Yoga et vie spirituelle

yvsrecto

 

Dans ce livre, le Maître spirituel Sri Chinmoy explique la philosophie du Yoga et la mystique orientale. Dans un esprit très pratique, il offre au débutant comme à l’aspirant plus avancé une compréhension profonde de la vie spirituelle.
La section consacrée aux questions et réponses sur le thème de l’âme et de la vie intérieure est particulièrement édifiante. En tant que Yogi ayant fait lui-même l’expérience de ces réalités, Sri Chinmoy offre une clarté et une authenticité exceptionnelles dans ses réponses.

editions la Flûte d’Or – 2016 – 13 x 19 cm – 176 pages

 

Voici quelques thèmes de ce livre:

  • Qui est fait pour le Yoga
  • Qu’est-ce que le Yoga
  • La méditation
  • La religion , l’universalité de la religion
  • L’hindouisme

Qui est fait pour le Yoga ?

Qui est fait pour le Yoga ? Vous êtes fait pour le Yoga. Il est fait pour le Yoga. Je suis fait pour le Yoga. Tous les êtres humains sans exception sont faits pour le Yoga.
La forme spirituelle peut être déterminée par notre sentiment d’unité, notre désir d’unité. La goutte la plus petite a le droit de considérer l’immense océan comme son bien propre, ou de pleurer pour posséder l’océan comme son bien propre. C’est également le cas de l’âme individuelle et de l’Âme Universelle.
Où est Dieu et où suis-je ? Dieu se trouve au troisième étage, et je suis au premier étage. Je monte au deuxième étage, et Il descend au deuxième étage. Nous nous rencontrons. Je n’oublie pas de laver Ses Pieds de mes larmes de bonheur, et Il n’oublie pas de me placer dans Son Cœur de Compassion infinie.
Qu’est-ce que le Yoga ? Le Yoga est la conquête de soi. La conquête de soi est la réalisation de Dieu. Celui qui pratique le Yoga fait deux choses en un seul temps : il simplifie sa vie tout entière et il gagne un libre accès au Divin.
Dans le domaine du Yoga, on ne peut jamais faire semblant. Notre aspiration doit sonner juste. Notre vie entière doit sonner juste. Rien n’est impossible pour l’aspirant ardent, car une puissance supérieure guide ses pas. La Volonté unique de Dieu est sa protection la plus sûre. Quelle que soit la durée ou le nombre de ses erreurs, il a tous les droits de revenir dans son propre foyer spirituel. Son aspiration est une flamme ascendante qui ne fume pas, qui n’a pas besoin de combustible. Elle est le souffle de sa vie intérieure et elle le conduit aux rivages de l’Au-delà Doré. Grâce à ses ailes d’aspiration, l’aspirant s’envole dans les régions transcendantales.
Dieu est infini et il est omniprésent. Pour un aspirant authentique, cela est plus qu’une croyance, c’est la seule et unique Réalité.
À présent, concentrons-nous sur la vie spirituelle. La vie spirituelle est considérée à tort comme une vie d’austérité et un lit d’épines. Non, jamais ! Nous provenons de la Béatitude et nous retournerons à la Béatitude avec la joie spontanée de la vie. Cela semble difficile parce que nous entretenons notre ego, et cela ne semble pas naturel parce que nous chérissons nos doutes.
Le but de notre vie est la réalisation de Dieu, et c’est également notre héritage le plus noble. Dieu est à la fois notre Père et notre Mère. En tant que Père, Il observe ; en tant que Mère, Il crée. Comme un enfant, nous ne cesserons jamais de réclamer quelque chose à notre Mère, afin de gagner son Amour et sa Grâce. Combien de temps une mère peut-elle résister aux larmes de son enfant ? N’oublions pas que s’il y a une personne sur terre que chaque être humain peut revendiquer, c’est l’aspect Maternel du Divin. Il est la force unique de notre dépendance ; il est la seule force de notre indépendance. Son Cœur, le foyer de l’infinitude, est ouvert à jamais à chacun.
Nous devrions à présent être familiarisés avec les huit foulées importantes qui conduisent l’aspirant à sa destination. Ces foulées sont : Yama, le contrôle de soi et l’abstinence morale ; Niyama, la stricte observation de la conduite et du caractère ; Asana, les postures diverses du corps qui nous permettent d’entrer dans une conscience supérieure ; Pranayama, la respiration systématique qui permet de contrôler le mental ; Pratyahara, le renoncement à la vie des sens ; Dharana, la fixation de notre conscience sur Dieu réalisée également par toutes les parties du corps ; Dhyana, la méditation, le train express infatigable qui file vers le But ; et Samadhi, la transe, la fin de la danse de la Nature, la fusion totale de notre conscience individuelle avec la Conscience infinie du Suprême Transcendantal.
Le Yoga est notre union avec la Vérité. Il y a trois étapes successives de cette union. Dans la première étape, l’homme doit ressentir que Dieu a autant besoin de lui qu’il a besoin de Dieu. Dans la seconde étape, l’homme doit ressentir que sans lui, Dieu n’existerait pas même une seconde. Dans la troisième et dernière étape, l’homme doit comprendre que lui et Dieu ne sont pas seulement éternellement Un, mais également égaux, omniprésents et comblant toute chose.


Qu’est-ce que le Yoga ?

Qu’est-ce que le Yoga ? Le Yoga est le langage de Dieu. Si nous voulons parler à Dieu, nous devons apprendre Sa langue.
Qu’est-ce que le Yoga ? Le Yoga est ce qui dévoile le secret de Dieu. Si nous voulons connaître le secret de Dieu, nous devons nous lancer sur la voie du Yoga.
Qu’est-ce que le Yoga ? Le Yoga est le Souffle de Dieu. Si nous voulons voir à travers l’Œil de Dieu et ressentir à travers Son Cœur, si nous voulons vivre dans le Rêve de Dieu et connaître la Réalité de Dieu, si nous voulons posséder le Souffle de Dieu, et enfin, si nous voulons devenir Dieu Lui-même, le Yoga nous y invite.
Le Yoga est l’union. C’est l’union de l’âme individuelle avec le Soi Suprême. Le Yoga est la science spirituelle qui nous enseigne comment réaliser la Réalité ultime au sein même de la vie.
Tout ce que nous devons faire, c’est accepter la vie et satisfaire le Divin en nous ici sur terre. Ceci n’est possible qu’en transcendant nos limites humaines.
Le Yoga nous dit où nous en sommes dans notre progression vers la réalisation de Dieu. Il nous renseigne également sur notre rôle destiné dans le Drame cosmique de Dieu. Le mot final du Yoga est que chaque âme humaine est un représentant de Dieu sur terre.
Voyons maintenant l’aspect pratique du Yoga. Il existe différentes formes de Yoga : le Karma Yoga, la voie de l’action, le Bhakti Yoga, la voie de l’amour et de la dévotion, et le Jnana Yoga, la voie de la connaissance. Ces trois voies sont considérées comme les plus importantes formes de Yoga. Il y a d’autres formes également importantes de Yoga, mais elles sont soit des branches de ces trois premières, soit étroitement reliées à elles.
Ces trois voies font office d’entrées principales au Palais de Dieu. Si nous voulons voir et ressentir Dieu d’une manière très douce et intime, nous choisirons de pratiquer le Bhakti Yoga. Si nous voulons réaliser Dieu dans l’humanité à travers notre service désintéressé, nous pratiquerons le Karma Yoga. Si nous voulons réaliser la sagesse et la gloire du Soi transcendantal de Dieu, nous devrons pratiquer le Jnana Yoga.
Une chose est certaine : ces trois voies nous conduisent à la réalisation du Soi dans la réalisation de Dieu et à la réalisation de Dieu dans la réalisation du Soi.

Le Bhakti Yoga

Demandez à une personne de parler de Dieu, et elle en parlera indéfiniment. Demandez à un Bhakta de parler de Dieu, et il ne dira que deux choses : Dieu est toute Affection, Dieu est toute Douceur. Le Bhakta ira même plus loin en disant : « Je peux essayer de vivre sans pain, mais je ne pourrai jamais vivre sans la Grâce de mon Seigneur. »
La prière du Bhakta est très simple : « Ô mon Seigneur Dieu, entre dans ma vie avec Ton Œil de Protection et Ton Cœur de Compassion. » Cette prière est la manière la plus rapide de frapper à la Porte de Dieu et également la manière la plus simple de voir Dieu ouvrir la Porte.
Un Karma yogi et un Jnana yogi peuvent traverser un instant de doute sur l’existence de Dieu. Mais un Bhakti yogi ne souffre pas ce genre d’expérience. Pour lui, l’existence de Dieu est une vérité axiomatique, voire plus, elle est un sentiment spontané de son cœur. Mais malheureusement, il doit passer par une sorte de souffrance : la souffrance de la séparation de son Bien-Aimé. Il pleure alors avec les larmes de la dévotion de son cœur pour rétablir sa douce union avec Dieu.
Le mental raisonneur n’attire pas le dévot Bhakta. Les dures réalités de la vie n’attirent pas son attention, et l’absorbent encore moins. Il veut vivre constamment dans un monde intoxiqué par Dieu.
Un dévot a le sentiment que lorsqu’il marche vers Dieu, Dieu accourt à lui. Un dévot a le sentiment que lorsqu’il pense à Dieu une seconde, Dieu pleure pour lui une heure. Un dévot a le sentiment que lorsqu’il offre à Dieu une goutte de son amour pour étancher Sa soif incessante, Dieu l’embrasse dans l’océan de Son amour au parfum d’ambroisie.
La relation entre un dévot et Dieu ne peut jamais être décrite, elle ne peut qu’être ressentie. Pauvre Dieu pense qu’aucun homme sur terre ne pourra jamais Le capturer, parce qu’Il n’a pas de prix et qu’Il est inestimable. Hélas, Il a oublié qu’Il a déjà accordé la dévotion à Son Bhakta. À sa grande surprise et à Sa joie la plus profonde, la dévotion soumise de Son dévot est capable de Le capturer.
Il y a des gens qui se moquent du Bhakta. Ils disent que le Dieu du Bhakta n’est qu’un Dieu personnel, un Dieu infini avec une forme, un être humain glorifié. À ces gens, je réponds : « Pourquoi un Bhakta ne ressentirait-il pas ? » Un Bhakta ressent sincèrement qu’il est une goutte minuscule et que Dieu est l’Océan infini. Il ressent que son corps est une portion infinitésimale de Dieu, le Tout sans limites. Un dévot pense à Dieu et prie Dieu selon la propre image qu’il se fait de Lui, et il a parfaitement raison de faire ainsi. Entrez dans la conscience d’un chat, et vous verrez que son idée d’un Être omnipotent a la forme d’un chat — simplement sous une forme gigantesque. Entrez dans la conscience d’une fleur, et vous verrez que son idée de quelque chose de plus beau qu’elle a la forme d’une fleur.
Le Bhakta fait de même. Il sait qu’il est un être humain et que son Dieu doit aussi être humain dans tous les sens du terme. Pour lui, la seule différence est qu’il est un être humain limité et que Dieu est un Être humain illimité.
Pour un dévot, Dieu est à la fois source de béatitude et de miséricorde. La joie de son cœur lui fait ressentir Dieu, source de béatitude, et les souffrances de son cœur lui font ressentir la miséricorde de Dieu.
Un oiseau chante. Un homme chante, Dieu aussi chante. Il chante Ses douces mélodies de l’Infini, de l’Éternité et de l’Immortalité à travers le cœur de Son Bhakta.

Le Karma Yoga

Le Karma Yoga est l’action dénuée de tout désir et destinée à servir Dieu. Le Karma Yoga est l’acceptation authentique par l’homme de son existence sur terre. Le Karma Yoga est la marche intrépide de l’homme à travers le champ de bataille de la vie.
Le Karma Yoga n’est pas d’accord avec ceux qui considèrent les activités de la vie humaine sans importance. Le Karma Yoga proclame que la vie est une occasion divine de servir Dieu. Ce Yoga en particulier n’est pas seulement le Yoga de l’action physique ; il inclut également la vie morale et intérieure de l’aspirant.
Ceux qui suivent cette voie prient pour avoir un corps fort et parfait. Ils prient également pour avoir une longue vie. Cette longue vie n’est pas qu’une simple prolongation de leur vie en termes d’années. Il s’agit d’une vie qui aspire à la descente de la Vérité, de la Lumière et de la Puissance divines dans la matière. Les Karma yogis sont les véritables héros sur la scène terrestre et leur victoire est une victoire divinement triomphante.
Un Karma yogi est parfaitement étranger aux vagues de déception et de désespoir de la vie humaine. Ce qu’il voit dans la vie et dans ses activités est le sens divin. Il se considère lui-même comme le trait d’union entre les devoirs terrestres et les responsabilités célestes. Il dispose de nombreuses armes pour conquérir le monde, mais son arme la plus puissante est son détachement. Son détachement défie à la fois les coups impitoyables de l’échec et les vagues de succès gonflant l’ego. Son détachement va bien au-delà des pièges des souffrances insupportables du monde et de l’étreinte des joies intenses du monde.
De nombreux aspirants sincères pensent que les sentiments dévotionnels du Bhakta et l’œil pénétrant du Jnani n’ont pas leur place dans le Karma Yoga. Ils se trompent beaucoup. Un véritable Karma yogi est celui dont le cœur a une foi implicite en Dieu, dont le mental est constamment conscient de Dieu et dont le corps éprouve un véritable amour pour Dieu en l’humanité.
Il est facile pour le Bhakta d’oublier le monde, et pour le Jnani d’ignorer le monde. Mais le destin d’un Karma yogi est différent. Dieu veut qu’il vive dans le monde, avec le monde et pour le monde.

Le Jnana Yoga

Dieu a trois yeux, dont les noms sont Bhakti, Karma et Jnana. Le Bhakti veut vivre dans la Vérité la plus intime de son Père. Le Karma veut vivre dans la Vérité universelle de son Père qui recouvre toute chose. Le Jnana veut vivre dans la Vérité transcendantale de son Père.
L’homme de dévotion a besoin de la protection de Dieu. L’homme d’action a besoin de la guidance de Dieu. L’homme de connaissance a besoin de l’instruction de Dieu.
La foi du Bhakta yogi en Dieu et l’amour du Karma yogi pour l’humanité n’intéressent pas le Jnana yogi, et l’inspirent encore moins. La seule chose qu’il veut, c’est le mental. Avec sa force mentale, il recherche l’expérience personnelle de la Vérité la plus élevée. Il considère Dieu comme la Fontaine de la Connaissance. Il pense pouvoir atteindre son But avec son mental. Au début de son chemin, il pense qu’il n’y a rien de plus important que la satisfaction du mental. Un jour, il finit par comprendre qu’il doit transcender le mental s’il veut vivre dans la Connaissance suprême.
La vie est un mystère, et la mort l’est aussi. Un Jnana yogi veut comprendre ces deux mystères apparemment insolubles de la création de Dieu. Il veut également transcender la vie comme la mort et vivre au Cœur de la Réalité suprême.
L’homme vit dans le monde des sens. Il ne sait pas si ce monde est réel ou irréel. L’homme ordinaire est satisfait de sa propre existence. Il n’a ni la capacité intellectuelle ni l’intérêt sincère d’entrer dans le sens profond de la vie. Il cherche à échapper aux problèmes de la vie et de la mort. Malheureusement, il n’y a pas d’échappatoire. Il doit nager dans l’océan de l’ignorance. Seul un Jnana yogi peut lui apprendre à nager à travers l’océan de l’ignorance pour entrer dans l’Océan de la Connaissance et de la Lumière.
Un Jnana yogi déclare : « Neti, neti. » « Pas ceci, pas ceci. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Il veut dire qu’il y a un monde supérieur à ce monde des sens, une vérité supérieure à cette vérité terrestre. Il dit, dans un sens, qu’il y a deux opposants ; l’un est le mensonge, l’ignorance et la mort ; l’autre est la Vérité, la Connaissance et l’Immortalité. En prononçant « Neti, neti », il demande à l’homme de rejeter le mensonge et d’accepter la Vérité, de rejeter l’ignorance et d’accepter la Connaissance, de rejeter la mort et d’accepter l’Immortalité.


La Méditation : individuelle et collective

La méditation est l’œil qui voit la Vérité, le cœur qui ressent la Vérité et l’âme qui réalise la Vérité.
À travers la vérité, l’âme devient pleinement consciente de son évolution dans son voyage éternel. À travers la méditation, nous voyons le formel évoluer vers l’Informel, le fini vers l’Infini ; et nous voyons l’Informel évoluer vers le formel et l’Infini vers le fini.
La méditation parle. Elle parle en silence. Elle révèle. Elle révèle à l’aspirant que la matière et l’esprit sont un, la quantité et la qualité sont une, l’immanent et le transcendent sont un. Elle révèle que la vie ne peut jamais se cantonner à la simple existence de soixante-dix ou quatre-vingts années entre la naissance et la mort, mais qu’elle est plutôt l’Éternité même. Notre naissance est un incident important dans l’existence même de Dieu, de même que notre mort. Dans notre naissance, la vie est dans le corps. Dans notre mort, la vie est dans l’esprit.
La méditation : individuelle et collective. De même que l’individu et le collectif sont essentiellement un, la méditation individuelle et la méditation collective le sont également. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Notre corps dit que nous sommes humains ; notre âme dit que nous sommes divins.
Que nous soyons humains ou divins, nous sommes un, inévitablement et éternellement. Nous sommes des parties inséparables du tout. Nous complétons le tout.
L’océan est vaste. Vous en voyez une partie. Il en voit une partie. J’en vois une partie. Mais l’étendue complète de l’océan est bien au-delà de notre champ de vision. Notre vision est limitée. Mais la portion que chacun d’entre nous voit n’est pas séparée et ne peut être séparée de l’océan tout entier.
Que produit un orchestre ? Il produit une unité symphonique. Des notes différentes provenant d’instruments différents forment la symphonie. De même que chaque instrument joue ses propres notes, chaque individu peut méditer à sa propre manière. Mais ultimement, tous arriveront au même but et à la réalisation fondamentale de l’unité. Et cette réalisation n’est autre que la libération — la libération de l’attachement, de l’ignorance et de la mort.
Tat Twam Asi « Tu es cela. » Tel est le secret que la méditation peut révéler. Ce « tu » n’est pas l’homme extérieur. Ce « tu » est notre âme, notre divinité en nous. Notre nature obscure et non divine essaye de nous faire croire que le corps est tout. Notre nature illuminée et divine nous fait ressentir que notre âme, qui n’a ni commencement ni fin, est tout. C’est en fait vraiment l’âme qui est le souffle de notre existence, au Ciel comme sur la terre.
La connaissance de soi et la Connaissance universelle ne sont pas deux choses différentes. Tout dans l’univers nous appartient dès le moment où nous réalisons notre Soi. Et qu’est-ce que cet univers ? C’est l’expression extérieure de nos accomplissements intérieurs. Nous sommes nos propres sauveurs. Notre salut est en nous. C’est nous qui devons travailler pour notre salut. Nous nous sommes créé notre propre sort. Blâmer les autres pour les conditions défavorables de notre vie n’est pas digne de nous. Malheureusement, cet acte de blâmer les autres est l’une des maladies les plus anciennes de l’homme. Adam a blâmé Ève pour sa tentation. Pauvre Ève, qu’y pouvait-elle ? Elle a également blâmé quelqu’un d’autre. Non, nous ne devons pas agir ainsi. Si nous agissons, nous devons porter la responsabilité de notre action. Essayer d’échapper aux conséquences de nos actions est tout simplement absurde. Mais ne pas commettre d’erreurs, c’est de la sagesse ; c’est une réelle illumination. Les épreuves et les vicissitudes de la vie sont en nous-mêmes et à l’extérieur de nous. Nous devons simplement les ignorer, et si cela ne suffit pas, les affronter. Si cela ne suffit toujours pas, nous devons les conquérir ici et maintenant. L’immense problème est de savoir comment remporter toutes ces épreuves. Nous ne pouvons le faire qu’avec notre aspiration constante et notre méditation. Il n’y a aucune alternative.
D’une méditation profonde avec une attention focalisée, nous obtenons la connaissance spirituelle et la pure dévotion qui agissent, non seulement simultanément, mais également en harmonie. La voie Bhakti, voie de la dévotion, et la voie Jnana, voie de la connaissance, nous conduisent ultimement au même but. La dévotion n’est pas une foi aveugle ; elle n’est pas une adhésion absurde à nos sentiments intérieurs. C’est un processus unique de développement spirituel. La connaissance n’est pas quelque chose de sec, ni une force agressive. La connaissance est la nourriture qui donne de l’énergie à notre existence terrestre et céleste. La dévotion est Félicité. La Connaissance est Paix. Notre cœur a besoin de Félicité et notre mental a besoin de Paix, tout comme Dieu a besoin de nous pour Se manifester et que nous avons besoin de Dieu pour nous réaliser.
La méditation individuelle et collective. Il est facile de méditer individuellement. L’aspirant a de la chance, car il n’y a aucune tierce personne entre lui et la Grâce de Dieu. Il est facile de méditer en groupe. Un étudiant est naturellement plus heureux lorsqu’il étudie dans une classe avec ses camarades. Là aussi, l’aspirant a de la chance, parce que l’aspiration sincère des autres aspirants peut l’inspirer.
Il y a certes des difficultés dans la méditation individuelle, parce que la paresse peut freiner l’aspirant. Il y a certes des difficultés dans la méditation collective, parce qu’il y a toutes les chances que l’ignorance et les faiblesses d’autres méditants affectent le corps, le mental et le cœur de l’aspirant.
Que nous méditions individuellement ou collectivement, il y a une chose que nous devons faire absolument : nous devons méditer consciemment. Faire un effort inconscient, c’est comme se forcer à jouer au foot malgré une terrible mauvaise volonté. On ne peut y trouver de joie. On joue sans aucun plaisir. En revanche, l’effort conscient, c’est comme jouer au foot avec le plus grand enthousiasme. On trouve une véritable joie. De la même façon, la méditation nous donne la Félicité intérieure de l’âme.
Finalement, chaque être humain doit avoir l’esprit d’un héros divin. S’il est abandonné dans la forêt la plus dense, il doit avoir la force intérieure de méditer sans peur. Si on lui demande de méditer sur la Place de la Concorde au milieu d’une foule de gens, il doit avoir la force intérieure de méditer sans être dérangé le moins du monde. Seul ou en groupe, l’aspirant doit pouvoir vivre sa méditation sans être perturbé ni effrayé.


Qu’est-ce que la religion ?

Qu’est-ce que la religion ? La religion est Dieu. La religion est la Vérité. Dieu et la Vérité sont une seule et même chose. Mais lorsque je dis que ma religion est Dieu, il y a de fortes chances que vous ne me compreniez pas. En revanche, si je dis que ma religion est Vérité, vous êtes tout de suite d’accord avec moi. Je m’explique. Si je dis que ma religion est le Seigneur Krishna et que vous devez l’accepter, vos yeux jetteront des flammes. Mais si je dis que ma religion est Vérité, vous bondirez et direz : « La mienne aussi. » Maintenant, au lieu de dire : « Vous devez accepter ma religion », si je dis : « acceptons la Vérité universelle », vous crierez : « Déjà accepté, merci, mon ami ! »
La religion est un acte de vision qui nous guide et nous conduit jusqu’à l’Au-delà. La religion est intuition. L’intuition nous est si proche et si chère, si familière à notre âme et si intime à notre cœur, qu’elle n’a pas besoin d’être définie. Nous pouvons même proclamer la vérité que l’intuition est la conscience de l’existence qui englobe tout. Demandez à quelqu’un combien il est sûr de son existence. Le silence fermera ses lèvres. Il sait ce que son existence est, il la ressent, mais il n’arrive pas à l’expliquer. La religion est cette intuition qui défie toute explication mais qui est une vérité qui prend forme d’elle-même et s’explique d’elle-même.
La religion n’est pas un fanatisme. La religion, dans sa forme la plus pure, est un sentiment de l’unité universelle de la Vérité. Un fanatique ne voit jamais la vérité dans sa totalité, même dans son imagination la plus délirante. Un fanatique n’a rien à offrir au monde, précisément parce qu’il n’a pas gardé la porte de son cœur grande ouverte, et parce qu’il manque de capacité de communier avec son âme.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une illumination directe. Voyez, les différences disparaissent aussitôt dans les oubliettes. Grâce à notre sentiment d’unité universelle, nous courons et nous rapprochons de plus en plus du Suprême. Notre vie a une liberté propre, que notre étroitesse de pensée tue. Cette liberté ne trouve aucune joie dans les déclarations pompeuses et grandioses. Cette liberté veut être l’expression vivante de nos pensées et de nos sentiments intérieurs. La liberté est union. L’union est la Vérité qui dynamise et satisfait toute chose.
La religion parle. Elle parle de manière plus sensée que les mots. Malheureusement, nous déformons souvent impitoyablement son message. Néanmoins, elle finit à long terme par proclamer la vérité.
Lorsque nous pensons à la religion, notre attitude devrait être sympathisante et appréciative plutôt que critique et compétitive. La critique et la compétition créent une disharmonie, qui est une force destructive. La sympathie et l’appréciation créent l’harmonie, qui est une force créative et qui est la vie même de l’existence.
Toutes les religions sont indispensables à leurs fidèles. Toutes les religions sont de plus surchargées d’inspiration. Cette inspiration est la conviction de l’âme collective des fidèles. Leur mot d’ordre doit être Paix, tout autant que la Vérité doit être leur seul but.
Les mots de Tagore sur la religion sont précieux :

« La religion, comme la poésie, n’est pas une simple idée ; c’est une expression : l’expression de soi de Dieu dans la variété infinie de la création ; et notre attitude envers l’Être infini doit également avoir une grande variété incessante et infinie d’individualités dans son expression. »

La religion est un défi vivant au supérieur en l’homme de faire face à la tempête de problèmes de la vie. Il y a certes d’innombrables problèmes. Mais il y a également une Puissance omnipotente. Curieusement, cette puissance utilise les problèmes comme de véritables instruments pour la bénédiction future de l’humanité.
La religion étend. Elle étend nos sentiments. La religion vit. Elle vit dans les profondeurs de notre cœur. La religion conquiert. Elle conquiert dans notre don de soi.
Le but divin de la religion est d’ouvrir le réservoir refoulé d’énergie humaine. La vie même est religion, intime, continue et comblante. Vivons ouvertement et librement. Suivons la religion qui inclut tous les êtres humains qui ont vécu sur terre, tous ceux qui sont à présent sur la scène du monde et tous ceux qui y descendront dans les temps futurs. Notre religion est celle qui perfectionnera l’ordre du monde. Notre religion est celle qui naviguera entre les rivages de l’Éternité et de l’Infinité.
L’universalité de la religion
L’Église Universaliste de New York est pour toutes les religions du monde. C’est une famille qui grandit dans un seul Foyer. Ce Foyer incarne le Cœur. Le Cœur incarne la Vérité. Là où se trouve la Vérité se trouve la Satisfaction.

Pourquoi avons-nous besoin de religion ? Nous avons besoin de religion parce que nous voulons aller au-delà du fini pour communier avec l’Infini. Cela est non seulement possible, mais également inévitable, car en nous se trouve un être conscient qui prévoit la Réalité de Dieu dans sa totalité.
La religion est une expérience spontanée et jamais une connaissance théorique. Cette expérience est extrêmement pratique, et nous pouvons l’utiliser consciemment à chaque instant de notre existence terrestre.

La religion n’a jamais été imposée à l’homme. Elle est jaillie du besoin le plus profond de son être intérieur. Lorsque cet être intérieur vient en avant et regarde autour de lui, il ressent l’Immanence de Dieu en toute chose ; et lorsqu’il regarde vers le haut, il ressent la Transcendance de Dieu qui surpasse tout comme son propre héritage divin.

La religion possède deux vies : la vie extérieure et la vie intérieure. Elle offre sa vie extérieure aux aspirants au niveau préliminaire de l’aspiration vitale et émotionnelle ; elle offre sa vie intérieure à la méditation universelle et à la réalisation de Dieu.

Science et religion. On dit que la science et la religion sont toujours à couteaux tirés. Cela n’est pas nécessairement vrai. La science joue son rôle de manière dynamique en expliquant le Dieu immanent. La religion joue son rôle de manière divine en interprétant le Dieu transcendant. La science traite du monde physique, tandis que la religion traite du monde intérieur et spirituel. Le mental est l’étudiant et la nature est le professeur de Sciences. Le cœur est l’étudiant et l’âme est le professeur de religion.

Philosophie et religion. La philosophie et la religion sont deux amis intimes. La philosophie atteint le sommet de la perfection lorsqu’elle est inspirée par la foi, la vision, l’expérience et la réalisation de la religion fervente. Et avec l’aide d’une philosophie vigilante et saine, la religion se libère des pièges de la superstition, des aléas et de la fantaisie.

La moralité et la spiritualité dans la religion. La moralité dans la religion est un voyage constant vers une vie idéale. Ce voyage semble parfois ne jamais avoir de fin. Cependant, il incarne un but, qui est une approximation de l’idéal envisagé. La spiritualité dans la religion est pleinement consciente de son Infinité implicite. Elle transporte un individu aspirant vers le Royaume vivant de Dieu. L’Infinité révélée par la spiritualité dans la religion est actualisée à travers un sentiment d’urgence intérieure spontané. Pour l’aspirant religieux, l’espoir vole vers la certitude, le combat entre dans la conquête et la force de volonté est appelée par la Réalisation absolue.

L’individualité et l’universalité. L’universalité ne signifie pas et ne peut pas signifier une extinction pure et simple de la flamme individuelle qui s’élève du cœur de l’homme. Au contraire, lorsque l’individu se transcende au cours du processus continu de l’universalisation, il peut être assuré de vivre dans le domaine plus profond, plus vaste et plus élevé de la Lumière, de la Paix et de la Puissance. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il deviendra son propre Soi véritable, son Soi éternel. Au tout début, il ressentira sans doute un conflit lamentable entre l’individualité et l’universalité. Mais ce sentiment ne durera pas indéfiniment, car ce conflit même contient en lui la possibilité d’une concorde la plus convaincante, un amalgame pur de transcendance unique.

La foi religieuse. Une religion sans foi est comme un corps sans vie. La foi religieuse est une expérience de transformation et non pas une simple idée. La foi possède la clé magique de la découverte de soi. Cette découverte de soi est la découverte authentique de la Réalité. La foi participe activement à l’Amour, l’Harmonie et la Paix divines. Elle transporte enfin la religion dans la Béatitude de l’Au-delà qui règne sur tout.

Le péché dans la religion. Il est vrai que la conception du péché est très répandue dans la religion. Qu’est-ce que le péché ? Ce n’est rien d’autre que l’expérience d’une imperfection. Cette imperfection n’existe que parce que la création est encore en cours. La perfection doit poindre dans la création, ce n’est qu’une question de temps. La création est action, elle est un mouvement constant vers l’avant, vers le haut et vers l’intérieur. L’évolution est un chant immortel chanté perpétuellement par la création. Le péché d’aujourd’hui est une imperfection personnifiée. La vertu de demain est la perfection incarnée.
Il y a deux choses dans la création entière de Dieu : le fini et l’Infini. Lorsque je m’élève, moi, le fini, je me réalise. Lorsque Dieu, l’Infini, descend, Il Se manifeste. Lorsque j’entre en Lui, le Plus Haut, Il m’offre Son Unité. Lorsqu’Il entre en moi, en mon inférieur, je Lui offre la multiplicité qu’Il m’a Lui-même confiée lorsque mon âme est descendue sur terre pour Le révéler et Le réaliser.
Toutes les religions sont, dans leur essence, une et inséparables. Chaque religion est une voie infaillible conduisant à la Vérité éternelle et une manifestation propre de cette Vérité. La religion ne change pas, mais les religions doivent supporter les vicissitudes de la vie en ce qui concerne la forme, les habitudes, les rituels, les circonstances et l’environnement. L’union fait la force. Cette maxime peut s’appliquer à ce discours. La force unie de toutes les religions connaît le secret suprême qu’aucune religion ne saurait être méprisée. Sans force d’unité, aucune religion ne peut rester la tête haute. La religion est une. Mais elle s’exprime à travers le multiple, à travers toutes les nombreuses religions.

Je suis hindou. Je suis fier de mon hindouisme. Mon hindouisme, Sanatana Dharma, la religion éternelle, m’a enseigné : Aham brahma , « Je suis Brahma, l’Unique sans second. » Vous êtes chrétien. Vous êtes fier de votre christianisme. Votre religion divine vous a enseignés : « Moi et mon Père sommes un. » Maintenant, si je suis hindou au sens le plus pur du terme, je dois être chrétien jusqu’à la moelle, car au fond de moi, ce que je vois, ressens et deviens, c’est la Vérité universelle. Qu’est-ce que la Vérité ? La Vérité est notre Père divin. Il importe peu à un enfant que son père physique soit appelé frère par l’un, oncle par un autre, neveu par un troisième et ami par un quatrième. Il aime autant tous ces noms de son père. De même, lorsque les différentes religions appellent la Vérité, notre Père divin, chacune à sa manière, nous devons être suprêmement heureux, car chaque religion recherche la Vérité et la Vérité seule.


L’hindouisme

« Connais-toi toi-même. » Voici ce que l’hindouisme défend. C’est la quintessence de l’hindouisme.

Dans un monde d’incertitudes agitées, dans un monde d’hypocrisie obscure et de déraison aveugle, la religion est une des rares choses capable de préserver sa dignité. C’est la religion qui fait venir la divinité de l’homme en avant. C’est la religion qui peut inspirer l’homme à lutter avec le présent impitoyable, à réaffirmer sa force intérieure et à combattre pour la Vérité et pour l’Heure de Dieu.

Vous savez tous que la religion hindoue est l’une des plus anciennes religions du monde. Contrairement à la plupart des religions du monde, la religion hindoue n’a pas de fondateur en particulier. À la base, elle est fondée par les paroles ferventes des rishis, des visionnaires. Un visionnaire est celui qui a la vision de la Vérité et qui communie avec la Vérité.

Si vous voulez définir l’hindouisme, vous pouvez le faire à l’aide d’un seul mot : Amour. Cet Amour embrasse tout et grandit sans cesse. Un hindou fervent dira : « Je peux vivre sans air, mais pas sans Dieu. » Mais par ailleurs, un hindou qui dit qu’il ne croit pas du tout en Dieu est tout de même un hindou. Il se sent hindou, et personne ne le conteste. C’est le choix personnel qui prévaut. Un hindou peut adorer des centaines de dieux comme il peut n’en adorer qu’un seul. Pour lui, Dieu peut être personnel ou impersonnel. Mes jeunes amis, je vais essayer de vous expliquer ce qu’on entend par « personnel » et « impersonnel ». Prenez un avion dans un aéroport. Vous pouvez le voir, c’est quelque chose de concret, matériel et tangible. Lorsque l’avion quitte le sol et n’est plus visible dans le ciel, vous savez qu’il est tout de même quelque part dans le ciel. Il peut voler vers le Canada ou vers le Japon, mais vous savez qu’il existe quelque part, et qu’il fonctionne. De même, le Dieu « impersonnel », que nous ne voyons peut-être pas dans une forme tangible, nous Le percevons dans notre conscience éveillée, et nous ressentons qu’Il nous guide et nous transforme de manière invisible.

Nous avons parlé des conceptions de Dieu dans l’hindouisme. Voyons maintenant ce qu’il est dit au sujet de la réalisation de Dieu. La réalisation de Dieu n’est autre qu’une science spirituelle qui met un terme à la souffrance, à l’ignorance et à la mort. Mais nous devons réaliser Dieu pour Son salut et non pour notre propre salut. Chercher Dieu pour notre propre salut, c’est nourrir en vain nos incessants désirs. Mais chercher Dieu pour Son salut, c’est vivre dans Sa Conscience universelle ; en d’autres termes, c’est être absolument et inséparablement uni à Lui.

L’immense question est de savoir si Dieu est toujours en nous, s’Il vient dans notre cœur pendant de longues périodes en tant qu’invité, ou bien s’Il ne fait que passer. Avec un profond sentiment de gratitude, j’évoquerai l’âme immortelle d’Emily Dickinson, dont l’inspiration spirituelle incite l’aspirant à savoir ce que Dieu l’Infini est précisément. Elle dit :

L’Infini, on le présume être un invité soudain,
Mais comment ce prodige peut-il venir,
Lui qui n’est jamais parti ?

On appelle l’hindouisme la Religion éternelle. Elle recherche l’union avec Dieu de toutes les manières possibles connues par l’humanité. Elle veut une union de l’homme avec Dieu pleinement comblante, ni plus, ni moins. Son essence est la tolérance. L’hindouisme refuse de considérer les religions du monde comme des entités séparées. Incluant en elle-même toutes les religions du monde à sa propre manière, on peut l’appeler sans être loin de la vérité, une Association de Croyances.
Pour un hindou authentique, l’amour pour les autres est une partie organique de son amour pour Dieu. C’est dans la joie et substantiellement que son âme proclamera et chantera avec l’esprit indomptable de Walt Whitman :

Je me célèbre, et me chante,
Et ce que j’assume, vous l’assumerez,
Car chacun de mes atomes
Vous appartient aussi bien.

La caractéristique la plus frappante de l’hindouisme est sa quête d’une expérience, ou plutôt d’une réalisation directe de Dieu. Si vous étudiez les Vedas, les Upanishads, la Bhagavad Gita et d’autres Écritures indiennes, vous serez peut-être surpris de voir que bien qu’elles mettent chacune l’accent sur une vision particulière ou des idées particulières, elles incarnent toutes fondamentalement la même Connaissance divine parfaite, qui est Dieu.
Le trait saillant de la religion hindoue est exprimé de façon unique dans les enseignements de l’Isha Upanishad : « Réjouissez-vous dans la renonciation. » Vous savez parfaitement bien que le bon et le plaisant ne sont pas forcément les mêmes choses. Si vous voulez le plaisir, vous pouvez arriver au pied même du manguier, mais ses fruits vous seront refusés par le propriétaire de l’arbre. Mais si vous voulez le bien lui-même, qui est essentiellement la Vérité, la situation sera complètement différente. Si vous voulez la mangue, non pas pour satisfaire votre envie, mais pour étudier sérieusement le fruit, le propriétaire sera très satisfait de vous. Non seulement il vous offrira une mangue pour l’étudier, mais il vous en offrira à manger autant que vous voudrez.
Aucun d’entre nous ne veut être stupide ; nous devons alors aspirer au bon et nous écarter du plaisant une fois pour toutes. Notre But, la fontaine de la Vérité et de la Béatitude les plus élevées, n’est accessible qu’à l’amoureux de Vérité qui veut se réaliser dans le voyage constamment merveilleux de son âme pour s’élever et s’approfondir.
Un hindou dévoué aspire à un cœur parfaitement étranger à l’hypocrisie, un cœur aussi vaste que le monde. Peut-être pensez-vous qu’il est impossible d’avoir un tel cœur, que c’est un idéal inaccessible. Mais je ne suis pas de votre avis. De telles nobles âmes vivent à présent même sur cette terre. Votre formidable président, Abraham Lincoln, avait certainement un cœur de ce genre. Pour citer votre grand philosophe, Ralph Waldo Emerson : « Son cœur était aussi vaste que le monde, mais il n’y avait aucune place en lui pour retenir la mémoire d’une erreur. »
Mes frères et sœurs, je ne trouve aucune raison de ne pas voir en vous un cœur aussi vaste que le monde, vide d’hypocrisie et d’ignorance, et en même temps, un cœur inondé de la Vérité de l’Au-delà.

L’hindouisme aujourd’hui

Je suis un rêveur. Je viens du pays des rêves. Je suis à présent sur un bateau de rêve. Le nom de mon bateau de rêve est Hindouisme. Il navigue jour après jour, traversant l’Océan de l’Éternité. Il ne connaît aucune fin de voyage. Son but est l’Immortalité. Le Batelier est le Rêveur Suprême. Mes frères et sœurs, si vous voulez vous embarquer avec moi sur ce bateau, venez. Je vous accueille tous les mains jointes, avec un amour sans bornes et des larmes de félicité. La traversée ne coûte pas un dollar, pas un centime, rien de la sorte. Le prix n’est que de la sympathie, la sympathie qui jaillit du fond du cœur.
Pour ajouter à la joie de notre enthousiasme, la voix d’un rêveur courageux, tout à fait inattendu, se fait entendre, et son écho se répète encore et encore dans les profondeurs de notre mémoire. Il y a un siècle et demi, ce rêveur vit le jour ici, à Long Island, dans l’état de New York. Son nom est Walt Whitman. Ce poète visionnaire nous accompagne dans notre voyage extraordinaire avec son message du « Je » universel.
Notre premier arrêt nous fait rencontrer le Dr Radha-krishnan, l’un des plus grands philosophes vivant actuellement. Il parle ainsi de l’hindouisme :
« L’attitude de l’hindou face à la religion est intéressante. Alors que des croyances intellectuelles déterminées démarquent une religion de l’autre, l’hindouisme ne se donne aucune limite de ce genre. L’intellect est subordonné à l’intuition, le dogme à l’expérience, l’expression extérieure à la réalisation intérieure. »
Gardant cela à l’esprit, examinons plus loin l’hindouisme. C’est sans nul doute une grande religion. Mais c’est également une religion simple qui ne veut pas créer de confusion en l’homme ni mettre à l’épreuve ses capacités intellectuelles. Il ne sollicite pas son attention ni sa faveur. Ce qui compte le plus dans l’hindouisme, c’est la recherche de la compréhension de son âme. L’hindouisme veut, non seulement préserver l’harmonie de chaque âme humaine, mais également la propager, si telle est la Volonté de Dieu. Ce qu’il veut, c’est posséder et être possédé par tout ce qu’il y a de mieux dans la sagesse culturelle, religieuse et spirituelle du monde.
Bien que connaissant des périodes d’inertie, l’hindouisme n’est pas une religion statique. Une religion statique ne conduirait qu’à la stérilité et finalement à la mort. Au cours de sa longue histoire, l’hindouisme est devenu l’emblème de la souplesse, de l’indépendance, de la pensée créatrice, et de l’innovation spontanée dans la pensée comme dans l’action. L’hindouisme sait absorber ; il sait également comment rejeter pour s’asseoir aux pieds de la Vérité. L’hindouisme est une imploration pour la Vérité qui ne cesse de s’élever. Il aspire à être l’essence d’une panacée spirituelle qui embrasse tout pour nourrir l’humanité.
Le passé de l’Inde est remarquablement riche et varié. On peut dire la même chose de son présent intrépide qui peut fournir un point de départ pour le futur doré et qui le fournira. L’hindouisme d’aujourd’hui s’efforce sincèrement de découvrir un mode de vie unique dans lequel tous les groupes d’appartenances radicalement différentes, qu’elles soient raciales, historiques, éthiques, conceptuelles et spirituelles, puissent vivre en parfaite harmonie et en même temps collaborer activement à la réalisation d’une tâche : le mariage de la Matière et de l’Esprit. L’Inde, dans son essence la plus pure, n’est ni un pays assoiffé de matière ni un pays fuyant le monde. Et la tolérance, avec laquelle l’hindouisme a toujours été associé, est solidement enracinée dans le sacrifice et dans la pleine reconnaissance des droits des autres hommes.
L’Inde agit sans peur ni sentiment de supériorité. En fait, l’hindouisme a récemment commencé à se remettre en question, et ses progrès avancent rapidement. Il est vrai que l’hindouisme d’aujourd’hui est confronté à de nombreux problèmes. Il est également vrai que Mère Inde doit, seule, résoudre tous ses problèmes, et elle le fera. Bharat Mata, (Mère Inde), est animée d’une volonté invincible. Le progrès, tant matériel que spirituel, avance de manière fulgurante. Cependant, le fait d’une importance suprême est que l’hindouisme d’aujourd’hui se remodèle, non pas sur des systèmes occidentaux ou orientaux, voire nordiques ou méridionaux, mais sur le Modèle propre de l’Infini.
Ici, en Amérique, nous sommes dans un pays de liberté, d’une liberté qui nourrit les pensées dynamiques et les mouvements dynamiques. En Inde, nous sommes dans un pays de liberté, d’une liberté de spiritualité fertile et tolérante qui nourrit toutes les religions.
Ici, nous voulons atteindre Dieu en courant à toute vitesse, et là-bas, nous voulons atteindre Dieu en grimpant rapidement.
Écoutons un dévot hindou : il dit que son père est le Silence, et sa mère la Puissance. Le silence nourrit sa conscience, la puissance utilise sa conscience. Ses parents lui apprennent à respirer l’air de l’unité spirituelle, à ressentir cette unité dans tous les êtres humains, et en fait, dans la création tout entière. Ses parents lui ont appris le secret des secrets : le monde ne peut être vu et ressenti pleinement et intégralement qu’à travers la méditation. Ils lui ont fait comprendre que sa vie faisait partie intégrante de l’humanité. Il n’avait ni race, ni nation propre. Sa religion est la vision de Dieu. Il sait que pour réaliser Dieu, il n’a pas besoin de tuer son soi inférieur. Il lui suffit de le transformer en son Soi supérieur. Et voyez ! Le But l’appelle. C’est en fait une nouvelle approche de la Vérité et une nouvelle réalisation de la Vérité. Et enfin, il ne veut pas seulement voir Dieu, mais devenir Dieu Lui-même.
Ainsi vogue notre bateau, dansant en harmonie au rythme éternel et mystique de Dieu. Nous sommes des rêveurs, et nous sommes également des réalistes et des idéalistes. Notre bateau, avec tout l’amour de son cœur, se languit de toucher les rivages lointains de l’Au-delà doré. Notre bateau, avec toute la paix de son âme, aspire à communier avec le Souffle du Suprême.

La quintessence de l’hindouisme

Je présente tous mes remerciements à notre révérend Rabin Ronald Millstein pour m’avoir invité si cordialement à parler de l’hindouisme. C’est pour moi un grand privilège et un grand plaisir de m’adresser à cette éminente audience. Je suis très heureux d’apprendre du Rabin qu’il s’agit ici d’une synagogue libérale. Pour moi, le mot « libéral » a un sens très particulier. Il désigne une vérité aussi lumineuse et puissante que le soleil, aussi vaste que l’univers. C’est dans notre compréhension libérale de toutes les croyances religieuses que nous pouvons réaliser la tolérance. La tolérance nous aide énormément à mettre fin aux préjugés ancestraux nés de l’ignorance.
Et maintenant, mon cœur désire partager avec vous quelques pensées importantes sur l’hindouisme. Permettez-moi tout d’abord de vous raconter une petite histoire.
Un grand sage de l’Inde ancienne, du nom de Bhrigu, voulut tester les trois dieux principaux de la grande Trinité hindoue : Brahma, Vishnu et Shiva. Il voulait déterminer qui était le plus grand. Il s’approcha de Brahma, sans lui montrer le moindre respect. Brahma était très mécontent de lui. Avec le même manque de respect, Bhrigu alla voir Shiva, qui entra dans une colère violente. Lorsqu’il s’approcha de Vishnu, il le trouva profondément endormi. Alors il posa son pied sur la poitrine de Vishnu pour le réveiller. Le dieu sursauta d’avoir été réveillé de manière aussi cavalière, et aussitôt, il se mit à masser le pied de Bhrigu avec affection en lui demandant : « Tu t’es fait mal au pied ? Je suis désolé. » C’est ainsi que Bhrigu découvrit que Vishnu était le plus grand des trois dieux.
La tolérance témoignée par le dieu dans cette histoire n’était pas le fait d’une faiblesse, mais de la générosité du cœur. De plus, elle venait d’un sentiment d’unité. Lorsque, dans notre sommeil, notre coude heurte une partie de notre corps, nous ne nous fâchons pas avec le coude, mais nous le massons. De même, l’hindouisme s’applique à voir l’humanité comme un seul grand corps.
L’hindouisme est un fleuve qui coule avec vivacité et sans répit ; l’hindouisme est un arbre qui grandit consciemment et divinement. L’hindouisme est diversité. L’hindouisme est unique dans son aspect maternel, béni par des enfants qui chérissent des conceptions diverses de Dieu. L’un de ses enfants dit : « Mère, il n’y a pas de Dieu personnel. » Elle répond : « Je vois, mon enfant. » Un second enfant dit : « Mère, s’il y a un Dieu, Il ne peut être que personnel. » « Je vois, mon enfant. » Répond-elle à nouveau. Et le troisième enfant dit : « Mère, Dieu est à la fois personnel et impersonnel. » Elle lui répond : « C’est bien, mon enfant. » Et maintenant, elle leur dit : « Soyez heureux, mes enfants, soyez heureux. Gardez vos propres croyances et apprenez à travers elles. Grandissez à travers elles et soyez toujours fidèles à vos idéaux. » C’est vraiment là le cœur maternel de l’hindouisme.
L’hindouisme s’accroche à la loi intérieure de la vie qui est l’héritage commun de l’humanité. Tant qu’une personne est un chercheur de Vérité, qu’il soit croyant, athée ou agnostique n’a pas d’importance. Chaque âme humaine a sa place dans l’idéal hindou de la spiritualité. Ces mots de Gandhi sont importants : « L’hindouisme est une poursuite incessante de la Vérité. C’est la religion de la Vérité. La Vérité est Dieu. Nous avons connu le déni de Dieu. Nous n’avons pas connu le déni de la Vérité. »