Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy, aux Editions la Flûte d’Or
La course et le voyage intérieur
La course nous rappelle le voyage intérieur qui est devant nous. Le but est devant nous et nous courons vers ce but. C’est un merveilleux sentiment, qui aboutit ensuite à un grand accomplissement.
La course a sa propre valeur intérieure. Lorsque vous courez, chaque respiration est reliée à une réalité supérieure. Lorsque vous courez et si vous êtes dans une bonne conscience, votre respiration est bénie par une respiration intérieure plus élevée. Bien sûr, cela ne vaut pas si, en faisant votre jogging, vous bavardez avec votre ami au sujet de choses mondaines. Mais si vous courez dans une bonne conscience, chaque respiration vous connectera avec une réalité intérieure plus profonde et plus élevée.
Si vous voulez renforcer votre corps physique avec une force plus élevée ou une réalité plus élevée, la course est absolument nécessaire. Je ne dis pas que vous devez courir à toute vitesse. Mais même en faisant votre jogging habituel, vous pouvez ressentir que vous avez deux respirations, dont l’une est plus élevée que l’autre : quelque chose vous tire vers le haut ou bien vous vous portez vers le haut. L’autre respiration est celle de votre corps ; les deux sont combinées.
La course nous montre un but
La course est un mouvement continu. Le fait de courir nous fait ressentir qu’il y a un but —non seulement un but extérieur, mais également un but intérieur. La course nous aide en nous montrant qu’il y a un but. Par ailleurs, la course en soi est un but pour ceux qui veulent maintenir leur corps en parfaite condition.
Course et transcendance
La course nous offre le message de la transcendance. Dans notre course, nous poursuivons chaque jour un nouveau but. C’est comme un enfant qui étudie à l’école. Il va d’abord au jardin d’enfant, puis au primaire, au secondaire, et enfin à l’université. Une fois qu’il a obtenu ses diplômes, s’il n’est toujours pas satisfait, il voudra acquérir toujours plus de sagesse et de connaissance. De même courons-nous chaque jour vers un but, mais que nous voulons dépasser dès que nous l’avons atteint. Nous voulons soit améliorer notre temps, soit augmenter notre distance. Il n’y a pas de fin à notre désir de progrès. La course représente une transcendance continue et tel est aussi le message de notre vie intérieure.
Course et méditation
À travers la prière et la méditation, nous pouvons développer une grande force de volonté, et cette force de volonté peut nous aider à gagner de très bons résultats dans notre course extérieure.
La méditation est tranquillité, calme et silence, tandis que la conscience de la course est dynamisme. Cependant, la vitesse extérieure du coureur possède en son cœur même une forme de calme et d’équilibre. Un avion vole très vite et pourtant on ne ressent aucun mouvement à l’intérieur. Tout est tranquille, paisible ; et nous pouvons apporter ce calme intérieur dans notre vie extérieure. En fait, la vie extérieure, le mouvement extérieur ne peuvent réussir que lorsqu’ils proviennent de l’équilibre intérieur. Sans équilibre, il ne peut y avoir de mouvement extérieur réussi. L’équilibre est une puissance invisible et cette puissance invisible est toujours prête à venir en aide au coureur extérieur.
Courir pour le Bonheur intérieur
Votre sourire intérieur peut considérablement vous aider dans votre course.
Tout le monde veut être heureux et beaucoup ont découvert que la course était une manière très efficace d’apporter le bonheur. La raison est que la course exige non seulement une bonne condition physique, mais également une bonne condition du vital, du mental et du cœur.
Nous sommes composés d’un corps, d’un vital, d’un mental, d’un cœur et d’une âme. Ce sont les membres d’une seule et même famille qui doivent en principe aller ensemble. L’âme est la sœur aînée. Puis viennent le cœur, puis le mental, le vital, et enfin le corps.
Parfois, le corps est en assez bonne condition pour courir mais le mental n’est pas prêt. Et puis il arrive que le mental veuille courir, mais que le corps ne soit pas coopérant. Il faudrait donc que tous les membres de la famille —le corps, le vital, le mental et le cœur—travaillent ensemble. C’est comme pour une réunion de famille, un repas de famille. Le chef de famille a invité tous les membres à un repas. Si l’un des fils vient et pas l’autre, le parent ne peut pas être heureux. L’âme est le chef de famille. Elle veut offrir un festin à tous ses enfants avec la course. Sa joie ne sera pas complète tant que tous les membres de la famille ne seront pas présents. Tous les enfants doivent participer au repas de famille.
Une bonne forme physique
La course maintient le corps, le vital, le mental et le cœur en bonne condition afin que l’âme soit entièrement heureuse. Aujourd’hui, les gens réalisent que la course peut amener tous les membres de la famille de la vie à se réunir. Ils voient également que la course peut les aider à combattre les maux et les maladies physiques. Une maladie peut entrer dans votre corps comme un visiteur non sollicité et avant même que vous ne l’ayez réalisé, elle devient votre véritable ennemie. Mais la course, en vous maintenant en bonne santé, vous aide à reconnaître la maladie plus tôt et à l’empêcher de vous attaquer.
Un remède contre la colère
La course est également un excellent remède contre la frustration et la colère. Si vous êtes vraiment fâché contre quelqu’un, allez courir. Au bout d’un kilomètre ou deux, vous verrez que votre colère est partie, soit parce que vous êtes complètement épuisé, soit parce que la satisfaction que vous avez gagnée par votre exercice physique a remplacé votre colère.
Chaque fois que vous faites preuve d’agressivité ou de colère, votre force intérieure vous abandonne immédiatement. Ne pensez jamais que la colère soit une force. La colère est absolument une faiblesse. Dès que vous êtes en colère, vous perdez la force psychique de votre cœur. Alors dès que vous êtes attaqué par la colère, dites-vous : « Je n’ai rien à faire avec toi. » Essayez de garder votre équilibre intérieur.
Un mantra pour la course
En courant, si vous pouvez répéter le nom du Suprême avec le plus de ferveur et de dévotion possible, cela vous aidera naturellement à améliorer votre vitesse et votre endurance. Si vous souhaitez dire un mantra, « Suprême » est le meilleur des mantras. Si vous recherchez un type particulier de méditation, « Suprême » est la meilleure forme de méditation. Essayez simplement de répéter le nom du Suprême avec la plus grande ferveur. Cela vous aidera à accroître votre vitesse et votre force d’endurance.
Lorsque vous commencez à courir, écrivez intérieurement sur le sommet de votre tête : « Pas de mental, pas de mental ! ». Il y a certes de la détermination dans le mental, mais dans le cœur, on trouve la force de volonté, la force de volonté psychique. Si vous pouvez utiliser la force de volonté que le mental possède sous forme de détermination, c’est bien. Mais cela n’est rien en comparaison de la force de volonté psychique du cœur.
Les enfants peuvent-ils courir des longues distances ?
Mon sentiment intérieur, mon sentiment spirituel et yoguique me dit qu’il n’est pas bon du tout pour les enfants de courir de longues distances ; ce n’est pas bon pour leur croissance. Un enfant indien en dessous de treize ans ne devrait pas courir plus de 1 mile. Pour les américains, je placerais la barre à dix ans. Les enfants en dessous de dix ans ne devraient pas courir plus de 1 mile ( 1,6 km ). S’ils veulent courir 3 miles (environ 5 km), ils devraient avoir au moins treize ans. Ces enfants ont beaucoup d’années à vivre sur terre. Qu’ils courent des 50, 60 ou 200 mètres ; au maximum 400 ou 800 m. Mais la capacité des poumons et la condition du cœur ne sont pas assez développées pour la course de longue distance, surtout pour les enfants en pleine formation. Les médecins diront peut-être que la course de longue distance est bonne pour les enfants, mais je pense qu’elle peut conduire à de sérieux problèmes et qu’elle est très dangereuse. J’ai beaucoup de peine de voir que des parents ne sont pas raisonnables dans ce domaine. Ils font vraiment quelque chose d’injuste à leurs enfants. Une graine germe, puis devient une plante. Si vous accélérez sa croissance de façon non naturelle, elle pourra grandir un peu plus. Mais si vous la développez trop, elle n’aura pas suffisamment de racines. Elle ne sera pas capable de grandir en un arbre normal, naturel.
Le vélo améliore-t-il la course à pied ?
J’ai fait beaucoup de vélo pendant ma jeunesse en Inde. Je faisais du vélo au moins deux heures et demie chaque jour pour faire des courses. Cela n’améliore pas du tout la vitesse de la course à pied, mais c’est mieux que rien. En fait, le vélo peut même être un handicap pour la vitesse de la course à pied parce qu’il développe certains muscles qui n’ajoutent rien aux muscles de vitesse. Le vélo apporte une aide en matière d’endurance, mais je ne le recommande pas pour augmenter sa vitesse en course à pied. Vous pouvez faire du vélo pour l’endurance ou comme alternative si vous êtes blessé et que vous ne pouvez pas courir. C’est bon pour gagner un peu en résistance. Mais cela dit, la résistance en vélo et la résistance en course à pied sont des forces complètement différentes. Pour celui qui veut devenir un bon coureur avec un rythme soutenu de 5 mn par mile, le vélo n’est pas la solution. La bonne solution consiste en un bon entraînement de route.
Courir un Marathon
Le marathon est un long voyage. Bien sûr, il y a aussi l’ultra marathon, mais le marathon est unique et restera toujours sans égal dans les courses de longues distances. De même que le marathon est un long voyage sur le plan extérieur, de même la spiritualité est-elle un long voyage, plus long, plus long que tout sur le plan intérieur. Votre propre course spirituelle est sans commencement et sans fin ; elle est infinie.
Lorsque vous courez un marathon, vous essayez d’accomplir quelque chose de très difficile et d’ardu sur le plan physique, mais cela vous donne de la joie parce que cela vous rappelle ce que vous essayez d’accomplir sur le plan intérieur. De même que vous êtes déterminé à finir un marathon, le voyage le plus long sur le plan extérieur, de même êtes-vous déterminé à atteindre le But de votre voyage intérieur. L’un des voyages vous rappellera toujours l’autre.
Concentration et méditation pour courir un marathon
Avant de faire du sport, vous pouvez méditer avec beaucoup de force pour rendre votre mental calme et silencieux afin qu’aucune pensée négative n’entre en vous. Dès que les pensées négatives occupent votre esprit, elles créent des tensions et cela vous fait perdre toute votre force de concentration.
Il est toujours recommandé de se concentrer pendant que l’on court un marathon. Si vous méditez, vous ressentirez que vous vous trouvez, soit sur le sommet d’une montagne enneigée, soit au fond de l’océan. Ce type de méditation est du plus haut niveau, mais cela ne vous aidera pas à courir. Mais si vous vous concentrez sur la course, à chaque instant, vous pourrez réguler vos pas et votre mouvement en avant. De plus, les pensées décourageantes, destructrices et désagréables ne pourront pas faire baisser votre conscience. Et si votre conscience n’est pas affaiblie, vous courrez naturellement plus vite.
Cependant, la méditation est bonne avant de courir pour apaiser et taire le mental afin qu’aucune mauvaise force ne puisse y pénétrer. Lorsque vous méditez, votre esprit trouve un équilibre. Plus tard, lorsque vous courrez, si vous pouvez faire venir en avant cet équilibre, cela vous aidera à surmonter la frustration mentale qui survient souvent pendant les courses de longues distances. Lorsqu’on court de longues distances, toutes sortes de pensées frustrantes viennent à l’esprit et font penser que ce que l’on fait est inutile. Ou bien votre mental vous dira « Oh, je m’ennuie », et vous n’aurez plus envie de faire un pas de plus. Mais si vous avez eu la possibilité de méditer plus tôt, vous aurez acquis une force intérieure solide qui vous soutiendra kilomètre après kilomètre. La méditation vous enseigne également comment vider votre esprit de toutes les pensées. Et si vous pouvez maintenir votre esprit vide de pensées pendant votre course, cela vous aidera considérablement —bien au-delà de votre imagination. À ce moment-là, une nouvelle création pourra poindre en vous et cela vous donnera davantage d’inspiration et de réceptivité.
Conseils donnés aux coureurs du Sri Chinmoy Marathon Team avant le marathon de New York en 1986
Avant le départ de la course, méditez dix minutes. La course commence à 10h45. Vous n’avez pas besoin de méditer exactement dix minutes avant le départ, mais ne méditez pas avant 10h. Ensuite, à chaque mile, —que vous couriez bien ou mal—, offrez votre gratitude à votre Suprême Bien-Aimé pendant deux minutes le long du prochain mile. Enfin, après avoir terminé le marathon, même si vous êtes épuisés, morts, méditez à nouveau cinq minutes et offrez votre gratitude à votre Suprême Bien-Aimé. Même si vous tentiez de courir le marathon en-dessous de 2h30 et que vous avez mis trois heures et demie, offrez votre gratitude pour avoir participé et couru la course avec enthousiasme. Même si vous avez misérablement échoué dans votre tentative d’atteindre un temps donné, votre gratitude joyeuse sera aussi bonne, selon moi, que de courir en-dessous de 2h30 ou d’atteindre tout autre but extérieur.
Si vous êtes fatigués, épuisés, morts, que vous êtes blessés ou que vous avez des crampes, arrêtez-vous. Mais si vous devez vous arrêter, ne vous sentez pas misérables. Offrez simplement votre gratitude. Si vous abandonnez au bout de 11 miles, méditez quand même cinq minutes.
Comment courir un marathon plus vite
Vous pourrez assurément améliorer votre temps au marathon si vous courez des 10 000 mètres en stade. La course à pied est une discipline physique, une discipline mentale, une discipline philosophique et une discipline de l’Au-delà. Par rapport au mental, si vous avez l’habitude de courir des distances plus courtes, cela vous aidera vraiment.
Lorsque vous courez un marathon, essayez de ressentir mentalement que vous ne courez que 21 km au lieu de 42 km. Si vous pouvez convaincre ainsi votre mental et si à son tour le mental peut convaincre le corps qu’il ne court que 21 km au lieu de 42, vous en tirerez un grand avantage. Cela n’est pas une hallucination mentale. Une nouvelle découverte est apparue dans le mental et le mental la transmet au corps. Le mental comme le corps devront agir ensemble afin d’atteindre le but ultime.
Enfin, si vous pouvez vous dire que votre course à pied vous fait faire quelque chose qui est directement relié à l’Au-delà en transcendance permanente, et qui va bien au-delà du domaine du mental physique relié à la terre, cela vous inspirera énormément. Cette inspiration incarne davantage de force, davantage de joie et un plus grand sentiment de satisfaction. Si vous pouvez penser consciemment à un autre monde —que nous appelons « l’Au-delà »—, si vous pouvez ajouter une nouvelle vue, une nouvelle dimension à votre course, vous réussirez sûrement mieux.
Courir un marathon en moins de deux heures
Comme j’aimerais que le vingt-et-unième siècle puisse confirmer ma prophétie que quelqu’un courra le marathon en moins de deux heures ! Je trouve très difficile de croire que notre capacité humaine soit limitée. Pour l’instant ( 1999 ), le record du marathon est de 2 : 06’. Il n’y a que six minutes à gagner sur 42 km ! Malheureusement, les hommes pensent toujours en termes de « Ma capacité, ma capacité. » Si seulement ces mêmes coureurs de classe mondiale pouvaient se dire : « Ma capacité vient de Dieu. Dieu court en moi et à travers moi, » et vraiment le croire, vous verriez des résultats surprenants. Il y a au moins vingt coureurs de marathon de classe internationale. S’ils pouvaient avoir ce genre de foi, vous entendriez en moins d’un mois que le record du monde a été pulvérisé.
Malheureusement, les athlètes ne sont pas tous des chercheurs de la hauteur la plus élevée. Sinon, pas un seul record dans le monde de l’athlétisme ne résisterait, pas même le 100 mètres. Pour moi, le record actuel du 100 mètres n’est pas un record. Ils peuvent facilement le descendre à 7 secondes de moins. Mais qui va me croire ? Aujourd’hui, je bavarde, mais un jour, depuis le Ciel, je verrai que mes prophéties se seront réalisées.
Tout repose sur la réceptivité.
Dans le monde de l’haltérophilie, si je devais utiliser ma capacité physique sans dépendre de la Compassion et de la Grâce inconditionnelles de Dieu, pensez-vous que je pourrais soulever plus de cinquante livres d’une seule main ? J’en doute fort. Que vous me croyiez ou que vous pensiez que j’exagère ma suffisance, je vous assure que je pourrais soulever un maximum de soixante livres de chaque bras, alternativement. Je ne suis capable de soulever plus de poids que parce que je dépends entièrement de la Grâce de Dieu.
Bien sûr, les champions du monde ne sont pas tous des chercheurs de la réalité la plus élevée. Mais s’ils pouvaient élever leur niveau un tant soit peu, ils pourraient accomplir beaucoup plus. Malheureusement, lorsque certains champions du monde accomplissent quelque chose d’extraordinaire, sur le plan extérieur, ils joignent les mains ou se prosternent à terre en levant les yeux au ciel, mais le font-ils sincèrement ?
Lorsque notre réceptivité augmente, Dieu augmente notre capacité. Avant cela, toutes les limites du corps viennent en avant et persistent indéfiniment à cause de notre mental d’ingratitude, notre cœur d’ingratitude et notre vie d’ingratitude. Nous devons ressentir que notre capacité provient de Dieu. Dieu a donné certaines capacités à chacun d’entre nous. Je peux ne pas être un coureur, mais quelqu’un d’autre peut l’être. Je peux être un chanteur et un autre ne pas l’être. Une personne qui veut augmenter sa capacité dans son domaine doit s’en remettre à Dieu et non pas à elle-même. Alors seulement verra-t-elle sa capacité devenir illimitée. Pour l’instant, notre capacité est limitée parce que nous pensons que nous faisons tout tout seul—nous faisons tel exercice et tel autre. Nous donnons quatre-vingt-dix-neuf pour cent de crédit à ce que notre mental nous dit et à ce que notre vie nous pousse à faire. Mais si nous pouvons donner cent pour cent de crédit à Dieu pour tout ce que nous faisons de bon et de positif dans notre vie, nos capacités deviendront illimitées.
Conseils donnés au champion marathonien Paul Tergat
Sri Chinmoy rencontra le champion de marathon Paul Tergat quatre jours avant qu’il ne gagne le Marathon de New York en 2005. Sri Chinmoy partagea avec Paul Tergat sa prédiction que quelqu’un courrait bientôt le marathon en moins de deux heures, et son espoir que Tergat serait le premier. Il lui donna ensuite le conseil suivant :
Vous devez oublier que vous courez. Ce n’est pas Paul Tergat qui court. Quelqu’un d’autre, au nom de Dieu, court en vous et à travers vous. De cette manière, vos quatre minutes (au-dessus des deux heures) disparaîtront et vous serez capable de courir en-dessous de deux heures. Rien n’est impossible si vous essayez. Le mot impossibilité ne se trouve que dans le dictionnaire, mais pas dans le cœur, pas dans la réalisation de nos rêves. Le dictionnaire dit impossible. C’est le mental. Le mot est né de notre cerveau. Lorsqu’on entre dans le cœur, c’est une tout autre histoire. L’impossibilité n’existe pas. Si une volonté indomptable provenant du fond de nous-même nous dit de faire quelque chose, personne ne peut nous en empêcher. N’utilisez pas le mental. Un enfant n’utilise pas le mental. Il ne fait que courir, courir et courir, il n’est jamais fatigué. Si vous pouvez vous dire que vous êtes ce petit enfant de cinq, six ou sept ans, surtout pendant le dernier mile, cette énergie illimitée vous inondera. À ce moment-là, je vous en prie, soumettez-vous à la Volonté de Dieu, et soyez l’observateur. Observez celui qui court aussi vite et admirez cette personne. Le rêve d’aujourd’hui est la réalité de demain. Aujourd’hui, vous rêvez de quelque chose et demain, ce rêve deviendra réalité.
« Le conseil que Sri Chinmoy m’a donné avant le marathon de New York, de rester très concentré pendant le dernier mile, était tellement juste. Cette course a été absolument la plus dure de ma vie. Jusqu’au bout, on ne savait pas qui gagnerait le marathon.
Je crois qu’il y a une raison derrière la force que j’ai reçue dans ma vie d’athlète : c’est que j’utilise le sport dans une attitude juste et pour le bénéfice de ma vie intérieure. C’est grâce à cette force que j’ai pu continuer jusqu’à aujourd’hui. Sans cette force supérieure, j’aurais facilement pu dire : oui, j’ai battu des records du monde, j’ai bien couru, et j’aurais abandonné la course il y a cinq ans.
Les records existent pour être battus. J’ai, moi aussi, pris le record d’un autre. Cela veut dire que mon record ne durera pas éternellement. Il doit, lui aussi, être battu. Le sport devient vraiment un moyen de développement du monde. » Paul Tergat
L’ultra-running
Il n’y pas de limite à la distance parce qu’il n’y a pas de limite à la capacité humaine. La capacité humaine dépend de notre faim intérieure, de combien nous avons besoin sincèrement de quelque chose ou bien nous implorons quelque chose.
En osant simplement essayer et en ayant la foi, nous sommes tous vraiment sans limites.
Les courses de longues distances me rappellent notre course pour l’éternité
Les athlètes tirent un immense profit de ces courses de plusieurs jours. Ils vont au-delà de leurs capacités. Pour être heureux, nous devons toujours aller au-delà, encore au-delà, et toujours au-delà de nos capacités. Là, en courant, chaque coureur a une opportunité très particulière de dépasser ses capacités. La transcendance de soi est la seule chose dont un être humain a besoin pour être véritablement heureux. Ces courses aident donc énormément les coureurs même si extérieurement ils passent par de grosses difficultés. Au bout du compte, lorsque la course est finie, ils ont le sentiment d’avoir accompli quelque chose de très important.
Dans les mondes extérieurs, qu’il s’agisse d’une course de longue distance ou de courte distance, ou de saut, ou encore de lancer de poids, toutes les activités extraordinaires que nous accomplissons sur terre prouvent que dans les mondes intérieurs, cette capacité existe. Il suffit de l’utiliser. La capacité que nous apprécions, admirons et adorons peut se voir, se sentir et se trouver infiniment plus dans les mondes intérieurs.
L’inspiration que nous nous donnons ou que nous donnons au monde en exerçant notre extraordinaire capacité provient de l’aspiration du monde intérieur qui ne cesse de s’élever. Nos accomplissements sont destinés à manifester la divinité, pour s’ajouter à la réceptivité du monde extérieur, pour rendre un jour le monde extérieur prêt à accepter les capacités intérieures de l’amour, de la paix et de la béatitude en quantités infinies.
Comment persévérer dans une course de sept jours ?
Ne pensez pas du tout aux sept jours pendant que vous courez. Ne pensez qu’à un seul jour à la fois. Et puis, ne pensez même pas à un jour ; ne pensez qu’à sept heures. Puis, pendant quelques minutes, ne pensez qu’à une seule heure. Si vous pouvez mentalement diviser la course et la fractionner en parties distinctes, vous trouverez beaucoup plus d’énergie et beaucoup plus de joie en courant. Chaque fois que votre mental réduit la quantité de temps que vous avez à courir, vous gagnez une force et une vigueur intérieures immenses. Alors ne pensez pas à sept jours. Courez à votre propre rythme, mais divisez mentalement la course pour réduire les distances autant que possible. De cette manière, vous aurez toujours la force intérieure et vous serez capable de courir jusqu’au bout de la course.
Sans courage, la vie est un chemin sans progrès.
La Course « Transcendance de soi » de 3100 miles
Chaque été, une poignée d’athlètes d’élite courent la Course Sri Chinmoy de 3 100 miles qui se tient sur un parcours d’un demi mile autour d’un pâté de maisons dans le Queens, à New York. Il s’agit de la plus longue course à pied certifiée du monde ; les coureurs doivent courir une moyenne de près de 100 km par jour pour finir dans le temps limite de 52 jours, un incroyable défi. Les participants, parmi lesquels se trouvent des membres du Sri Chinmoy Marathon Team ainsi que d’autres ultra coureurs du monde entier, ont besoin d’un courage immense, d’endurance physique, de concentration et de capacité pour supporter la fatigue et les blessures mineures.
Suprabha Beckjord, l’une des coureuses d’ultra marathons les plus endurantes du monde, a terminé la Course de 3 100 miles 13 fois, 13 années de suite. Au début de sa carrière, elle a gagné la Course Sri Chinmoy de sept jours cinq fois et a battu le record du monde pour les 1000 miles. Pendant la Course de 3 100 miles en 2000, Sri Chinmoy donna à Suprabha des conseils sur les qualités à invoquer pour l’aider à maintenir l’intensité de sa concentration intérieure :
Il n’y a pas d’ « intérieurement » et d’« extérieurement ». Si nous avons le sentiment qu’il y a une différence, quelle qu’elle soit, entre la vie intérieure et la vie extérieure, nous échouerons sans cesse. Il ne devrait y avoir aucune différence entre la vie intérieure et la vie extérieure, pas même une goutte de différence.
La question est de savoir quelles sont les qualités de votre vie intérieure à faire venir en avant lorsque vous courez ? La première est l’enthousiasme. Qui incarne l’enthousiasme ? Un petit enfant. Qu’y a-t-il de plus enthousiaste qu’un enfant ? Il entre dans un jardin et court à droite et à gauche, appréciant tout ce qu’il voit. Et puis, en plus de l’enthousiasme, vous avez besoin d’intensité. Là encore, qui a plus d’intensité qu’un enfant ? Lorsqu’il joue avec un jouet, il est tellement intense, le jouet représente le monde entier pour lui.
Pendant la course de 3 100 miles, il faut gérer la fatigue, lorsque vous êtes fatiguée, épuisée, morte. Tant que vous serez dans le mental, vous serez toujours fatiguée, épuisée, lasse. Mais dès que vous entrez dans le cœur, il n’y a pas de fatigue. Ce que vous y trouvez est une énergie constante.
Lorsque vous êtes dans le cœur, vous y trouvez des réserves constantes d’énergie et de douceur. Nous devons tous développer la douceur. La douceur n’est ni masculine ni féminine. On dit que seules les femmes peuvent avoir de la douceur et pas les hommes, mais la douceur n’est pas quelque chose de féminin ou de masculin. La douceur est une réalité qui nous fournit constamment de la nouveauté et de la fraîcheur.
En courant cette longue distance, vous voyez des centaines de voitures passer et tant de gens qui font du bruit. Mais dites-vous que ce n’est pas autour de ce pâté de maisons que vous courez ; vous courez simplement à l’intérieur de votre propre jardin-cœur où se trouvent de jolies fleurs, de jolies plantes et de beaux arbres. Si vous pouvez non seulement voir mais ressentir que chaque fois que vous faites un tour, vous ne faites que courir à l’intérieur de votre joli jardin-cœur, vous pourrez apporter de la douceur dans chacun de vos pas.
La surface sur laquelle vous courez est du béton. Lorsque vous courez en rond, au bout d’une heure ou deux, ou au bout de quelques jours, cette matière solide que vous avez l’impression de frapper à chaque pas commence à frapper votre mental. Vous commencez à vous dire : « C’est tellement dur. Je dois faire soixante miles chaque jour », et puis vous vous dites encore ceci, et puis cela. Mais qui compte les miles ? C’est le mental. Le mental dit : « Ô mon Dieu, aujourd’hui je dois courir soixante miles et je n’en ai même pas fini vingt ! » Là vous êtes achevée. Le mental, votre pire ennemi, vient vous torturer.
Mais le cœur, lui, ne compte pas les miles. Le cœur ne fait que courir, courir, courir. Et puis à la fin d’une session, le cœur dit : « Maintenant, voyons combien de miles j’ai fait ! » À ce moment-là, vous avez peut être fait déjà quarante miles. Le cœur ne calcule pas. Le mental compte d’un à deux, de deux à trois, de trois à quatre et ainsi de suite. Le mental essaie d’aller vers sa destination en découpant, découpant, et découpant encore. Mais le cœur essaie de voir et de sentir le point de départ et le point d’arrivée en même temps. Pour le cœur, la destination n’est pas ailleurs. La destination n’est ailleurs que pour le mental. Dans le cœur, le point de départ et la ligne d’arrivée vont ensemble. Si vous pouvez imaginer que vous êtes un enfant de cinq ou six ans, la fatigue ne vous viendra pas à l’esprit. Un enfant ne sait pas ce qu’est la fatigue. Il ne connaît que l’enthousiasme et l’intensité. Ne pensez jamais à 60 miles ou à 3 100 miles. N’abordez jamais la distance de cette manière, jamais ! Courez simplement pour la joie de courir.
Lorsque vous pensez à la longue distance, essayez d’imaginer que c’est comme un jeu avec lequel vous pouvez jouer. Ne pensez pas à la distance comme quelque chose que vous allez couvrir. Ne pensez pas que vous allez être fatiguée, épuisée, ou que vous allez mourir. Vous devez prendre la course comme un jeu que vous aimez jouer. Imaginez que vous jouez à un jeu que vous aimez. Ne ressentez pas que vous courez une telle distance et que vous êtes fatiguée chaque jour. Non ! La fatigue est suivie par la tristesse, et ensuite vous n’êtes pas bien.
Chaque jour, quand vous sortez pour courir, essayez de voir la nouveauté, la nouveauté, la nouveauté. Pensez tout le temps au jardin-cœur. Lorsque vous marchez ou que vous courez dans un jardin, vous n’êtes pas fatiguée grâce à la beauté et au parfum des fleurs. Tout est charmant, tout est inspirant. Lorsque vous pensez à la rue, il n’y a que des lions qui rugissent de part et d’autre dans un bruit assourdissant. Mais en courant dans votre propre jardin-cœur, vous trouverez un sentiment tellement doux. C’est votre jardin, vous en êtes la patronne.
Lorsque votre mental agit avec force, vous n’êtes pas la patronne. Votre patron est le doute de soi, la critique de soi, la peur, le souci et l’anxiété. Vous ne cessez de vous demander : « Est-ce que je vais réussir à finir cette course ? » Ces mauvaises forces deviennent votre patron. Mais lorsque vous courez dans votre cœur, il n’y a aucun problème. Considérez-le toujours comme un jardin, et non pas comme une rue, comme un grand pâté de maisons.
Ne courez pas avec le mental. Lorsque vous courez, si vous pouvez vous dire que quelqu’Un court dans votre cœur ou que votre cœur court, ou encore que vous courez avec votre cœur, toute fatigue disparaîtra, la force de la distance disparaîtra. Seule la force de l’unité, l’unité, l’unité avec la Volonté de Dieu apparaîtra.