L’Oiseau en cage, l’oiseau en vol

Voici quelques uns des innombrables poèmes de Sri Chinmoy, d’une beauté incroyable de clarté et de profondeur. Des images qui percutent à celles qui consolent, des poèmes les plus riches et mélodieux aux poèmes les plus abrégés, presque énigmatiques, tous les paysages intérieurs sont ici décrits et ne manqueront pas d’attiser la flamme divine du lecteur.

 

L’oiseau en cage
Implore la liberté.
L’oiseau libre
Cherche la paix.

Mon Seigneur, 
Ton Amour a capturé mes yeux,
Mon cœur, ma vie, mon tout.
Me permettras-Tu de capturer
La poussière bénie de Tes Pieds ?

Voici passer mon doux Seigneur, mon Bien-Aimé, 
Faisant résonner les clochettes de Ses Pieds.
J’entends vibrer la musique de Sa Flûte
A travers les horizons les plus lointains.
Oh, si seulement mon petit vacher 
Pouvait jeter un coup d’œil derrière lui, 
Mais non, sa marche ne le conduit que
Tout droit devant lui.
O mes yeux, suivez les traces de pas
De mon Bien-Aimé.
Aux plus tendres heures de la journée,
Mon petit vacher s’éloigne sur le chemin.
Un sourire doux et serein sur les lèvres,
Il mène les troupeaux de multiples lumières.

O mon Seigneur de Beauté
Tu es beau, plus beau, plus beau que tout…
D’une beauté que, dans le jardin du Paradis,
Nul n’égale.
Jour et nuit, puisse Ton image demeurer
Au plus profond de mon cœur.
Sans Toi, mes yeux perdent leur vision,
Tout est illusion, tout est désert.
En moi et alentour, 
J’entends la complainte de sombres tourments.
Mon univers est empli d’insupportables douleurs.
O Seigneur, ô mon merveilleux Seigneur,
O mon Seigneur de Beauté,
Dans cette vie, ne serait-ce que l’espace d’une seconde,
Puissé-je connaître la grâce
De voir Ton Visage.

Mon Seigneur Suprême,
Bien qu’il ne Te connaisse pas,
Mon cœur n’aime que Toi.
Bien qu’il ne puisse Te connaître,
Mon mental ne cherche que Toi.

O Oiseau de Lumière

Une seule pensée, une seule mélodie, 
Une seule résonance.
Qui donc m’appelle et m’appelle encore ?
Je ne sais où je suis,
Ni ne sais où je vais.
Plongé dans la plus profonde amnésie,
Je m’achète, je me vends.
Je détruis tout, je construis tout.
Je désire que tout m’appartienne, à moi seul.
Hélas, mon cœur est éclipsé
Par la sombre et sauvage nuit-destruction.
O Oiseau de Lumière, ô Oiseau de Lumière,
Pénètre une fois de plus mon cœur 
Du flot de tes flammes ardentes.
Tu m’appelles pour que je m’élève
Et m’envole dans le ciel bleu.
Mais comment le pourrais-je ?
Mon cœur est prisonnier
Dans le souffle étranglé d’une chambre exiguë.
O Oiseau de Lumière, ô Oiseau de Lumière,
O Oiseau de Lumière Suprême,
Je prie pour qu’en moi, Tu n’épargnes pas
La moindre trace de ténèbres.

Entre le Néant et l’Eternité

Vide d’actions
Pleine de prétentions,
Ma vie sur terre.
Obscurité
Est mon vrai nom.
Je vis entièrement
Tourné sur moi-même.
Je n’entoure pas une seule âme
De mes bras.
Autour de moi,
Je ne vois pas le moindre esprit 
Digne de mon calibre.
Je suis seul
Entre l’échec
Et la frustration.
Je suis le fil rouge
Entre le Néant
Et l’Eternité.

Sur un Navire de lumière d’argent

Glissant sur un navire de lumière d’argent,
La beauté de la lune
S’approche rapidement de moi.
Le ciel vibre de chants doux et mélodieux,
Les oiseaux volent au-delà de l’horizon
Vers une terre inconnue.
Tous mes espoirs s’envolent,
Sans aucune destination.
Lentement, le soir de ma vie descend.

O Maître Musicien

O Maître Musicien,
Réaccorde moi pour cette vie.
Mon cœur cherche à devenir
L’éveil d’une musique nouvelle.
Ma vie se fond à présent
Dans les hauteurs de l’extase.

Sois

Sois, mon corps,
Et fais que je m’éveille.
Sois, mon vital,
Et fais que je courre.
Sois, mon mental,
Et fais que je vole.
Sois, mon cœur,
Et fais que je plonge.
Sois, mon âme,
Et fais que je révèle.
Sois, mon But,
Et fais que je réalise.
Sois, mon Tout,
Et fais que je sois seulement Tien.

Une douce aspiration

Je suis bercé par une douce aspiration
Pour le terroir de la Réalité.
Ma vie ne sera plus fondée
Sur des illusions perdues.
Les réalités éclatées, brisées et pulvérisées de la vie 
Ne parviendront plus à torturer
Mon cœur intrépide.
Dorénavant, seule la Réalité-Dieu s’épanouira  
Dans mon esprit,
Seul l’Amour-Dieu grandira
Dans mon cœur,
Seule l’Etreinte-Dieu rayonnera
Dans ma vie.

J’ai atteint le But

Les jours de vos chagrins orphelins
Sont derrière vous
Et
Non pas à vos côtés.
Alors, pourquoi pleurez-vous 
De désespoir ?
Les jours de vos joies rayonnantes
Sont devant vous
Et
Non pas à vos côtés.
Alors, pourquoi ne courez-vous pas
Immédiatement et ne déclarez-vous pas :
« J’ai atteint le But ! »

 

La question éternelle de l’homme est :
“Qui est Dieu ?”
La réponse immédiate de Dieu est :
“Mon enfant, qui d’autre est Dieu,
Sinon toi ?”

La réponse

Attends et regarde.
Le vide temporaire
Créé par l’absence de découverte
Des réponses de la vie
Ne peut durer, 
Car la Réponse par excellence
S’épanouit pour toi
Pétale après pétale.

 

Visions de l’Au-delà émeraude

Je ne suis plus l’amateur insensé
D’une brise intellectuelle sèche et stérile.
Je n’accepterai plus que
Les visions entrelacées de l’Au-delà émeraude.
Le tissu de mon cœur
Capturera les Sourires himalayens
De mon Pilote Suprême.
Ma vie embrassant toute chose
Célèbre sa fête dans les funérailles 
De mon mental décédé
Et dans la renaissance 
De mon cœur qui s’élève.

 

Non, non, non, je n’existe plus.
Ce qui existe n’est qu’une ombre frêle.
Et celle-ci même a perdu sa vie-existence
Dans l’éclair d’une étincelle dorée.

 

Mon Seigneur Suprême Absolu,
Ce matin,
Lorsque mon cœur T’a surpris
Dans Ton humeur ludique,
Celle avec laquelle Ta Vision s’épanouit,
Tu m’as aussitôt rendu
Mon enfance éternelle
Pour me permettre 
De Te sourire avec ferveur,
De jouer avec Toi jour et nuit
Et de danser avec Toi à en perdre haleine.

 

Mon cœur
Est l’une de mes demeures,
Mais la seule Demeure de mon cœur,
C’est Dieu.

 

Une goutte de gratitude

L’offrande d’un aspirant 
D’une goutte de gratitude pour Dieu
Est aussi belle qu’une rose
Tenue par Dieu dans Sa propre Main.

 

Je sais à Qui j’appartiens

C’est vrai,
Je ne sais pas
Qui je suis,
Mais je sais fort bien
A Qui j’appartiens.

 

Je chante, je souris

Je chante parce que Tu chantes.
Je souris parce que Tu souris.
Parce que Tu joues de la flûte,
Je suis devenu Ta flûte.
Tu joues dans les profondeurs de mon cœur.
Tu es mien, je suis Tien ;
Telle est ma seule identification.
En une seule Forme,
Tu es ma Mère et mon Père éternels,
Tu es la lune-Conscience,
Et le soleil-Conscience 
Qui sont en toute chose.

 

Mon Seigneur,
Ton Sourire matinal
Est le souffle de ma vie
Tout au long de ma journée.

 

Ne cessez pas de rêver !
Un jour, votre rêve-paix du monde
Inondera le monde tout entier.