris trop de jours de repos. Le mental pourra vous dire que vous avez perdu un peu de vos capacités ou que vous n’êtes plus aussi ardent, aussi sincère, aussi sérieux. Ce mental rusé vous dira le jour suivant que si vous aviez été sincère et sérieux, vous vous seriez aussi entraîné la veille. En vous disant que vous n’êtes pas sérieux et que vous n’êtes pas sincère, le mental vous affaiblit.
À ce moment, il faut devenir le patron de votre mental. Le juge final doit être le cœur. Quoi que vous fassiez, le cœur vous dira que vous avez fait ce qu’il fallait. Si vous vous arrêtez après quinze lancers, le cœur vous dira que vous avez fait absolument ce qu’il fallait. Le mental, lui, dira : « Non, j’aurais du en faire deux ou trois de plus. J’aurais probablement fait mieux. » Mais si vous aviez fait plus, vous vous seriez peut-être blessé au lieu de vous améliorer. N’écoutez pas du tout le mental. Quoi que vous fassiez, faites le joyeusement et avec enthousiasme. Le jour où vous vous reposez, ressentez que c’est pour vous la meilleure chose à faire. Le jour où vous vous entraînez, ressentez que c’est ce qu’il vous faut. Quoi que vous fassiez, dites vous que vous faites absolument ce qu’il faut. Si, lorsque vous faites quelque chose, vous pensez que çà n’est pas bien, le mental vous enlèvera toute joie, tout enthousiasme, toute ardeur et toute bonne volonté.
Votre joie est votre force.
Votre joie vous donnera confiance ; la confiance vous donnera de la joie. Si vous faites du saut en hauteur ou tout autre chose, ressentez que vous le faites pour vous rendre heureux. Tout ce que vous faites, faites le joyeusement. N’ayez aucun regret, en vous disant : « Oh, j’aurais du faire ceci, j’aurais du faire cela. » Non, tout ce que vous avez fait, dites vous que c’est absolument ce qu’il fallait faire. Cela vous donnera de la joie. Une fois que vous avez terminé, ressentez que vous avez fait de votre mieux. Si vous vous dites : « J’aurais dû faire autre chose », cela vous affaiblira. Alors vous ne pourrez pas effectuer vos autres disciplines correctement. Faites toujours tout aussi bien que possible, et puis dites vous ensuite : « J’ai fait ce qu’il fallait. Si je me suis reposé, c’est que c’était absolument nécessaire. Si je ne me suis pas reposé, c’est que cela n’était pas nécessaire. » Convainquez toujours votre mental avec joie, beaucoup de joie.
Repos et sommeil
Un océan de paix
Il y a une méthode yoguique pour se reposer. En une seconde, vous pouvez gagner le repos de quinze minutes, une demi-heure et voire plus. Comment trouver ce genre de repos ? Lorsque vous allez vous coucher le soir, ressentez que votre corps entier, de la tête aux pieds, est devenu un océan de paix. Vous êtes devenu la paix même. Essayez de ressentir consciemment que vous n’êtes plus le corps, mais que vous êtes une expansion infinie de la paix. Lorsque vous pourrez ressentir consciemment cette paix, vous verrez que votre corps physique a fusionné avec elle et a complètement disparu dans l’océan de paix. Si vous arrivez à faire cet exercice convenablement, vous aurez besoin de très peu de sommeil.
Tôt le matin, lorsque vous avez du mal à vous lever, essayez de ressentir que votre corps tout entier, de la tête aux pieds, représente un océan de paix. Ressentez que vous êtes devenu la paix même. Vous pensez que vous avez de la force lorsque votre corps est actif et en mouvement ; mais la véritable force se trouve dans la paix intérieure et non pas dans l’action extérieure. Lorsque vous possédez de la paix en abondance, vous possédez la source de l’énergie dynamique ordinaire. Si vous faites appel à l’énergie dynamique qui se trouve en vous sous forme de paix, vous pourrez facilement vous lever.
La méditation fait descendre la paix en soi
Cette paix donne de l’énergie au corps tout entier. Lorsque votre corps tout entier est surchargé de paix, vous avez besoin de moins d’heures de repos. Parfois deux heures de repos vous donneront une grande énergie. Inversement, vous pourrez passer des heures et des heures au lit sans trouver de véritable repos. Ce qui compte, ce n’est pas tant le nombre d’heures de sommeil que la manière dont vous dormez. Si vous trouvez difficile de vous lever le matin, sachez que pendant vos huit heures de sommeil, vous n’avez peut-être pas eu une seule heure de bon sommeil.
Maintenir son enthousiasme
Dans les courses de courtes distances —de cent mètres à un mile—, il est facile de maintenir son enthousiasme. Vous avez une explosion d’énergie ou d’inspiration, et vous partez. Mais pour les longues distances, il est très difficile de maintenir son enthousiasme. Il y a de nombreuses manières de le faire lorsque vous fatiguez dans les courses de longues distances, mais en voici deux qui sont particulièrement efficaces.
L’enthousiasme d’un enfant de six ans
Pendant que vous courez, ne pensez pas que vous avez vingt-cinq ou trente ans. Pensez que vous avez six ou sept ans. À l’âge de six ou sept ans, un enfant ne s’assied pas, il ne fait que courir à droite et à gauche. Alors imaginez l’enthousiasme d’un jeune enfant et identifiez vous, non pas à l’enfant, mais à la source de son enthousiasme. C’est là l’une des manières.
Identification avec les coureurs les plus rapides
L’autre manière secrète, si vous courez une course de longue distance, est de s’identifier avec dix ou vingt coureurs qui sont devant vous. Imaginez simplement comme ils inspirent et expirent. Et puis, pendant que vous inspirez, ressentez que vous inspirez leur propre souffle et que l’énergie des vingt coureurs entre en vous. Et puis, lorsque vous expirez, ressentez que tous les vingt coureurs expirent votre fatigue et votre manque d’enthousiasme. Ainsi, occultement ou secrètement, vous inspirerez le souffle de vingt coureurs à la fois.
Cette énergie que vous recevez n’est autre que de l’enthousiasme. Elle vous fera avancer de dix pas. Mais souvenez vous que vous inspirez leur souffle, leur inspiration et leur détermination, et non pas leur fatigue. Vous devez ressentir que leur souffle est comme de l’eau propre distillée. Si vous pensez que quelqu’un est à l’agonie, le souffle de cette personne ne vous aidera pas. Mais si vous pensez à quelqu’un qui court plus vite que vous, son énergie vous aidera. Vous ne la volez pas : vous ne faites que prendre l’énergie spirituelle qui se trouve autour de lui et en lui, comme elle est en vous également. Mais comme il court plus vite, vous en êtes plus conscient que lui.
La Voie naturelle
Je prie Dieu afin que les gens abandonnent le plus vite possible tout ce qui n’est pas naturel, tout ce qui est néfaste pour la santé et qui endommage le corps physique ou subtil. Les drogues qui rendent plus fort que tout sur le plan physique finiront sans aucun doute par avoir des effets secondaires immédiats sur le plan intérieur. Sur le plan physique également, ils verront ces effets secondaires s’installer lentement, mais sûrement. Alors je prie de toutes mes forces l’homme et Dieu afin que les gens ne prennent rien qui ne soit pas naturel, parce que ces substances qui ne sont pas du tout divines finiront un jour ou l’autre par les détruire. Dans l’immédiat, ces produits peuvent apporter un certain succès, mais ils peuvent détruire le potentiel et les capacités infinies que chacun possède pour faire quelque chose non seulement pour lui-même, mais également pour l’humanité. Lorsque vous faites bien quelque chose, vous aidez l’humanité. Si vous faites quelque chose de mal, ne pensez pas que vous serez le seul affecté. Non, tout le monde sera affecté. En faisant quelque chose de mal, on fait descendre le progrès de l’humanité.
Ecarter les stéroïdes
Il est tout à fait possible de se placer parmi les meilleurs du monde sans utiliser de stéroïdes. Un jour, dans un futur proche, des athlètes seront capables de battre tous les records du monde et d’améliorer les niveaux mondiaux sans utiliser aucune drogue.
La nature incarne l’énergie cosmique. Cette énergie cosmique est infiniment plus forte que tous les produits chimiques fabriqués par l’homme. Cette énergie provient de la Source ultime et nous conduit vers la Source ultime tout en nous comblant et en nous satisfaisant. Les produits chimiques et autres produits artificiels finiront par échouer parce qu’ils ne sont pas naturels.
Autres sujets de ce chapitre :
Améliorer sa vitesse
Renforcer les jambes
Les hauts et les bas
Rester en bonne santé
Pourquoi est-ce que je me blesse lorsque je fais plus de sport ?
Pourquoi se blesse-t-on sans raison apparente ?
Faut-il souffrir pour réussir ?