Méditation, yoga et vie spirituelle

La Méditation

Pourquoi méditons-nous ? Nous méditons précisément parce que nous avons besoin de quelque chose. De quoi avons-nous besoin ? Du sentiment conscient d’unité avec le Suprême. Ce sentiment conscient doit être à la fois spontané et fervent.
Commençons par l’ABC de la méditation. La colonne vertébrale et le cou doivent être droits. La meilleure manière de méditer est de s’asseoir en tailleur sur le sol. Ceux pour lesquels il est impossible de s’asseoir par terre peuvent s’asseoir sur une chaise en maintenant leur dos bien droit. Si vous voulez méditer chez vous, ce que vous devriez faire fidèlement et avec dévotion chaque jour, essayez de réserver pour votre méditation un coin de votre chambre, un endroit sacré, qui sera absolument pur et sanctifié. Vous pouvez vous asseoir sur un petit coussin ou un tapis. Mettez des vêtements propres et de couleur claire. Si possible, brûlez de l’encens pendant votre méditation et placez des fleurs devant vous. Ceux qui sont mes disciples placeront ma photographie de méditation devant eux. Les autres auront une image de leur Maître, du Christ ou de toute autre personne spirituelle qu’ils préfèrent. Vous pouvez commencer votre méditation en répétant le nom du Suprême ou le nom de votre Maître spirituel. Je vous donne tous ces conseils en général, mais un jour viendra où vous découvrirez vous-mêmes des secrets intérieurs. Peut-être en avez-vous d’ailleurs déjà découvert quelques-uns.
Veillez s’il vous plaît à respirer correctement. Essayez d’inspirer aussi lentement et calmement que possible. Lorsque vous expirez, essayez de le faire plus lentement encore. Marquez si possible une légère pause entre la fin d’une expiration et le début de l’inspiration suivante. Si vous le pouvez, retenez votre souffle pendant quelques secondes ; mais ne le faites pas si cela vous est difficile. Ne faites jamais rien qui puisse nuire à vos organes ou à votre système respiratoire.
Ensuite, essayez de sentir à chaque inspiration que vous faites entrer une paix infinie dans votre corps. Le contraire de la paix est l’agitation. Lorsque vous expirez, sentez que vous rejetez l’agitation qui est en vous aussi bien que celle qui vous entoure. En respirant ainsi plusieurs fois de suite, vous vous apercevrez que votre agitation vous quitte. Essayez ensuite de sentir que vous inspirez la puissance de l’univers. Et lorsque vous expirez, sentez que votre peur quitte votre corps. Essayez d’imaginer que vous inspirez la joie, la joie infinie, et que vous expirez chagrins, souffrances et mélancolie.
Ceci est un système de respiration nommé pranayama : le prana est l’énergie vitale, le souffle de vie ; yama signifie « contrôle ». Le Pranayama est donc le contrôle du souffle de vie. Le premier exercice que vous pouvez pratiquer consiste à répéter une fois, en inspirant, le nom de Dieu, du Christ ou de celui que vous adorez. Vous pouvez aussi répéter le mantra que votre maître vous a donné. Cette inspiration n’a pas besoin d’être longue ou profonde. Ensuite, retenez votre souffle et répétez ce même nom quatre fois. Puis, en expirant, répétez-le deux fois. Inspirez sur un temps, retenez votre respiration sur quatre temps et enfin expirez sur deux temps en répétant intérieurement le nom sacré. Le débutant commencera par respirer sur un, quatre et deux temps. Lorsqu’il sera bien habitué à ce rythme, il pourra le faire sur quatre/seize/huit temps : inspiration sur quatre temps, retenue sur seize temps, expiration sur huit temps. Mais pour l’instant, je vous demande de ne pratiquer que le rythme un/quatre/deux.
Vous pouvez pratiquer cette respiration pour purifier votre mental. Mais si vous recherchez davantage de pureté, vous pouvez faire un autre exercice spirituel, qui est très efficace : vous connaissez tous la signification de Aum, le nom de Dieu. Pour commencer, le dimanche, répétez cent fois Aum ou « Suprême ». Lundi, répétez-le deux cents fois‑; mardi, trois cents fois ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous atteigniez sept cents Aum le samedi. Puis redescendez, à partir du dimanche : six cents, lundi, cinq cents, et ainsi de suite, jusqu’à cent. Si vous voulez établir la pureté partout, en vous et autour de vous, ceci est l’exercice spirituel le plus efficace. Certains de mes élèves l’ont pratiqué, et je dois dire qu’ils ont obtenu une purification considérable de leur nature et de leurs problèmes émotionnels. Sans pureté, aucune qualité divine ne peut rester de façon permanente dans notre nature, dans notre corps, dans notre système ou dans notre vie. Si nous manquons de pureté, aucune vérité divine ne peut rester en nous de façon permanente. Mais dès qu’il y a de la pureté, la paix, la lumière, la béatitude et la puissance peuvent agir de façon très bénéfique. Cela ne veut pas dire que je vous considère tous impurs, loin de là. Mais la nature et la vie les plus pures recevront toujours les bénédictions les plus profondes du Suprême. Plus nous sommes purs et plus nous sommes proches du Suprême.

Les pensées

Venons-en maintenant au problème des pensées. La plupart d’entre nous sommes victimes de pensées dès le moment où nous entrons dans la méditation — que ce soient des pensées vilaines, laides, stupides ou effrayantes. Comment se libérer de telles attaques ? La première chose à se demander c’est si les pensées qui nous attaquent viennent du monde extérieur ou bien de nos profondeurs intimes. Au début, je dois dire qu’il est difficile de distinguer les pensées qui viennent de l’extérieur de celles qui surgissent de l’intérieur. Mais nous serons progressivement capables de reconnaître les pensées qui viennent de l’extérieur, et celles-ci sont plus faciles à repousser que les pensées qui viennent de l’intérieur.
Supposons que vous ayez commencé votre méditation, et un flot de pensées et d’idées impures venant de l’extérieur entre en vous. Lorsque vous voyez une pensée sur le point de vous aborder, il faut d’abord savoir s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise pensée, d’une pensée divine ou non. S’il s’agit d’une pensée divine, accueillez-la, bien sûr. Si c’est une pensée sur Dieu ou sur la joie divine, l’amour divin, la beauté ou la pureté, permettez à cette pensée d’entrer en vous et laissez-la jouer, laissez-la s’épanouir en vous. Vous pouvez même essayer de suivre cette pensée. Si elle a trait à la Grâce, à la divinité, l’infinité, l’éternité, l’immortalité, essayez de voir où cette pensée va et suivez-la comme un chien fidèle. Par contre, s’il s’agit d’une mauvaise pensée, contrez-la immédiatement avec la volonté de votre âme. Rassemblez toute la volonté de votre âme depuis votre cœur et portez-la juste devant votre front. Dès que la pensée verra la volonté de votre âme, elle disparaîtra sans aucun doute.
Maintenant je voudrais parler des pensées que nous avons déjà accumulées en nous. Lorsque nous voyons une pensée non divine, absolument impure et obscure, surgir du fond de nous-mêmes, nous devons aussitôt essayer de nous en débarrasser. Un moyen consiste à ressentir que nous avons un trou juste au sommet de notre tête et que la pensée est comme un canal ou une rivière qui s’en échappe pour ne plus revenir. Elle est partie et nous l’avons perdue à jamais. Une autre manière consiste à ressentir que nous sommes l’océan infini et que ces pensées sont comme des poissons. Nous sommes les profondeurs de l’océan, avec son atmosphère calme et paisible de tranquillité. Le jeu des poissons à la surface ne peut jamais nous déranger.
Je vous conseille à tous de commencer dès maintenant par lutter contre les pensées extérieures et de laisser les pensées intérieures à plus tard. Mais bien sûr, si vous avez des pensées intérieures divines, positives, encourageantes et inspirantes, vous pouvez les suivre et les voir comme des pieds, comme les pieds de l’Infini, de la Lumière infinie, ou encore de la Béatitude infinie qui peuvent emmener votre corps, votre mental, votre cœur et votre âme vers des sphères supérieures.

Parlons maintenant de la méditation plus profonde.

Ceux qui méditent sur le chakra ajna (le troisième œil), devraient également pratiquer la concentration sur le cœur. Si le cœur reste aride, autrement dit, si le centre du cœur n’est pas ouvert alors que le troisième centre l’est, cela risque de mener à beaucoup de confusion dans votre nature. Si le troisième œil n’est pas inondé de la pureté du cœur, vous aurez d’une part une certaine vision, mais d’autre part, vous serez victime d’impitoyables tentations. Vous essayerez par exemple de voir ce qui se passe dans quelqu’un. Il y a des milliers de choses qui pourront vous emporter très loin de la voie de la spiritualité. Certaines personnes ont ouvert leur troisième œil sans avoir ouvert leur centre du cœur, et par la Grâce du Suprême, n’ont pas abusé de leur capacité de vision ; mais il est toujours plus sûr de commencer par se concentrer sur le centre du cœur. Tant que la partie émotionnelle de notre nature humaine n’est pas totalement purifiée, il est très dangereux pour nous d’ouvrir le troisième œil.
Alors concentrez-vous d’abord sur le centre du cœur. Ce centre s’appelle anahata. Vous y trouverez toute la joie et l’amour possible. Dans ce monde, de quoi avons-nous besoin ? De joie et d’amour. Lorsque nous aurons réalisé la joie et l’amour, nous pourrons apprécier la vision ou la sagesse dans notre troisième œil. Les femmes, sans exception, devraient essayer de méditer sur le centre du cœur. Il est plus facile pour elles que pour les hommes d’ouvrir le centre du cœur. Pour les hommes, il est plus facile d’ouvrir le troisième œil.

Lors de votre méditation individuelle quotidienne, essayez de méditer seul. Cette règle ne s’applique pas aux couples suivant l’enseignement d’un même maître spirituel. Mari et femme peuvent alors méditer ensemble. De même, des amis spirituels très proches, qui se comprennent parfaitement dans leur vie intérieure, peuvent méditer ensemble. Dans nos Centres, les disciples doivent méditer ensemble, mais pour ce qui est de votre méditation individuelle, il vaut mieux la pratiquer dans l’intimité de votre propre autel.

Selon les visionnaires, les sages et les Maîtres spirituels indiens, l’heure la plus propice à la méditation est entre trois heures et quatre heures du matin. On appelle cette heure Brahma Muhurta, l’heure de Brahman, la meilleure heure. Mais ici, en occident, si vous vous couchez tard, la meilleure heure pour vous est cinq heures et demie ou six heures. L’heure précise doit être fixée selon chaque individu et selon sa capacité.
Il s’agit là de la première méditation de la journée. Si vous pouvez méditer à nouveau une dizaine de minutes entre midi et midi et demi, c’est parfait. Mais cette méditation ne peut se pratiquer dans la rue. Un jour viendra où vous pourrez méditer n’importe où, lors de n’importe quelle activité. Mais pour l’instant, il est préférable pour vous de méditer à l’intérieur, dans un endroit approprié.
Plus tard, au coucher du soleil, vous pouvez méditer dix minutes sur le soleil. Sentez que vous ne faites plus qu’un avec le soleil, avec la nature cosmique. Vous avez joué votre rôle de manière satisfaisante pendant la journée et vous allez maintenant prendre congé. Tel doit être votre sentiment.
Enfin, méditez au moment de vous retirer pour la nuit, quelle que soit l’heure à laquelle vous vous couchez. Il est toujours préférable de se coucher vers onze heures du soir. Mais la nécessité ne connaît pas de loi. Si vous êtes obligé de travailler la nuit, cela est sans gravité.

Chacun devrait méditer à sa propre manière. Il arrive que des personnes me demandent quoi faire lorsqu’elles n’ont pas eu une bonne méditation, lorsqu’elles sont agitées. Si un jour, vous trouvez qu’il est difficile de méditer, ne vous forcez pas. Pour ceux qui sont mes disciples, contentez-vous de regarder ma photographie, une photographie qui a été prise lorsque je me trouvai dans un état de conscience élevée. N’essayez pas de méditer, ni même de vous concentrer. Regardez simplement ma photographie, mes yeux ou mon front, ou mon nez. Regardez simplement. Si vous suivez une autre voie ou que vous n’avez pas de Guru, et si vous avez une autre image ou quelque chose de spirituel sur quoi vous concentrer, concentrez-vous dessus et n’essayez pas de vous forcer à méditer. Ne vous sentez pas non plus pitoyable au moment de vous lever pour vous rendre à votre travail, parce que vous n’avez pas réussi à méditer. Si vous ressentez que votre être intérieur est mécontent de vous ou si vous êtes mécontent de vous-même, vous vous trompez lourdement. Si vous ne pouvez pas méditer un jour, laissez-en la responsabilité à votre Maître ou à Dieu. Ne vous sentez jamais désolé, autrement le progrès que vous avez fait la veille ou l’avant-veille sera amoindri.
Certains veulent méditer dans la position allongée. Mais je dois vous dire que cela n’est pas du tout à conseiller aux débutants, ni même à ceux qui méditent depuis plusieurs années. Cela ne peut convenir qu’aux chercheurs les plus avancés et aux âmes réalisées. Si d’autres personnes essaient de méditer allongées, elles ne feront qu’entrer dans le monde du sommeil, ou partir à la dérive dans une sorte d’assoupissement intérieur. De plus, la respiration dans la position couchée n’est pas aussi satisfaisante que dans la position assise, puisqu’elle n’est ni consciente ni contrôlée.
Évitez de prendre un repas important avant votre méditation. Observez un minimum de deux heures entre votre repas et votre méditation. Mais si vous êtes tiraillé par la faim, et sachant que si vous mangez, il vous faudra attendre deux heures avant de méditer, buvez un peu d’eau ou de jus de fruits. Vous ne devriez pas méditer si vous mourez de faim. Si le singe de la faim vous mord, nourrissez-le un peu pour le calmer quelques minutes. Si vous voulez manger après la méditation, attendez une demi-heure que votre système assimile les fruits de la méditation. Pendant cette demi-heure, vous pouvez bouger ou lire si vous voulez. Vous pouvez boire une petite quantité de lait, d’eau ou de jus, mais attendez pour prendre un repas complet.

Question : Quelle est la différence entre concentration, méditation et contemplation ?

Sri Chinmoy : Lorsqu’on se concentre, on ne permet à aucune pensée d’entrer dans son mental, qu’elle soit divine ou non, terrestre ou céleste, bonne ou mauvaise. Pendant la concentration, le mental doit se focaliser entièrement sur un objet ou un sujet donné. Si l’on se concentre sur le pétale d’une fleur, on s’efforce de ressentir que plus rien n’existe au monde en dehors de ce pétale. On ne laisse pas son regard se poser à droite ou à gauche ; on s’efforce de percer l’objet au moyen de sa concentration aiguisée, sans pour autant le pénétrer de manière agressive. La concentration vient tout droit de la volonté inébranlable de l’âme ou de la force de la volonté.
Très souvent, j’entends des aspirants dire qu’ils ne peuvent se concentrer plus de cinq minutes sans éprouver un mal de tête ou avoir l’impression que leur tête va exploser. Pourquoi ? Parce que la force de leur concentration vient du mental intellectuel, ou, pourrait-on dire, du mental discipliné. Le mental sait au moins une chose, c’est qu’il ne doit pas vagabonder. Mais pour fonctionner correctement, de manière éclairée, il doit recevoir la lumière de l’âme. Une fois que la lumière de l’âme accède au mental, il est extrêmement facile de se concentrer sur quelque chose pendant deux ou trois heures, ou aussi longtemps que vous le voulez. Pendant ce temps, il ne peut y avoir ni pensées, ni doutes, ni peurs. Aucune force négative ne peut entrer dans votre mental s’il est empli de la lumière de l’âme.
Lorsqu’on se concentre, on doit ressentir que la force de la concentration vient du cœur, puis monte vers le troisième œil. L’âme se trouve dans le centre du cœur. Lorsqu’on pense à l’âme, il est préférable de n’avoir aucune idée préconçue sur elle, de ne pas chercher à imaginer à quoi elle ressemble. On peut voir en elle la représentante de Dieu, ou encore une lumière et une félicité infinies. Dans la concentration, on essaie de sentir que la lumière de l’âme vient du cœur et passe à travers le troisième œil. Alors, muni de cette lumière, on entre à l’intérieur de l’objet de la concentration pour s’identifier à lui et pour finalement découvrir la Vérité ultime qui s’y cache.
Tout ce que la concentration peut faire dans notre quotidien est inimaginable. La concentration est la manière la plus sûre d’atteindre notre but, que le but soit la réalisation de Dieu ou simplement la satisfaction de désirs humains. C’est la concentration qui agit comme une flèche et atteint la cible. Celui qui n’a pas de force de concentration ne vaut pas mieux qu’un singe. Un véritable aspirant finit par atteindre la force de concentration, que ce soit par la Grâce de Dieu, une pratique constante ou encore à travers son aspiration. Chaque chercheur spirituel peut proclamer qu’il possède en lui un héros divin, un guerrier divin. Quel est ce guerrier divin ? C’est sa concentration.
Lorsqu’on se concentre, il faut se concentrer sur quelque chose en particulier. Si je me concentre sur un certain disciple, je n’aurai que cette personne à l’esprit. Il devient à ce moment-là le seul objet de mon attention. Mais lorsqu’on médite, on se découvre la capacité de voir la multitude, de traiter la multitude et d’accueillir la multitude dans son ensemble. Lorsqu’on médite, on s’efforce d’élargir sa conscience pour englober l’océan infini ou bien le ciel bleu immense. On se déploie comme un oiseau déploie ses ailes. On doit déployer notre conscience finie pour entrer dans la Conscience universelle où l’on ne trouve plus ni peur, ni jalousie, ni doute, mais uniquement de la joie, de la paix et de la puissance divines.

Lorsqu’on médite, on entre dans un mental vide, calme, tranquille et silencieux. On va au fond de soi et on approche sa véritable existence, ou son âme. En vivant dans l’âme, on se sent méditer spontanément. À la surface de l’océan, il y a une multitude de vagues qui n’affectent pas ses profondeurs. Et au plus profond de l’océan règne le calme.
Méditer, c’est aller au fond de l’océan, où tout n’est que calme et tranquillité. Une multitude de vagues à beau agiter la surface de l’océan, ses profondeurs n’en sont pas affectées pour autant. Elles demeurent dans le silence. Lorsqu’on médite, on essaie d’abord d’atteindre sa propre existence intérieure, sa véritable identité, ou si vous préférez, le fond de l’océan. De sorte que lorsque les vagues du monde extérieur déferlent, elles ne nous touchent plus. La peur, le doute, l’inquiétude et tous nos tourments quotidiens s’évanouissent d’eux-mêmes ; une paix indestructible s’est désormais installée en nous. Notre esprit est pénétré par la paix, le silence et le sentiment d’union avec la Divinité. Tels des poissons dans l’eau, nos pensées nagent et bondissent sans laisser de traces.
Lorsque nous sommes dans notre méditation la plus élevée, nous sommes semblables à l’océan, dont les créatures qui l’habitent n’inquiètent point la majesté ; au ciel, dont les oiseaux ne troublent pas la sérénité. Notre esprit est le ciel, notre cœur est l’océan infini. Voilà ce qu’est la méditation.
Dans la méditation, on ne souhaite qu’une seule chose : communier avec Dieu. Et de même que vous me comprenez parce que je m’exprime en votre langue, la méditation vous permet de converser avec Dieu, car elle est le langage employé à cette fin.
La concentration permet d’être concentré sur un point unique et la méditation élargit la conscience jusqu’à l’immensité. Dans la contemplation, on devient l’immensité même. On a vu la Vérité, ressenti la Vérité, mais le plus important est de devenir la Vérité et d’être entièrement un avec la Vérité. Par la concentration sur Dieu, on peut ressentir Dieu juste devant soi ou derrière soi. La méditation apporte l’Infinité, l’Éternité, l’Immortalité. Mais dans la contemplation, on se voit comme Dieu, comme l’Infinité, l’Éternité et l’Immortalité. La contemplation signifie l’unité consciente avec l’Absolu éternel et infini. Dans la contemplation, on se découvre. Le Créateur et la création deviennent un. On devient un avec le Créateur et on voit l’univers tout entier à ses pieds, ou à l’intérieur de soi. Si nous observons alors notre propre identité, nous ne voyons plus un être humain, mais quelque chose comme une source de Lumière, de Paix et de Béatitude.
Il est conseillé de se concentrer quelques minutes chaque jour avant d’entrer en méditation. Vous êtes comme un coureur qui doit dégager la piste, vérifier qu’il n’y a aucun obstacle et éventuellement, les enlever. Et puis lorsque vous commencez à méditer, ressentez que vous courez très vite, et qu’il n’y a plus d’obstacles sur votre chemin. Vous êtes comme un train express, un train intérieur qui ne s’arrête qu’à la destination finale. Une fois le But atteint, vous êtes devenu le But. Cette dernière étape est la contemplation. Les chercheurs qui viennent d’entrer dans une voie spirituelle devraient commencer par la concentration pendant au moins quelques mois avant d’entrer dans la méditation. Ensuite, ils doivent méditer quelques années avant d’entrer dans la contemplation.


Le Yoga


Question : Qu’entend-on par Yoga?

Sri Chinmoy : Yoga signifie union, union avec Dieu. Le yoga nous dit que nous avons une qualité divine en nous, l’aspiration, et que Dieu a une qualité divine, la Compassion. Le yoga est le lien commun entre notre aspiration et la Compassion de Dieu.


Question : Tout le monde peut-il pratiquer le Yoga ?

Sri Chinmoy : Oui, tout le monde peut pratiquer le Yoga, indépendamment de l’âge. Mais nous devons comprendre ce que le Yoga implique. Malheureusement, en occident il y a beaucoup de gens qui pensent que le Yoga se réduit à des postures physiques et des exercices de respiration. C’est là une erreur déplorable. Ces postures et exercices sont des états préliminaires et préparatoires à la concentration et à la méditation, qui seules peuvent nous conduire à une vie plus profonde, plus élevée et plus riche.
Le yoga n’est pas quelque chose de surnaturel, anormal ou mystérieux. Il est pratique, naturel et spontané. Pour l’instant, nous ne savons pas où Dieu se trouve et à quoi Il ressemble. Mais en pratiquant le Yoga, nous pouvons Le voir dès le début. De même que, dans le monde matériel, nous réussissons dans notre activité en la pratiquant de manière régulière, dans le monde spirituel, nous réalisons le but des buts, la réalisation de Dieu, en pratiquant le Yoga.


Question : Le Yoga peut-il nous aider dans notre vie quotidienne ?

Sri Chinmoy : Certainement. Le Yoga nous aide quotidiennement. En fait, c’est le Yoga qui peut nous apporter l’aide suprême dans notre vie de tous les jours. Notre vie humaine est pleine de doute, de peur et de frustration. Le Yoga nous aide à remplacer la peur par un courage invincible, le doute par une certitude absolue et la frustration par une réalisation en or.


Question : Est-ce que le Yoga et la méditation nécessitent la renonciation à toutes les religions ?

Sri Chinmoy : La méditation n’interfère avec aucune religion. La religion n’a rien à dire contre la méditation parce que la véritable religion est la réalisation de Dieu. Parmi mes disciples, il y a des catholiques, des protestants et des juifs. Le véritable aspirant qui s’est lancé dans la spiritualité et dans le Yoga ne trouvera aucune difficulté à rester dans sa propre religion. Je ne demande pas à mes disciples d’abandonner leur religion. Le véritable Yoga n’exige aucune renonciation à une religion. Si les disciples restent dans leur religion tout en pratiquant la vie spirituelle, ils seront capables de courir au plus vite vers le But. Leur religion leur donnera une confiance constante en ce qu’ils font.
Dans la manifestation sur le plan matériel, chaque religion est comme une maison. Vous devez habiter dans une maison, vous ne pouvez pas rester dans la rue, car ce n’est pas bien vu par le monde. Mais un jour vient où votre conscience s’élargit et votre maison devient le monde entier. À ce moment, vous ne pouvez plus être limité par les frontières d’une maison particulière. Vous acceptez toutes les religions, et en même temps, vous dépassez le domaine de la religion et vous accomplissez votre unité consciente à Dieu. Chaque religion est comme un fleuve qui termine sa tâche en se jetant dans l’océan. Elle ressent alors qu’elle est devenue l’océan même et qu’elle est unie à la source. La religion est comme un fleuve et la réalisation de Dieu est l’océan.
Si vous suivez une religion, je dirai que vous êtes sur le chemin de votre destination. Mais si vous voulez atteindre la Vérité ultime la plus élevée, vous devez vous concentrer, méditer et contempler. Cela ne veut pas dire pour autant que vous ne devez plus aller à l’église ou à la synagogue. Non ! Mais vous devez ressentir que vous avez reçu l’appel intérieur du plus profond de votre cœur pour courir au plus vite vers votre But. Et cela veut dire que vous devez pratiquer la vie intérieure, la vie de discipline de soi et de méditation.
Maintenant, lorsque vous pratiquez le Yoga, si vous voulez quitter votre religion, ça n’est pas grave car votre but est de réaliser Dieu, qui incarne toutes les religions et en même temps qui les dépasse de loin. Le Yoga embrasse toutes les religions et les dépasse. Le Yoga vise à une unité consciente à Dieu. Lorsque vous êtes un avec Dieu, vous êtes uni à tout. Les chercheurs de la Lumière et de la Vérité infinies peuvent, s’ils le souhaitent, aller au-delà des frontières des religions. S’ils veulent apercevoir la lumière, la vérité, la paix et la béatitude, ils peuvent rester dans leur religion. Mais s’ils veulent atteindre la Vérité la plus élevée, la réalisation de Dieu, ils doivent consciemment transcender la religion.

 

La vie spirituelle

Question : Les gens disent parfois que le rêve vaut mieux que la réalité et que la recherche de quelque chose vaut mieux que sa réalisation, parce qu’une fois le but atteint, il n’y a plus nulle part où aller. Est-ce que cela s’applique à la vie spirituelle ?

Sri Chinmoy : Dans la vie spirituelle, il faut savoir qu’il n’y a pas de fin à notre voyage, parce que Dieu n’est satisfait d’aucun niveau particulier et Il ne peut l’être. Le rêve d’aujourd’hui se transforme en la réalité de demain. Mais par ailleurs, la réalité de demain est insignifiante par rapport à la réalité que nous visons le jour suivant. Il n’y a pas de fin à notre réalité, parce que nous avons constamment le Divin infini en nous. Notre but est de changer la réalité en une réalité plus brillante, toujours plus brillante, la plus brillante, et en une réalité plus élevée, toujours plus élevée, la plus élevée. Et même la réalité la plus élevée doit aller au-delà, bien au-delà, encore plus au-delà, parce que Dieu ne peut accepter et n’acceptera jamais de fin à Sa création. La création est Son progrès, Son propre mouvement ; Dieu veut un progrès infini qui se réalise de manières infinies.


Question : J’ai souvent l’impression de monter et de descendre dans ma vie spirituelle. J’espère toujours ne plus redescendre, mais cela arrive tout le temps.

Sri Chinmoy : Au début de la vie spirituelle, tout le monde expérimente les hauts et les bas. Lorsqu’un enfant apprend à marcher, il commence par trébucher et il tombe tout le temps. Mais au bout d’un certain temps, il apprend à marcher correctement et finit par courir. Un jour, il peut courir aussi vite que ses petites jambes le lui permettent. Mais un petit enfant ne peut s’attendre à courir aussi vite que son père parce que son père a plus de capacité.
Vous vivez des hauts et des bas. Lorsque vous êtes en haut, ressentez que vous avez un aperçu de votre capacité. Lorsque vous êtes en bas, dites-vous simplement qu’il ne s’agit que d’une incapacité temporaire. Ce n’est pas parce que vous voyez ceux qui sont plus avancés que vous dans la vie spirituelle en train de courir que vous devez vous décourager. Eux aussi ont trébuché un jour.
Pour l’instant, le ciel peut être voilé de nuages, mais un jour viendra où le soleil brillera à nouveau de tout son éclat. Lorsque vous traversez des moments bas pleins de peur, de doute ou de manque d’aspiration, dites-vous que cela ne va pas durer. Comme un enfant qui est tombé, essayez de vous relever. Un jour vous pourrez marcher, puis courir et finalement courir à toute vitesse sans tomber.

Question : Comment gagner le combat qui s’opère en moi entre la lumière et l’obscurité ?

Sri Chinmoy : Dans notre existence intérieure, nous nous battons constamment avec la vérité et le mensonge. Il arrive souvent que nous ne suivions pas la vérité bien que nous la connaissions parce que nous pensons que ce sera extrêmement difficile, tandis qu’une autre solution, fausse, semble mieux convenir à nos besoins actuels. À ce moment, nous faisons la plus grande erreur.
Si nous nous approprions le mensonge, que se passe-t-il ? La vérité se tait. Mais si nous avons vraiment envie de suivre la vérité, le mensonge vient nous frapper et nous insulter pour nous décourager. En même temps, la vérité n’a pas vraiment envie de nous revendiquer parce qu’elle a vu combien de fois nous avons touché ses pieds en promettant de l’écouter, mais ce n’étaient souvent que des paroles en l’air. Nous disons vouloir suivre la voie de la vérité, mais nous n’hésitons pas à écouter le mensonge parce qu’il nous procure davantage de plaisir. La vérité a entendu nos fausses promesses des centaines et des milliers de fois.
Lorsque nous essayons vraiment de suivre la promesse que nous avons faite à la vérité, il se peut que nous ressentions le mensonge tirer notre mental : « Où vas-tu ? » nous demande-t-il. « Tu m’as promis de toujours rester avec moi. » Mais le jour où la vérité voit que nous sommes absolument sincères, elle se bat alors avec force contre le mensonge. Et si nous nous identifions entièrement à la vérité, nous voyons toutes les forces obscures en nous et autour de nous ne plus avoir d’autre choix que de capituler.
Par ailleurs, il y a des personnes qui implorent sincèrement la lumière mais en vain, simplement parce que l’Heure destinée de Dieu n’a pas encore sonné. Un fermier qui pense pouvoir faire une récolte le jour même où il commence à cultiver son champ sera dégoûté et abandonnera son champ au bout de quelques semaines d’efforts sincères, mais vains. Bien que la sincérité soit importante, le temps reste un facteur majeur. Le champ ne peut produire de résultats qu’à l’heure de Dieu. Notre temps et celui de Dieu ne sont pas forcément les mêmes. Si nous sommes soumis à cent pour cent, nous comprenons que si nous n’obtenons pas de résultats satisfaisants, nous devons continuer à attendre l’Heure de Dieu. Mais si nous ne sommes pas soumis, nous n’acceptons pas la Volonté de Dieu. Nous sommes déprimés et découragés et abandonnons le combat, réduits à être des perdants.
Ce dont nous avons besoin est de lumière. Mais si la lumière n’arrive pas, nous devons être prêts à attendre une éternité pour que la Lumière infinie surcharge notre être intérieur et extérieur. Le mensonge verra alors immédiatement que nous sommes prêts à attendre des millions d’années pour nager dans l’océan de Lumière, et il nous lâchera. Si Dieu le veut, Il peut nous donner ce que nous voulons en un clin d’œil, mais s’Il pense que ce n’est pas le moment, nous devons attendre. Alors, si nous avons de la patience, qui est elle-même l’expansion de la lumière ou de la conscience, nous pourrons ressentir que nous augmentons la lumière que nous avons et la lumière qui entre en nous.