Questions sur la méditation – réponses de Sri Chinmoy

Extraits du livre : La Méditation de Sri Chinmoy aux Editions de la Flûte d’Or

Questions

Je suis un débutant et je ne parviens pas à contrôler mes pensées. Comment puis-je arriver à méditer correctement ?

Si vous êtes un débutant, essayez de ne laisser que les pensées divines entrer en vous. Il est préférable de n’avoir aucune pensée pendant la méditation, mais il est à peu près impossible pour un débutant de ne pas penser. Aussi essayez dans un premier temps d’entretenir de bonnes pensées : “Je veux devenir meilleur, je veux être plus spirituel, je veux aimer Dieu davantage, je veux
exister seulement pour Lui.” Laissez ces pensées grandir en vous. Commencez avec une ou deux pensées : “Aujourd’hui, je serai absolument pur. Je ne laisserai que la paix entrer en moi, et aucune mauvaise pensée.” Lorsque vous laisserez une pensée divine grandir en vous, vous verrez qu’immédiatement votre conscience se transformera.

Commencez par des pensées divines : “Aujourd’hui, je vais ressentir que je suis vraiment un enfant de Dieu”, jusqu’à ce que cette pensée ne soit plus un simple sentiment mais devienne une réalité vivante. Imaginez la Vierge Marie tenant dans ses bras le Christ enfant. Pareillement, ressentez que la Mère Divine vous tient dans ses bras comme un enfant. Dites-vous alors : “Je veux réellement obtenir la lumière de la sagesse. Je veux marcher avec mon Père. Là où Il ira, j’irai. Je recevrai Sa lumière.”

Certaines personnes n’ont pas ce genre d’idées ou de pensées créatrices. Il n’y a en elles qu’un grand vide. On peut alors s’interroger sur ce qui est préférable : recevoir les innombrables messages stupides du mental ou bien n’en recevoir aucun. Car cet état de vide peut être une façon inconsciente, négative et inerte de méditer qui ne calmera pas pour autant le mental. Ce ne sera pas épanouissant. Dans la véritable méditation, le mental est calme mais il reste conscient.

Doit-on idéalement rejeter toute pensée durant la méditation ?

Il est préférable de ne permettre à aucune pensée, bonne ou mauvaise, d’entrer dans le mental. Imaginez que vous êtes dans votre chambre et que quelqu’un frappe à la porte ; vous n’avez pas la moindre idée s’il s’agit d’un ami ou d’un ennemi. Les bonnes pensées sont vos amies et les mauvaises pensées vos ennemies. Vous aimeriez laisser entrer vos amies, mais vous ne savez pas qui elles sont. Et quand bien même vous le sauriez, il suffirait que vous ouvriez la porte pour que vos ennemies s’engouffrent chez vous avant même que vos amies aient pu franchir le seuil de votre chambre.

Ainsi, lorsque de bonnes pensées vous viendront à l’esprit, les mauvaises pensées que vous n’aviez pas remarquées jusqu’alors s’infiltreront également, tels des voleurs, et sèmeront la confusion. Or, une fois entrées, il sera très difficile de les expulser. Vous aurez besoin de toute la force de votre discipline spirituelle. L’idéal est donc de ne laisser entrer aucune pensée pendant la méditation. Gardez simplement votre porte close.

Vos vrais amis ne partiront pas. Ils se diront : “Quelque chose ne va pas. Habituellement il est si gentil avec nous. Il doit avoir ses raisons pour ne pas nous ouvrir.” Vos amis éprouvent un tel sentiment d’unité compatissante envers vous qu’ils attendront indéfiniment. Vos ennemis, eux, n’attendront que quelques minutes. Ils perdront patience et se diront : “Il n’est pas digne de nous de perdre ainsi notre temps.” Ces ennemis ont leur fierté : “Qui se soucie de lui‑? Qui a besoin de lui ? Allons attaquer quelqu’un d’autre.” diront-ils. Si vous ne prêtez aucune attention à un singe, il finit par s’en aller mordre quelqu’un d’autre. Vos amis diront : “Non, nous avons besoin de lui et il a besoin de nous. Nous l’attendrons tout le temps qu’il faudra.” Ainsi, vos ennemis partiront au bout de quelques minutes, et en ouvrant la porte, vous trouverez vos chers amis.

Avec le temps, si vous méditez régulièrement et avec dévotion, vous acquerrez une grande force intérieure. Vous serez alors capable d’accueillir les bonnes pensées et de chasser les mauvaises. Si une pensée d’amour, de paix ou de puissance divine se présente à vous, vous la ferez entrer et elle pourra grandir en vous. Vous la laisserez jouer et s’épanouir dans le jardin de votre mental. Tandis que les pensées joueront avec vous, vous vous épanouirez en elles. Chaque bonne pensée que vous laisserez entrer donnera naissance à un monde nouveau et inondera votre être tout entier de divinité.

Après quelques années de méditation, vous aurez acquis suffisamment de force intérieure pour laisser également entrer les forces non-divines. Lorsqu’une mauvaise pensée se présentera à la porte de votre mental, vous ne la rejetterez pas‑; vous la transformerez. Finalement, vous aurez suffisamment de force pour accepter le défi et vaincre ces mauvaises pensées ; sinon elles viendront vous déranger encore et encore.

Vous devez être comme un divin potier. Si le potier craint de toucher l’argile, l’argile restera toujours de l’argile et le potier ne pourra jamais rien offrir au monde. Mais si le potier est sûr de lui, il transformera l’argile en un bel objet utile. Il est de votre devoir de transformer les pensées non-divines, mais seulement lorsque vous aurez acquis la capacité nécessaire pour le faire sans risque.

La méditation est un cadeau divin.
La méditation simplifie notre vie extérieure et dynamise notre vie intérieure.
La méditation rend notre vie naturelle et spontanée, si naturelle et si spontané
que nous ne pouvons plus respirer
sans être pleinement conscients de notre divinité.

Que faire des mauvaises pensées pendant la méditation ?

Au moment où une pensée négative ou dénuée d’aspiration entre dans votre mental, servez-vous de votre aspiration pour la rejeter, car lorsqu’on médite tout devient très intense. Tandis que vous parlez ou que vous vaquez à vos occupations quotidiennes, vous pouvez entretenir toutes sortes de pensées car à ce moment-là il n’y a pas d’intensité. Mais si une mauvaise pensée survient pendant la méditation, la puissance de la méditation l’amplifie et l’intensifie. Votre vie spirituelle s’affaiblit à partir du moment où vous permettez à votre mental d’accueillir de mauvaises pensées pendant la méditation. Si une bonne pensée survient, vous pouvez l’intensifier ou l’amener jusqu’à un plan de conscience supérieur. Mais s’il s’agit d’une mauvaise pensée, essayez de la détruire immédiatement.
Comment ferez-vous ? Si la pensée qui vous attaque vient du monde extérieur, essayez de rassembler toute la force de votre âme qui est en votre cœur et faites-la venir
à l’avant de votre front. Au moment où la pensée essaiera d’entrer en vous, elle verra la force de votre âme et elle partira.
Mais si vous n’avez pas cette capacité, ne vous découragez pas. Parfois, lorsque de mauvaises pensées surgissent pendant la méditation, le chercheur a l’impression qu’elles sont si puissantes que même s’il méditait deux ou trois heures, cela serait en vain. Une pensée ordinaire ou une mauvaise pensée s’infiltre, et il s’imagine qu’il a tout perdu. Cela est absurde. Tant que vous ne permettez pas à votre mental de se complaire dans ces pensées, vous n’avez pas à vous laisser impressionner.
Si des pensées émotionnelles, des pensées du vital inférieur ou des pensées d’ordre sexuel entrent en vous pendant la méditation et que vous ne pouvez vous en défaire, imaginez que ces pensées sont aussi insignifiantes que des fourmis. Ne leur accordez pas d’attention. Si vous pouvez ressentir que la force spirituelle reçue pendant votre méditation est de loin supérieure à la force de ces mauvaises pensées, celles-ci ne pourront utiliser à leur compte la force de votre méditation. Or ce qui arrive très souvent, c’est que vous prenez peur et laissez ces mauvaises pensées s’attacher à vous. C’est en pensant à elles avec frayeur que vous leur donnez de la force.

Il est vrai que les mauvaises pensées peuvent s’intensifier durant la méditation. Mais vous pouvez aisément faire venir à la surface de bonnes pensées qui sont bien plus puissantes. Lorsque de mauvaises pensées surviennent, rappelez-vous l’une de vos expériences spirituelles les plus douces et les plus élevées. Identifiez-vous à cette expérience vécue quelques jours ou quelques années auparavant, et essayez de l’amener dans votre conscience mentale. Vous verrez que tandis que vous serez pleinement immergé dans le souvenir de votre expérience, la pensée du vital inférieur vous abandonnera, parce que votre conscience sera inondée d’une joie très pure, très élevée et très profonde. La joie divine est infiniment plus puissante que le plaisir. La félicité pareille à du nectar que vous éprouvez au cours de vos expériences spirituelles est infiniment plus puissante que les forces du vital inférieur. De cette façon, vous pourrez résoudre ce problème sans interrompre pour autant votre méditation.

Les mauvaises pensées qui vous attaquent cherchent à vous dérober vos bons sentiments, vos bonnes pensées et votre puissance divine. Mais lorsque vous accordez toute votre attention aux bonnes pensées, que vous les encouragez et les chérissez, dans la plupart des cas, les mauvaises pensées vous quittent. “Il ne s’intéresse pas à nous, disent-elles, notre place n’est pas ici.” Les mauvaises pensées ont leur fierté, et elles sont terriblement jalouses des bonnes pensées. Elles ne se soucient pas de vous si vous ne vous souciez pas d’elles.

Jusqu’ici j’ai évoqué les pensées qui viennent de l’extérieur. Or il arrive que les mauvaises pensées viennent de l’intérieur. Au début, il est difficile de faire la distinction entre ces deux sortes de pensées, mais peu à peu vous pourrez établir la différence. On peut plus facilement faire reculer les pensées venant de l’extérieur que celles venant de l’intérieur. Pourtant si des pensées impures, obscures naissent en vous, vous pouvez utiliser deux méthodes. Imaginez que vous avez un trou au sommet de la tête par lequel vous allez faire sortir les pensées, comme si elles étaient emportées par le courant d’une rivière. Elles partiront ainsi et vous en serez libéré. L’autre méthode consiste à sentir que vous êtes l’océan infini, calme et serein, et que ces pensées sont comme des poissons à la surface de l’eau. L’océan n’accorde aucune attention aux ondulations des poissons.

Pourquoi suis-je constamment assailli par des pensées ?

Parce que vous méditez dans votre mental. La nature même du mental est d’accueillir les pensées – bonnes et mauvaises, divines et non-divines. Si vous voulez contrôler le mental au moyen de votre volonté humaine, cela revient à demander à un singe ou à une mouche de cesser de vous importuner. La nature même du singe est de mordre et de pincer ; celle de la mouche, d’agacer les gens.

Afin de rester calme, le mental a besoin d’une puissance supérieure. Celle-ci est la puissance de l’âme. Vous devez faire venir à la surface la lumière de l’âme depuis le cœur. Vous possédez deux chambres : celle du cœur et celle du mental. Actuellement, la chambre du mental est obscure et impure ; elle refuse de s’ouvrir à la lumière. Mais la chambre du cœur est toujours ouverte à la lumière, car l’âme y demeure. Au lieu de vous concentrer sur votre mental, concentrez-vous et méditez sur la réalité qui vit à l’intérieur de votre cœur ; cette réalité viendra alors à l’avant.

Si vous restez tout le temps dans la chambre du mental dans l’espoir de l’illuminer de l’intérieur, vous perdez votre temps. Si je veux allumer une bougie, je dois utiliser une flamme qui brûle, qui éclaire déjà. La chambre du cœur, heureusement, est déjà illuminée. Une fois que vous êtes bien établi dans votre cœur, que vous êtes surchargé de la lumière de votre âme, vous pouvez entrer dans la chambre de votre mental pour l’illuminer. Mais vous devez en premier lieu faire jaillir de l’intérieur de votre cœur la lumière de votre âme qui y réside. La lumière de l’âme ne punira pas le mental, ni ne le torturera. Au contraire, elle agira comme une mère pleine d’affection qui ressent que les imperfections de son enfant sont les siennes propres. Le cœur offrira sa lumière au mental afin de transformer sa nature.

Lorsque je médite, j’essaie d’empêcher mon mental de vagabonder, sans vraiment y parvenir.

Vous n’utilisez pas la capacité de votre cœur ; vous faites appel uniquement à la puissance de votre mental. Très souvent, lorsque je me concentre sur vous, je constate que votre mental tourne comme une roue. Lorsque le mental tourne ainsi, il est très difficile pour le Suprême d’agir en lui. Mais lorsque votre cœur aspire, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, le Suprême ouvre la porte et entre.

Dorénavant, essayez de ressentir que vous n’avez pas de mental du tout. Cela ne veut pas dire que vous allez devenir une brute ou un animal. Non ! Le mental humain n’est pas nécessaire, car nous disposons d’un instrument supérieur qui est le cœur. Si vous pouvez rester dans votre cœur pendant cinq minutes, votre conscience s’élèvera, même si vous ne priez pas ou ne méditez pas.

Le cœur est semblable à une fontaine de paix, de joie et d’amour auprès de laquelle vous pouvez vous asseoir pour l’apprécier. Vous n’avez pas besoin de prier le Suprême d’accéder à vos désirs, car cette fontaine vous donne tout ce que vous voulez – et infiniment plus encore. Mais elle le fait en accord avec la volonté du Suprême, selon Sa manière. Si vous pouvez satisfaire le Suprême en restant toujours à l’intérieur de la fontaine de votre cœur, vos désirs seront comblés par une lumière infinie. Ce seront peut-être les mêmes désirs que vous avez toujours eus, mais ils seront illuminés à un très haut niveau. Avant de les exaucer, le Suprême transformera par Sa lumière chaque désir en aspiration.

Pendant la méditation, s’il y a du bruit ou du tapage à l’extérieur, est-il préférable de l’inclure dans la méditation ou bien de l’ignorer et de continuer à méditer ?

Chaque méditant doit savoir où il en est dans sa pratique. Si vous êtes un débutant, considérez tout élément extérieur à votre méditation comme une perturbation indésirable. Mais si vous êtes déjà avancé et qu’un bruit vous dérange, plongez profondément en lui et essayez de l’intégrer. Ainsi, vous transformerez ces agressions extérieures en une musique intérieure que vous entendrez pendant votre méditation.

Si j’ai des pensées positives pendant la méditation, dois-je les entretenir ou plutôt revenir au ressenti du cœur ?

Vous pouvez considérer toute pensée inspirante comme une bénédiction du Suprême. Encore faut-il savoir de quelle inspiration il s’agit. S’il s’agit d’une inspiration positive et créatrice menant à une bonne action, entretenez-la. Toute pensée créatrice, tout ce qui vous donne un but élevé, entretenez-le. Si une inspiration particulière apporte de la nouveauté à votre vie et la transforme, nourrissez-la.

Vous croyez que l’inspiration vient du mental et que l’aspiration vient du cœur. Mais l’aspiration peut se développer dans le mental et l’inspiration naître dans le cœur. L’inspiration peut devenir aspiration et réciproquement. Mais l’inspiration doit venir d’une source élevée, sans quoi elle ne vous apportera rien. Si votre méditation vous inspire à préparer de délicieux gâteaux, autant dire que cette inspiration est une perte de temps.

Si en revanche votre inspiration est vraiment lumineuse, les pensées créatrices que vous entretiendrez feront partie intégrante de votre progrès. Lorsque de telles idées viennent à vous, sachez qu’elles existent dans d’autres mondes et cherchent à se manifester sur le plan matériel. Après avoir médité, notez-les. Vous pourrez ensuite vous en inspirer à nouveau.

Doit-on attendre quelque chose de sa méditation ?

Tandis que vous méditez, essayez de projeter votre existence intérieure et extérieure dans le Suprême. Vous n’avez à penser à rien d’autre ; jetez simplement votre existence dans un océan de lumière, de paix, de félicité et de puissance. Ne vous attendez pas à recevoir des bienfaits particuliers ou un résultat déterminé, car ce serait vous limiter et limiter Dieu. L’attente humaine est très réductrice. Lorsque vous êtes dans l’attente, automatiquement le mental entre en action et votre réceptivité rétrécit. Mais si vous n’attendez rien, votre réceptivité devient l’affaire de Dieu. A ce moment-là, Il est prêt à vous donner toute chose en quantité infinie, et en même temps Il crée en vous la réceptivité nécessaire pour recevoir ce qu’Il veut vous offrir.

La forme de méditation la plus élevée se fait dans le silence, avec pour seul but de satisfaire Dieu selon Sa manière. Si, lors de votre méditation, vous pouvez ressentir cela – que vous satisfaites Dieu selon Sa manière – ce sera sans aucun doute la meilleure forme de méditation. Autrement, si vous méditez dans l’espoir d’obtenir de la joie, vous en obtiendrez, certes ; mais elle ne sera pas infinie, précisément parce que vous n’aurez pas satisfait votre Amant Eternel, Dieu, ainsi qu’Il le désire. “Que Ta Volonté soit faite” : ces paroles du Christ Sauveur demeurent l’expression absolue de la plus haute vérité. Avant de méditer, si vous pouvez offrir le résultat de votre méditation à la Source et dire : “Je souhaite devenir Ton instrument parfait afin que Tu puisses T’accomplir en moi et à travers moi selon Ta manière,” vous aurez atteint la forme de méditation la plus haute, absolument la plus haute.

Doit-on nécessairement méditer chez soi, ou peut-on le faire en tout lieu ?

Vous êtes encore un débutant. Vous n’avez de bonnes méditations que lorsque vous êtes seul dans votre chambre, ou bien en la présence de votre maître spirituel. Si vous essayez de méditer au volant, en marchant dans la rue ou dans le métro, vous ne pourrez pas vraiment approfondir votre méditation. De plus, il ne suffit pas d’être simplement assis devant son autel. Vous devez ressentir aussi un autel à l’intérieur de votre cœur, sans quoi votre méditation ne sera pas satisfaisante. Lorsque vous méditez, vous entrez dans votre cœur, et voyez et ressentez l’autel vivant du Suprême. Face à cet autel intérieur, vous êtes en sécurité, vous êtes protégé. A cet endroit, vous êtes sous la protection de forces divines. Si vous pouvez méditer devant cet autel intérieur, vous progresserez rapidement car vous ne rencontrerez aucune opposition.

Après avoir médité ainsi avec beaucoup de sincérité des années durant, et ayant acquis une force intérieure, vous serez en mesure de méditer n’importe où. Même debout dans le métro ou en marchant dans la rue ; rien ne vous troublera. Vous parviendrez enfin à être dans une méditation très élevée tout en restant conscient de ce qui se passe dans le monde extérieur.

Durant la méditation ou la prière, certaines personnes se concentrent sur des objets, comme des photos ou d’autres supports. Est-il sage de s’attacher à ces objets ? N’est-il pas plus avisé de méditer sur le Sans Forme, ce que l’on ne peut voir ?

En méditant sur un support, on n’adore pas cet objet en tant que tel, on ne le vénère pas comme s’il s’agissait de Dieu Lui-même. On en retire simplement une inspiration. Je regarde une bougie et je vois sa flamme, mais je ne considère pas la flamme comme Dieu. La flamme est une source d’inspiration. Elle augmente mon aspiration, m’aide à m’élever de plus en plus haut, porté par une intense imploration intérieure.

Je peux regarder une fleur lorsque je médite. La fleur n’est pas Dieu, bien que Dieu soit en elle. Pourtant, la fleur m’inspire et m’offre de la pureté. Je peux brûler de l’encens. Pour moi, l’encens n’est pas Dieu, mais il me donne un sentiment de pureté et m’aide à faire des progrès spirituels. J’utilise ainsi tout ce qui m’inspire pour augmenter mon aspiration, que ce soit une photo, une bougie ou une fleur. Lorsque mon inspiration et mon aspiration augmentent, je ressens que je me rapproche de mon but. Mais la bougie, la photo ou la fleur ne sont pas l’objet de mon adoration.

Quand nous aurons réalisé Dieu, ces supports disparaîtront-ils ?

Lorsque nous serons très avancés dans notre vie d’aspiration, aucune forme ne subsistera. Nous deviendrons un avec le Sans-Forme. Mais au commencement il est nécessaire d’approcher Dieu au moyen d’une forme. Au début, un enfant lit à haute voix. Il doit convaincre ses parents et se convaincre lui-même qu’il sait lire. S’il ne lit pas à haute voix, il aura l’impression qu’il ne lit pas vraiment. Mais lorsqu’il maîtrisera la lecture, il lira en silence. Lui et ses parents sauront qu’il sait lire, aussi n’aura-t-il plus à projeter sa voix à l’extérieur. Ainsi les formes extérieures, qui sont d’une grande importance durant les premiers apprentissages du chercheur, disparaissent-elles d’elles-mêmes lorsqu’elles ne sont plus nécessaires.

Peut-on méditer après avoir mangé ? Le jeûne est-il nécessaire ?

Il est déconseillé de méditer juste après avoir mangé. Le corps comporte des milliers de nerfs subtils. Après un bon repas ces nerfs s’alourdissent, empêchant toute méditation élevée. Le corps, la conscience, les nerfs deviennent pesants et la méditation s’en ressent. Lorsqu’on médite bien, on a le sentiment que toute son existence s’élance tel un oiseau vers le ciel, toujours plus haut. Mais lorsque la conscience est alourdie, on ne peut s’élever.

Aussi est-il préférable de méditer l’estomac vide. Deux heures devraient s’écouler entre le moment du repas et celui où l’on s’assoit pour méditer. Cela dit, si vous êtes tenaillé par la faim, votre méditation ne sera pas bonne non plus. La faim, tel un singe, vous dérangera constamment. En ce cas, prenez un verre de lait ou de jus de fruit‑; cela ne nuira en rien à votre méditation.

Mais éviter de faire un bon repas avant de méditer ne veut pas dire jeûner. Le jeûne n’est pas du tout nécessaire pour méditer. Il est vrai cependant qu’il permet une certaine purification. Si vous le désirez, vous pouvez jeûner une journée par mois afin de purifier votre existence de toutes les agressions extérieures. Mais jeûner trop souvent rapproche plus de la mort que de Dieu. Le jeûne n’est pas la solution pour la purification de soi. La réponse vient d’une méditation fervente, régulière, d’un amour pour Dieu sans réserve et d’une soumission à Dieu inconditionnelle.

Est-il nécessaire d’être végétarien pour suivre une voie spirituelle ?

L’alimentation végétarienne joue un rôle indéniable dans la vie spirituelle, car la pureté est d’une grande importance pour un aspirant. Elle doit s’instaurer dans le corps, dans le vital et dans le mental. Manger de la viande, c’est faire entrer en soi la conscience animale agressive. Les nerfs deviennent tendus, agités, ce qui peut nuire à la méditation. Généralement, si un aspirant continue à manger de la viande, il ne peut pas avoir d’expériences ou de visions très subtiles.

Il fut un temps où la conscience animale a permis à l’homme de progresser. Il y a une agressivité naturelle chez les animaux, mais aussi un dynamisme. Si nous n’avions pas développé ces qualités propres à la conscience animale, tel le dynamisme, nous serions restés inertes, semblables à des arbres, ou bien nous serions demeurés dans une conscience minérale dénuée de toute expansion, de tout mouvement.

Malheureusement, la conscience animale comporte de nombreux aspects destructeurs et impurs. Maintenant que nous menons une vie spirituelle, nous n’avons plus besoin de cette conscience animale dans notre vie. De la conscience animale nous sommes passés à la conscience humaine, et maintenant nous essayons d’accéder à la conscience divine.

La douceur des fruits et des légumes apporte, sur le plan intérieur comme extérieur, des qualités de douceur, de gentillesse, de simplicité et de pureté. En étant végétarien, on aide son être intérieur, on le renforce. Sur le plan intérieur, on prie et on médite ; sur le plan extérieur, on est aidé par la nourriture que l’on tire de la Mère Terre et qui est source d’énergie, mais aussi d’aspiration.

De nombreux chercheurs spirituels ont fini par conclure qu’en étant végétarien l’on progressait plus rapidement dans la vie spirituelle. Mais parallèlement à un régime végétarien, il faut prier et méditer. Pour celui qui a de l’aspiration, l’alimentation végétarienne est d’une grande aide, la pureté du corps rendant l’aspiration plus intense et plus fervente. Mais ne pas être végétarien ne signifie pas pour autant que l’on ne progressera pas spirituellement ou que l’on ne pourra réaliser Dieu.