La compétition sportive optimisée par une dimension intérieure

Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy aux Editions La Flûte d’Or

Se mesurer à soi-même

Lorsque vous êtes en compétition, rappelez-vous que vous ne vous mesurez pas à la personne qui est à côté de vous ni à ceux qui sont devant ou derrière vous. Vous ne vous mesurez qu’à vous-même. Sinon, toutes sortes de mauvaises idées vous viendront à l’esprit. Votre attitude sera de battre quelqu’un coûte que coûte et ce sera votre destruction. Mais si vous ne courez avec d’autres concurrents que pour courir le plus vite possible et faire votre meilleur temps, alors quel que soit votre résultat, vous serez heureux.

Notre philosophie est la transcendance de soi. Il se trouve que j’ai été un athlète. Je peux dire que j’ai atteint un certain niveau et que je suis très fier de moi, mais il suffit que je regarde autour de moi pour constater que quelqu’un d’autre peut facilement me battre. C’est pourquoi, si on entre dans le monde de la compétition pour tenter de battre le monde entier, on sera forcément déçu. Nous pourrons être les premiers à un moment, mais l’instant d’après, quelqu’un d’autre nous dépassera. Dans le monde de la compétition, il n’y a donc jamais de paix ; il y a toujours quelqu’un de meilleur que soi. Mais si l’on essaye de ne rivaliser qu’avec soi-même pour améliorer son propre niveau, on sera toujours content.

La Joie est dans le progrès et non dans le succès

Nous courons au plus vite lorsque nous ne regardons ni à droite, ni à gauche. Si nous nous laissons distraire en pensant à une personne qui se trouve, soit à côté de nous, soit derrière nous, au lieu de penser au but lui-même, nous ne réussirons pas à atteindre le but. Ne pensez qu’à votre but, tout le temps, et votre problème sera résolu.

Il devrait toujours y avoir un but. Avoir un but ne signifie pas que nous devons essayer de battre les meilleurs coureurs du monde, loin de là. Il y a quelque chose d’essentiel, de nécessaire et d’inévitable que nous appelons progrès, et le progrès lui-même est l’expérience qui donne le plus de lumière.

Je pense que l’amélioration est nécessaire pour faire des progrès. Dans ce monde, nous ne sommes heureux que lorsque nous faisons des progrès. Si nous sommes satisfaits de ce que nous avons à présent et que nous ne voulons pas avancer, nous ne serons pas heureux.

La joie est dans le progrès et non pas dans le succès. Le succès termine notre voyage, mais le progrès n’a pas de fin. Lorsque vous avez un but fixe et que vous l’atteignez, c’est votre succès. Après cela, vous avez fini. Mais si vous n’avez pas de but fixe, si votre but est d’aller tout le temps plus loin, vous ferez constamment des progrès et vous obtiendrez la plus grande satisfaction. Alors ne vous contentez pas du succès. N’aspirez qu’au progrès. Chaque fois que vous faites des progrès, c’est là votre véritable succès.

 

Commentaire de Carl Lewis, champion olympique de sprint

images-4
Carl Lewis JO

« Croyez-moi, la joie qui vient du fait d’aller « au-delà » est le sentiment le plus incroyable au monde. Je l’ai ressentie plusieurs fois. Et j’ai aimé voir d’autres vivre cette expérience. La joie ultime vient lorsqu’on réalise son meilleur absolu, quelle que soit sa place à l’arrivée.
« Pour moi, les Jeux Olympiques sont incarnés dans un des passages préférés de Sri Chinmoy : « Tous les athlètes doivent garder à l’esprit qu’ils sont en compétition non pas avec d’autres athlètes mais avec leurs propres capacités. Quoi qu’ils aient déjà accompli, ils doivent aller au-delà.

 Si vous pensez devant la ligne de départ, vous aurez un départ catastrophique. Les moments les plus calmes que j’ai eus en compétition étaient juste avant le départ, cinq secondes avant le départ. Quand ils disaient : « À vos marques, à vos blocs… », c’étaient là mes moments les plus intenses de méditation. Je ne pensais à rien, je ne pensais pas à la course, à ce que j’avais à faire, à ma performance, à quelle place j’allais arriver. Mon mental devenait complètement figé pour pouvoir écouter le pistolet. Alors il pouvait y avoir des millions de gens et quelqu’un pouvait hurler dans mes oreilles, je n’entendais rien. Et le seul fait d’écouter le coup du pistolet était tellement paisible et calme. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais fait de faux départ, parce que je ne m’inquiétais jamais du son du pistolet avant qu’il ne parte.

Vous devez être un expert en concentration et en méditation parce que vous devez être capable de vous concentrer sur quelque chose à des moments très stressants. Vous devez pouvoir bloquer tout ce qui peut encombrer votre mental ou changer le cours de vos pensées, et vous devez aussi avoir la foi. La méditation m’a aidé à éliminer certains des problèmes qui surviennent en tant qu’athlète. Surtout pour un athlète de classe mondiale, il y a beaucoup de pression en compétition. La méditation m’a aidé à éliminer beaucoup de pression d’une part, en ayant la foi et d’autre part, en ne me souciant pas de ce que les autres faisaient sur le stade. Lorsque je médite, je me sens plus détendu et calme. C’est ça le truc : cela enlève la pression. C’est ce que je ressens le plus : la paix et la confiance. »

« Ce que d’autres appellent pression, je l’appelle aspiration. »

« À la maison, d’habitude, je médite, et sur le stade, je prie toujours. Il y a des jours où je préfère me contenter d’être calme et rester dans une conscience méditative, mais je dis toujours une prière. C’est une chose que je n’oublie pas de faire avant chaque compétition. Je ne pense pas à la course ; c’est bien plus. Je prie pour tous les athlètes, pour qu’aucun ne se blesse et que tous restent en bonne santé. Dans un entraînement mental, on se concentre sur soi-même pour battre les autres, mais dans la méditation, on se concentre sur soi-même pour donner le meilleur de soi. » 

« Si vous pouvez trouver une force provenant de l’intérieur et une puissance provenant de l’intérieur, avec cela, vous pouvez réaliser tous les buts que vous vous êtes fixés. » 

 

« Croyez-moi, la joie qui vient du fait d’aller « au-delà » est le sentiment le plus incroyable au monde. Je l’ai ressentie plusieurs fois. Et j’ai aimé voir d’autres vivre cette expérience. La joie ultime vient lorsqu’on réalise son meilleur absolu, quelle que soit sa place à l’arrivée.Pour moi, les Jeux Olympiques sont incarnés dans un des passages préférés de Sri Chinmoy : « Tous les athlètes doivent garder à l’esprit qu’ils sont en compétition non pas avec d’autres athlètes mais avec leurs propres capacités. Quoi qu’ils aient déjà accompli, ils doivent aller au-delà. »   —Carl Lewis

Pourquoi la compétition ?

Nous nous demandons parfois si cela vaut la peine de prendre tant de mal, de temps et de soin à ce que nous faisons. Mais dans la vie, nous agissons pour être satisfait. Nous ne ferons rien d’inutile si nous ne voyons pas ou ne ressentons pas de satisfaction au bout de notre accomplissement. Cette satisfaction peut être soit éphémère, soit durable.

Beaucoup d’athlètes ne trouvent d’inspiration et d’enthousiasme que lorsqu’ils se mesurent à d’autres. Je ne peux pas leur en vouloir. Si quelqu’un est en mesure de se mesurer à quelqu’un d’autre, cela veut dire qu’il est inspiré, il est enthousiaste. En entrant en compétition avec quelqu’un, il peut faire venir en avant ses meilleures capacités. Sinon, il pourrait être léthargique. Il pourrait ne pas s’entraîner chaque jour. La discipline physique n’entre en jeu dans sa vie que lorsqu’il sait qu’il doit entrer en compétition avec quelqu’un, autrement il ne prendrait pas son entraînement au sérieux.

Notre but ne devrait pas être de dépasser les autres, mais de constamment dépasser nos propres résultats précédents. Nous ne pouvons estimer correctement notre capacité sans certains niveaux de comparaison. C’est pour cela que nous faisons de la compétition : non pas pour battre les autres, mais pour faire venir en avant notre propre capacité. Notre meilleure capacité ne se manifeste que lorsqu’il y a d’autres personnes autour de nous. Ces personnes nous inspirent à faire venir en avant nos aptitudes les meilleures et nous les inspirons en retour à faire venir en avant leurs aptitudes les meilleures.

Si vous participez à des courses, cela ajoutera à votre force et à votre détermination dans les mondes intérieurs. En pratiquant chaque jour, vous n’avez en général pas la même forme de détermination que lorsque vous courez une course. Dans une course, même si vous êtes un piètre coureur, vous êtes déterminé à faire de votre mieux, alors vous rassemblez toutes vos forces et votre détermination intérieures. Cette détermination entre aussitôt dans la Conscience Universelle, et se répand comme un feu de paille. Et ensuite, un coureur en Australie ou en Afrique ou n’importe où ailleurs dans le monde ressentira soudain une explosion d’énergie. Elle viendra de vous et de personne d’autre.

  

Restez intériorisé avant les grandes courses

« Avant les éliminatoires des Jeux Olympiques de 1996, mon ami, Sri Chinmoy m’a appelé de New York pour me souhaiter bonne chance pour les éliminatoires. Il m’a également offert ses conseils : « Prends ton temps pour être tranquille. Il va y avoir tellement d’activités, tellement de distractions, tellement de gens qui vont parler autour de toi et sur toi. Ne permets à personne d’épuiser l’énergie de ton cœur. » C’était là un conseil qui fait partie des grands classiques de Sri Chinmoy. Ses pensées sont tellement directement branchées sur le cœur. Elles proviennent du cœur et conduisent au cœur. Pour finir, Sri Chinmoy m’a suggéré de trouver une heure par jour pour être seul et en silence. Pas de télévision, pas de téléphone, pas d’amis ni de partenaires d’équipe. Moi seul et mes pensées, et une chance de me connecter à une puissance supérieure. » —Carl Lewis

« Je commence ma préparation et ma concentration pour mon épreuve non pas une ou deux heures avant, mais un jour ou deux avant. J’essaye autant que possible de plonger en moi, de moins voir de monde. Aux conférences de presse, j’essaie de ne pas être trop ouverte. Je préserve mes émotions, je les garde en moi, sinon, quand je parle avec mon cœur, cela m’enlève toute mon énergie. Quand je reste concentrée en moi, je réfléchis à des choses sérieuses, je ne vois que mes proches et les gens que j’aime. J’essaye de garder mon cœur brûlant et mon mental frais. À ces moments-là, j’aime parler de philosophie, des buts de la vie. Cela me permet de rester concentrée sur la compétition.»    —Tatyana Lebedeva

 

Participer à une compétition

Il faut se dire que nous ne sommes pas les acteurs, le seul Acteur est le Suprême. Nous devons ressentir que l’inspiration de notre action ne vient pas de nous, et que le fruit de l’action ne nous appartient pas non plus. Avec le sentiment de n’être que des instruments du Suprême, nos actions peuvent être parfaites.

La nervosité n’apparaît que lorsque nous pensons être les acteurs. Mais si l’Acteur est quelqu’Un d’autre, nous ne sommes alors que les témoins de l’action. Notre succès ou notre échec dépendent de Lui. Contentons-nous d’être de bons instruments. Par contre, si nous avons l’impression d’être ceux qui agissent, c’est là que les problèmes commencent.

Avant le départ de la course, méditez avec la plus grande ferveur pendant cinq minutes. Essayez de ressentir que ce n’est pas vous qui faites la compétition, mais que quelqu’Un d’autre court en vous et à travers vous. Vous n’êtes que le témoin, le spectateur, et comme c’est quelqu’Un d’autre qui court, vous avez toute la liberté de regarder et d’apprécier la course. Pendant la compétition, il est parfois très difficile d’apprécier la course. Soit l’esprit de compétition ou la frustration vous tuent, soit votre corps ne répond pas à votre volonté mentale et vous avez vraiment l’impression de mourir. Tant de problèmes peuvent survenir.

Mais avant de partir, si vous pouvez vous convaincre que vous êtes un observateur divin et que quelqu’Un d’autre fait la compétition en vous, à travers vous et pour vous, alors la peur, le doute, la frustration, l’anxiété et toute autre force négative ne pourront pas assaillir votre mental. Dès que ces pensées occupent le mental, elles essaient d’entrer dans le vital, puis dans le physique. Une fois dans le physique, elles créent de la tension et cela vous fait perdre tout votre pouvoir de concentration. Mais si vous pouvez vraiment ressentir que vous n’êtes pas le concurrent et que vous observez la compétition du début à la fin, vous n’aurez pas de tension et ces forces ne vous attaqueront pas. C’est la seule manière de vaincre ces forces et de maintenir le plus haut niveau de concentration du début à la fin.

Détendez-vous

La relaxation est d’une importance capitale pour tous les athlètes. Vous devez commencer par vous détendre psychiquement, dans votre cœur. Puis vous devez vous détendre au niveau mental, puis vital et enfin physique. Si vous êtes détendu au moment où vous voulez agir, vous recevez une force dans votre cœur, dans votre mental, dans votre vital et dans votre physique. Vous recevez également une force dans votre âme. Ce sont cinq forces importantes, des forces intérieures, qui vous aident secrètement. La relaxation signifie une aide du monde intérieur secret. Aussi la relaxation est-elle d’une importance capitale dans tout ce que vous faites. Mais il faut que ce soit de la relaxation, et non pas un plaisir procuré par la léthargie. La relaxation peut s’établir très vite si vous pouvez rendre votre mental calme, silencieux, vide. En rendant votre mental calme et silencieux, vous verrez que vous pourrez détendre très rapidement toutes les parties de votre être.

La pureté gagne

Prenons deux athlètes du même niveau sur le plan physique, dont vous-même. Si vous êtes pur et l’autre ne l’est pas, que va-t-il se passer ? Si vous avez vraiment le même niveau, vous battrez assurément l’athlète impur. Dès que vous toucherez votre poids, vous serez capable de contrôler vos pensées mentales, comme vos pensées vitales et vos pensées physiques. Mais lorsque l’autre athlète tiendra son poids, il regardera autour de lui pour voir si les autres le regardent. Or dès qu’il pense aux spectateurs, il perd une partie de sa force. Dès qu’il s’identifie avec le public, il reçoit leurs soucis, leur anxiété et leurs tensions. Par contre, si vous êtes pur, lorsque vous lancez le poids, dès que vous le prenez, il n’y a plus que vous et le Suprême. Vous ne permettez pas à votre vital de venir en avant. Vous n’ouvrez ni la porte physique, ni la porte mentale. La pureté est votre garde du corps. Elle ne permet à aucune mauvaise force d’entrer en vous. Vous n’avez pas la moindre idée de qui est bon, qui est mauvais, qui est votre ennemi. Votre pureté-gardienne est très stricte. Elle ne laissera rien de mauvais entrer dans votre mental. Ainsi, entre deux athlètes de même capacité, le plus pur des deux gagnera à coup sûr parce qu’il ne permettra à aucune force extérieure de l’attaquer au moment de la compétition.

Comment rester calme en cas de problèmes

Vous devez être, soit intelligent, soit connecté à votre vie intérieure. Si vous êtes intelligent, vous pouvez vous dire que ça pourrait être pire ; en disant cela, vous trouverez une certaine relaxation et une paix de l’esprit, ou une tranquillité. Mais si vous êtes connecté à votre vie intérieure, vous pouvez méditer avec force 15 à 20 minutes avant la course. Cela vous permettra d’acquérir une immense force mentale. Une fois que vous aurez acquis cette force, aucun des problèmes qui peuvent surgir pendant une course ne pourra vous déranger. Votre force mentale pourra vaincre la force de ces soi-disant problèmes avant et pendant la course.

Comment garder le rythme lorsqu’on court seul

À ce moment-là, il faut utiliser son chronomètre. Si vous savez que vous pouvez courir sept miles à une vitesse inférieure à cinq minutes par mile, essayez d’améliorer votre capacité. Vous êtes peut-être en avance sur les autres coureurs, mais vous n’êtes pas en avance sur votre meilleur temps possible. Supposons que vous comptiez courir à une vitesse de 4:30/mile (2:48/km), et que tous les autres coureurs se trouvent derrière vous : du coup, vous n’êtes pas inspiré ou vous n’avez pas envie de vous battre. Regardez simplement votre chronomètre et considérez-le comme un autre rival ou un concurrent. Vous serez alors inspiré à courir plus vite.

Lorsqu’on a envie d’abandonner une course

Faisons appel à la sagesse à tout moment. Parfois, nous sommes physiquement fatigués. D’autres fois, nous sommes mentalement fatigués, ou encore émotionnellement fatigués. Et puis, nous pouvons aussi être fatigués sans aucune raison. Notre léthargie mentale nous fait souvent ressentir que nous ne sommes pas capables de finir la course, ou que si nous la finissons, elle n’aura aucun intérêt pour nous. Notre mental a tellement de manières de nous convaincre qu’il est vain et inutile de continuer. Le mental nous fait ressentir que nous nous tuons sans aucune raison.

Lorsque la léthargie mentale ou notre propre mauvaise volonté nous torturent, nous ne devons pas nous soumettre à ces mauvaises forces. Notre devise est : « Ne jamais abandonner ! ». Ce n’est qu’après avoir donné tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes que nous pouvons abandonner, si c’est absolument nécessaire. Sinon, nous faisons la pire des erreurs. La plupart du temps, il y a toutes les chances que nous soyons capables d’arriver à notre destination. Et une fois arrivés à notre destination, nous serons les plus heureux et les plus fiers des coureurs.

Même si vous pensez que vous n’arriverez pas à atteindre votre but, n’abandonnez jamais une course. Si vous abandonnez une fois, vous abandonnerez une autre fois. Vous devez accepter de pouvoir courir une mauvaise course et savoir que le sport ne consiste pas seulement à gagner des médailles ou à être le numéro un. Je crois fermement que l’homme ne se mesure pas seulement à ses performances extérieures mais également à ses accomplissements intérieurs. Terminer une course qui se passe mal et accepter son issue peut être un grand accomplissement. Le sport n’est pas la vie tout entière. Une mauvaise performance est toujours un nouveau défi. » —Paul Tergat

Au delà du résultat

La défaite peut être une réalité qui nous prépare secrètement à courir plus vite.

Enfants, nous avons appris à marcher au prix de nombreuses chutes. De même, nous ne devenons des coureurs rapides qu’au prix de nombreuses courses perdues. Nous ne devenons de bons lutteurs qu’au prix de nombreuses défaites. Si je suis malheureux en voyant quelqu’un d’autre que moi gagner une course, cela ne m’aidera pas. Mais si je peux apprécier sa vitesse, une partie de sa capacité entrera automatiquement en moi. Une appréciation sincère nous fait gagner en capacité. Lorsque je vois quelqu’un courir à toute vitesse, je sens vraiment que je suis cette personne. Si vous pouvez vous identifier avec le succès des autres au lieu de les envier, vous trouverez beaucoup plus de joie dans votre vie. Et bien sûr, si vous pouvez vous identifier également avec leurs défaites, vous apprendrez la compassion et la bonté en même temps que vous enrichirez votre propre expérience.

Si vous méditez, vous pourrez facilement ressentir la même joie que celle du gagnant, même si vous perdez. Et de plus, vous pourrez ressentir la joie du gagnant comme votre propre joie, bien à vous. Ce n’est pas une illusion, car la méditation vous donne la force de l’unité. Ainsi le gagnant et le perdant peuvent-ils s’identifier l’un à l’autre grâce à leur méditation. De plus, si vous êtes le gagnant et si, par la force de votre méditation, vous pouvez établir votre unité solidaire avec le perdant, vous trouverez non seulement la joie de votre victoire, mais une joie supplémentaire. Vous augmenterez votre bonheur en vous identifiant avec le perdant. Votre solidarité et votre sollicitude vous offriront une grande satisfaction, une forme de satisfaction que vous n’avez pas en gagnant.

Un athlète pratique sérieusement pendant trois ou quatre mois et ensuite, pendant la compétition, il doit montrer ce dont il est capable. S’il ne réussit pas bien, il pourra se dire : « Oh, j’ai fait tant de sacrifices pendant tant de mois, quel résultat déplorable! ». Mais en réalité, ce n’était pas un sacrifice. Il a donné de lui-même pendant un certain temps, et maintenant, il reçoit le résultat sous forme d’expérience. L’aspirant qui reconnaît son unité intérieure avec le reste du monde ne se sentira ni triste, ni désespéré s’il ne réussit pas très bien. Ce genre d’expérience —le succès comme l’échec— est absolument nécessaire pour tout le monde.

Du point de vue spirituel, on dit qu’il n’y a pas de sacrifice lorsqu’il y a un sentiment d’unité. Par contre, là où il y a un sentiment de pluralité, il y a toujours un sacrifice ; sinon, tout est unité, toute unité. Si je fais ceci et vous faites cela, tout fait partie du Jeu Cosmique de Dieu. Il n’y a ni moi ni vous, il n’y a ni gagnant ni perdant. Tout n’est qu’une seule réalité, une réalité-unité.

Chaque fois que nous défions quelqu’un, nous nous affaiblissons intérieurement. Mais lorsque nous établissons notre unité avec quelqu’un, nous recevons une force. Lorsque vous établissez votre unité avec les autres, vous étendez immédiatement votre conscience. Si quelqu’un fait quelque chose de bien, vous devez avoir le sentiment que c’est vous qui l’avez fait. Les autres devraient ressentir la même chose lorsque vous faites quelque chose d’important. Chaque fois qu’un individu fait quelque chose de vraiment bien, nous devons ressentir que c’est notre inspiration et notre aspiration conscientes qui ont permis à cette personne de réussir son entreprise. Avec cette attitude de travail d’équipe, nous pourrons conquérir l’ego. Conquérir l’ego, c’est gagner une liberté illimitée. L’ego humain ne peut jamais, dans aucune circonstance, faire l’expérience de la véritable joie intérieure. La joie intérieure véritable se crée d’elle-même. Elle ne dépend d’aucune circonstance extérieure ni d’aucun accomplissement.

•••

L’athlète peut trouver la paix grâce à son sentiment d’unité avec les autres. Avant de commencer la compétition, il peut prendre simplement une petite seconde pour se dire : « Quel que soit celui qui sera premier, je serai également heureux, parce que celui qui va gagner est de toutes façons mon frère ou ma sœur. Si je ne courais pas, ou si je ne sautais pas, il n‘y aurait pas de compétition, et cette personne ne pourrait pas être un vainqueur. Et par ailleurs, si je gagne, ce n’est que parce que d’autres ont également couru et sauté. »

Si nous pensons à l’unité avant d’agir, et si nous pouvons maintenir ce sentiment d’unité pendant et après notre action, la paix règnera toujours. Du début à la fin, nous devons chanter le chant de l’unité. Si par exemple, nous courons un marathon avec des milliers de gens courant vers la même destination, et un coureur arrive le premier, et moi le dernier ; si j’ai pu établir mon unité avec les autres coureurs, je serai tout aussi heureux parce qu’ils font tous partie intégrante de ma vie. Et je ne me sentirai pas désespéré parce qu’une partie de moi a atteint le but avant une autre partie. Sans unité, quoique nous fassions, nous ne sommes pas heureux. Même lorsque nous réussissons, la joie que nous avons ne dure pas.

Quand je regarde une saison comme 1996, le but ultime pour moi n’était pas nécessairement de gagner la médaille d’or du saut en longueur. Bien sûr, j’ai été content de le faire, mais le but ultime pour moi était de gagner la médaille d’or de l’effort. Même si vous gagnez, (j’ai eu de petites victoires comme de très heureuses défaites), en fin de compte, ce que vous voulez, c’est ressentir que vous avez tout donné parce qu’à ce moment, vous pouvez accomplir la seule chose que vous puissiez accomplir : donner votre meilleur effort. C’est vraiment tout ce qui compte. C’est cela qui fait la différence entre beaucoup de grands athlètes et de grandes personnalités dans notre société. Il y a ceux qui peuvent se permettre d’être détachés du « gagner et perdre », des bonnes et des mauvaises courses, et qui se contentent de dire : « Tout cela et en fait tout ce que je fais dépasse en fin de compte mon contrôle. Je fais simplement de mon mieux et je permets à quelque chose de se passer ; je peux être comblé autrement. »

« Ce que vous devez faire, c’est vous préparer physiquement, émotionnellement et spirituellement pour accepter ce qui se passe un jour donné. Et c’est ce que beaucoup de gens ont peur de faire, c’est de se dire « Bon, j’ai fait tout ce que je pouvais. Tout ce qu’il me reste à faire en ce moment, c’est de courir : le reste n’est pas entre mes mains. » Beaucoup de gens veulent tout contrôler. Ils n’arrivent jamais vraiment au succès qu’ils pourraient atteindre parce qu’ils croient pouvoir contrôler leurs performances ; ils pensent pouvoir contrôler tout ce qu’ils font ce jour-là, alors ils essaient trop de contrôler au lieu de permettre à tout de se produire. Cela fait une grande différence.
« Vous voyez des athlètes qui sont tellement obsédés par leurs performances —« il faut que je batte le record cette fois-ci »— qu’ils semblent ne jamais être contents. Il peuvent battre des records du monde, parce qu’ils contrôlent leur performance et ne permettent pas simplement le « je suis plus rapide que toi » de se produire. Donc c’est beaucoup plus que le simple « j’ai franchi la ligne le premier ». Il y a un processus de « est-ce que je me suis consacré entièrement à cette performance ? Est-ce que j’ai travaillé aussi dur que je pouvais ? Est-ce que j’ai fourni 100% d’efforts ? Est-ce que je me suis permis d’accepter tout ce qui pouvait m’aider à devenir le meilleur possible ? »  —Carl Lewis

Si je considère la défaite comme la victoire comme une expérience, aucun doute ne peut entrer en moi. Le fait de ne pas être capable de faire quelque chose est une expérience, et le fait d’être capable de faire quelque chose est également une expérience. Alors pourquoi douter ? Je considère l’expérience que je traverse dans la victoire et celle que je traverse dans la défaite comme deux expériences également bonnes, aussi le doute ne peut-il me torturer. Il ne me torture que lorsque je dis : « Que va-t-il m’arriver si je n’agis pas, ou que je ne peux pas agir ? » Mais si je n’agis pas, le monde ne va pas s’écrouler ; et si j’agis, cela ne sauvera pas le monde. Si je perds, l’expérience que je reçois vient de l’Au-delà. Et si je gagne, l’expérience vient également de l’Au-delà.

En considérant la victoire et la défaite comme égales, il ne peut y avoir aucun doute, quel qu’il soit. Je suis aussi heureux de pouvoir faire quelque chose ou de ne pas pouvoir le faire, parce que ces deux résultats ne sont finalement que des expériences que je vis, et ces expériences, c’est mon Pilote intérieur qui les vit Lui-même en moi et à travers moi.

Ne pensez pas à l’échec ; soyez joyeux. Si vous avez échoué auparavant, dites-vous que ce jour n’a jamais existé. Rendez votre mental frais et propre. Vivez avec un nouvel espoir et une nouvelle promesse.

L’idée d’échec est une chose déplorable dans la vie de quelqu’un, que ce soit dans le soulever de poids ou dans toute autre discipline. Nous ne devons jamais aimer l’idée d’échec. Nous devons toujours avoir le sentiment de réussir. Il n’y a rien de tel que l’échec permanent. L’échec n’est que temporaire. Même si nous échouons aujourd’hui, demain, nous réussirons à coup sûr.

L’échec est une expérience qui nous éveille. Le succès est une expérience qui nous donne l’énergie pour nous battre pour un succès plus élevé et plus grand.

Enrichir votre entraînement : discipline, nouvelle énergie, enthousiasme, repos

Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy aux Editions de la Flûte d’Or

images-1

Avant de courir, de sauter ou de commencer ses activités physiques, un athlète qui a une quête spirituelle devrait toujours offrir quelques moments de gratitude à son Pilote intérieur pour l’inspirer à devenir un athlète. Un athlète est celui qui court, qui apprécie le temps et la vitesse et qui croit en un but qui ne cesse d’avancer. Il y a des millions et des milliards de gens sur terre qui ne sont pas des athlètes. Mais s’il est déjà un athlète,  il peut en être reconnaissant et ainsi augmenter sa force de réceptivité. Dès que sa force de réceptivité augmente, sa capacité athlétique augmente aussitôt, car c’est la réceptivité qui augmente la capacité. Dès qu’il développe sa réceptivité, il est béni par davantage de capacité, une capacité abondante, une capacité illimitée. Et pour augmenter sa réceptivité, il n’y a qu’une seule manière : offrir son cœur de gratitude pour tout ce qu’il est déjà devenu. La gratitude signifie l’offrande de soi à son soi le plus élevé. Votre gratitude ne va à personne d’autre ; elle va à votre propre soi le plus élevé. La gratitude vous aide à vous identifier et à ressentir votre unité avec votre propre réalité la plus élevée.

L’Art de la Discipline

Soyez discipliné tout en aimant votre entraînement

« Avec le temps, j’ai fini par comprendre que lorsque vous êtes physiquement fort, vous pouvez faire des milliers de sauts qui peuvent tous être techniquement parfaits. Cependant, si vous n’avez pas mis d’âme dans vos sauts, ils seront bons à rien. D’autre part, vous pouvez ne faire que dix sauts, mais si vous les faites de tout votre cœur, ils pourront inspirer quelqu’un. Cette inspiration vous reviendra, et vous apportera une véritable satisfaction, ainsi qu’une vraie joie, une vraie élévation et vos performances seront vraiment plus faciles. » Tatyana Lebedeva

tatianalebedeva
Tatyana Lebedeva (Russie) 3 fois championne du monde en triple saut, médailles olympiques or et argent en saut en longueur

Un athlète est un artiste. Un artiste est celui qui a discipliné sa vie pour découvrir la Vérité qui se manifeste de nombreuses manières. L’art suprême est une vie disciplinée. Celui qui discipline sa vie est un grand explorateur de vérité, de lumière, de beauté, de paix et de béatitude.

Afin de devenir un bon athlète, il faut discipliner considérablement sa vie. Il faut se lever tôt le matin pour pratiquer, et il faut à nouveau pratiquer intensément à midi ou le soir. On ne peut pas avoir la léthargie, l’indolence et le manque de ponctualité comme amis. La vie disciplinée d’un athlète est donc déjà la preuve qu’il est un artiste.

L’athlète a déjà le sens de la discipline —la discipline du corps. La discipline de la conscience physique est d’une importance capitale, parce que la mise en place de la discipline physique demande du temps. On peut facilement discipliner la conscience psychique, la conscience mentale et la conscience vitale à travers la prière et la méditation. Mais cela prend beaucoup de temps de discipliner la conscience physique, parce que notre physique est comme un singe très malin. Etablir une paix disciplinée dans notre conscience physique est une tâche de longue haleine. C’est pourquoi l’athlète qui a réussi à mettre en place cette discipline dans sa vie extérieure est sans nul doute un artiste du point de vue spirituel.

L’Energie cosmique

On peut faire descendre en soi l’énergie cosmique en entrant dans notre conscience la plus profonde, la conscience qui embrasse tout, qui se trouve ici, là et partout à la fois. Il y a différents types de consciences dans les mondes spirituels. C’est la conscience intérieure, la conscience la plus intérieure, qui touche les sources de l’énergie cosmique. Si nous arrivons à avoir libre accès à notre conscience la plus profonde, nous y trouvons inévitablement l’énergie cosmique. Lorsqu’on va profondément en soi, elle jaillit comme une source, une source intarissable, et elle inonde le corps tout entier.

Nous avons plus de 86 000 nerfs subtils et trois nerfs principaux. Ceux-ci se nomment Ida, Pingala et Sushumna. Ce dernier est très étroitement relié à l’énergie cosmique. Il peut attirer en lui une très grande quantité d’énergie de l’univers en un rien de temps. Celui qui sait se concentrer et bien méditer peut avoir libre accès à cette énergie cosmique qui a une origine parallèle à celle de la Vision Cosmique de Dieu.

La source de l’énergie physique

Sachons que l’énergie physique n’a qu’une seule source, et cette source est l’énergie spirituelle. Tant que l’on reste dans la conscience physique, on n’en est pas conscient. Mais lorsqu’on va profondément en soi, on voit que l’énergie spirituelle est la source de l’énergie physique, vitale et mentale.

Vous recevez toute votre force, votre énergie et votre détermination d’un endroit particulier. Cet endroit est votre cœur et votre âme. Essayez de ressentir que toute votre force, votre détermination et votre force de volonté se trouvent dans cet endroit particulier, là, dans votre cœur.

Votre détermination doit être reliée à une source plus profonde. Les disciplines extérieures, mentale, physique ou vitale, ne peuvent réussir tant qu’elles ne sont pas soutenues par la force de volonté indomptable de l’âme.

Rafraîchissez votre entraînement

Une manière de maintenir la fraîcheur et l’enthousiasme dans votre entraînement est d’avoir le sentiment d’avoir un but clair, significatif et productif. En gardant à l’esprit ce but significatif et productif, l’enthousiasme et la fraîcheur apparaîtront automatiquement. En effet, si l’on donne sa valeur au but, le but lui-même nous procure enthousiasme et fraîcheur. Pour surmonter ses réticences, il faut avoir un but et il faut essayer d’atteindre ce but.

Si vous ne trouvez pas assez de joie dans la course, apportez de la variété dans votre course. Ne courez pas à la même vitesse ou la même distance chaque jour. Changez de distance ou de vitesse chaque jour.

Chaque jour doit venir à vous comme un nouvel espoir, une nouvelle promesse, une nouvelle aspiration, une nouvelle énergie, un nouveau frisson et un nouveau bonheur. Lorsque le jour poindra à nouveau demain, vous aurez déjà vu des milliers de jours, alors si vous accueillez ce jour comme un jour identique à tous ceux que vous avez déjà vus, vous ne ferez aucun progrès. Vous devez avoir le sentiment que demain sera quelque chose d’absolument nouveau que vous allez créer dans votre vie.


Faut-il courir même lorsqu’on est extrêmement fatigué ?

En règle générale, il n’est pas recommandé de courir lorsqu’on est extrêmement fatigué, parce que cela ne nous apporte aucune aide. Au contraire, la course nous fatiguera et nous détruira davantage et elle nous laissera un goût amer dans le mental. Mais parfois, il arrive que nous nous sentions extrêmement fatigués alors que nous ne sommes pas vraiment fatigués physiquement. Nous ne sommes fatigués que mentalement ou émotionnellement, mais le mental nous convainc que nous le sommes physiquement. Notre léthargie humaine est tellement maligne ! Elle agit comme un filou, un parfait filou, et nous sommes ravis de traiter notre corps avec compassion. Nous inventons toutes sortes de justifications à la léthargie de notre corps et nous nous persuadons que notre corps mérite de se reposer. Là, il faut être sincères avec nous-mêmes. Si nous sommes vraiment très fatigués, il vaut mieux ne pas courir. Mais nous devons être sûrs que ce n’est pas la conscience de notre mental léthargique, notre vital léthargique ou notre physique léthargique qui nous fait ressentir cette énorme fatigue. Nous devons conquérir ce genre d’habileté de notre intelligence.

Nous pouvons défier le mental rusé avec notre pouvoir d’imagination et gagner sur lui. Nous nous affaiblissons en imaginant que nous sommes faibles. Mais inversement, nous pouvons nous renforcer en imaginant que nous sommes forts. Notre imagination nous oblige souvent à nous dire que nous ne pouvons pas faire quelque chose ou que nous ne pouvons pas dire quelque chose. Nous utilisons souvent l’imagination à tort, alors, au lieu de la laisser nous faire reculer, utilisons la pour avancer vers notre but.

Votre patron, c’est le cœur

Ne permettez pas au mental d’être votre patron. Soyez le patron de votre mental. Supposons qu’un jour vous vous reposiez. Le mental vous dira que vous n’avez pas fait d’entraînement pendant plusieurs jours. Toutes sortes de soucis et d’anxiétés viendront à vous et vous donneront l’impression d’avoir pris trop de jours de repos. Le mental pourra vous dire que vous avez perdu un peu de vos capacités ou que vous n’êtes plus aussi ardent, aussi sincère, aussi sérieux. Ce mental rusé vous dira le jour suivant que si vous aviez été sincère et sérieux, vous vous seriez aussi entraîné la veille. En vous disant que vous n’êtes pas sérieux et que vous n’êtes pas sincère, le mental vous affaiblit.

À ce moment, il faut devenir le patron de votre mental. Le juge final doit être le cœur. Quoi que vous fassiez, le cœur vous dira que vous avez fait ce qu’il fallait. Si vous vous arrêtez après quinze lancers, le cœur vous dira que vous avez fait absolument ce qu’il fallait. Le mental, lui,  dira : « Non, j’aurais du en faire deux ou trois de plus. J’aurais probablement fait mieux. » Mais si vous aviez fait plus, vous vous seriez peut-être blessé au lieu de vous améliorer. N’écoutez pas du tout le mental. Quoi que vous fassiez, faites le joyeusement et avec enthousiasme. Le jour où vous vous reposez, ressentez que c’est pour vous la meilleure chose à faire. Le jour où vous vous entraînez, ressentez que c’est ce qu’il vous faut. Quoi que vous fassiez, dites vous que vous faites absolument ce qu’il faut. Si, lorsque vous faites quelque chose, vous pensez que çà n’est pas bien, le mental vous enlèvera toute joie, tout enthousiasme, toute ardeur et toute bonne volonté.

Votre joie est votre force.

Votre joie vous donnera confiance ; la confiance vous donnera de la joie. Si vous faites du saut en hauteur ou tout autre chose, ressentez que vous le faites pour vous rendre heureux. Tout ce que vous faites, faites le joyeusement. N’ayez aucun regret, en vous disant : « Oh, j’aurais du faire ceci, j’aurais du faire cela. » Non, tout ce que vous avez fait, dites vous que c’est absolument ce qu’il fallait faire. Cela vous donnera de la joie. Une fois que vous avez terminé, ressentez que vous avez fait de votre mieux. Si vous vous dites : « J’aurais dû faire autre chose », cela vous affaiblira. Alors vous ne pourrez pas effectuer vos autres disciplines correctement.  Faites toujours tout aussi bien que possible, et puis dites vous ensuite : « J’ai fait ce qu’il fallait. Si je me suis reposé, c’est que c’était absolument nécessaire. Si je ne me suis pas reposé, c’est que cela n’était pas nécessaire. » Convainquez toujours votre mental avec joie, beaucoup de joie.

Repos et sommeil

Un océan de paix

Il y a une méthode yoguique pour se reposer. En une seconde, vous pouvez gagner le repos de quinze minutes, une demi-heure et voire plus. Comment trouver ce genre de repos ? Lorsque vous allez vous coucher le soir, ressentez que votre corps entier, de la tête aux pieds, est devenu un océan de paix. Vous êtes devenu la paix même. Essayez de ressentir consciemment que vous n’êtes plus le corps, mais que vous êtes une expansion infinie de la paix. Lorsque vous pourrez ressentir consciemment cette paix, vous verrez que votre corps physique a fusionné avec elle et a complètement disparu dans l’océan de paix. Si vous arrivez à faire cet exercice convenablement, vous aurez besoin de très peu de sommeil.

Tôt le matin, lorsque vous avez du mal à vous lever, essayez de ressentir que votre corps tout entier, de la tête aux pieds, représente un océan de paix. Ressentez que vous êtes devenu la paix même. Vous pensez que vous avez de la force lorsque votre corps est actif et en mouvement ; mais la véritable force se trouve dans la paix intérieure et non pas dans l’action extérieure. Lorsque vous possédez de la paix en abondance, vous possédez la source de l’énergie dynamique ordinaire. Si vous faites appel à l’énergie dynamique qui se trouve en vous sous forme de paix, vous pourrez facilement vous lever.

La méditation fait descendre la paix en soi

Cette paix donne de l’énergie au corps tout entier. Lorsque votre corps tout entier est surchargé de paix, vous avez besoin de moins d’heures de repos. Parfois deux heures de repos vous donneront une grande énergie. Inversement, vous pourrez passer des heures et des heures au lit sans trouver de véritable repos. Ce qui compte, ce n’est pas tant le nombre d’heures de sommeil que la manière dont vous dormez. Si vous trouvez difficile de vous lever le matin, sachez que pendant vos huit heures de sommeil, vous n’avez peut-être pas eu une seule heure de bon sommeil.

Maintenir son enthousiasme

Dans les courses de courtes distances —de cent mètres à un mile—, il est facile de maintenir son enthousiasme. Vous avez une explosion d’énergie ou d’inspiration, et vous partez. Mais pour les longues distances, il est très difficile de maintenir son enthousiasme. Il y a de nombreuses manières de le faire lorsque vous fatiguez dans les courses de longues distances, mais en voici deux qui sont particulièrement efficaces.

 L’enthousiasme d’un enfant de six ans

Pendant que vous courez, ne pensez pas que vous avez vingt-cinq ou trente ans. Pensez que vous avez six ou sept ans. À l’âge de six ou sept ans, un enfant ne s’assied pas, il ne fait que courir à droite et à gauche. Alors imaginez l’enthousiasme d’un jeune enfant et identifiez vous, non pas à l’enfant, mais à la source de son enthousiasme. C’est là l’une des manières.

Identification avec les coureurs les plus rapides

L’autre manière secrète, si vous courez une course de longue distance, est de s’identifier avec dix ou vingt coureurs qui sont devant vous. Imaginez simplement comme ils inspirent et expirent. Et puis, pendant que vous inspirez, ressentez que vous inspirez leur propre souffle et que l’énergie des vingt coureurs entre en vous. Et puis, lorsque vous expirez, ressentez que tous les vingt coureurs expirent votre fatigue et votre manque d’enthousiasme. Ainsi, occultement ou secrètement, vous inspirerez le souffle de vingt coureurs à la fois.

Cette énergie que vous recevez n’est autre que de l’enthousiasme. Elle vous fera avancer de dix pas. Mais souvenez vous que vous inspirez leur souffle, leur inspiration et leur détermination, et non pas leur fatigue. Vous devez ressentir que leur souffle est comme de l’eau propre distillée. Si vous pensez que quelqu’un est à l’agonie, le souffle de cette personne ne vous aidera pas. Mais si vous pensez à quelqu’un qui court plus vite que vous, son énergie vous aidera. Vous ne la volez pas : vous ne faites que prendre l’énergie spirituelle qui se trouve autour de lui et en lui, comme elle est en vous également. Mais comme il court plus vite, vous en êtes plus conscient que lui.

 

La Voie naturelle

Je prie Dieu afin que les gens abandonnent le plus vite possible tout ce qui n’est pas naturel, tout ce qui est néfaste pour la santé et qui endommage le corps physique ou subtil. Les drogues qui rendent plus fort que tout sur le plan physique finiront sans aucun doute par avoir des effets secondaires immédiats sur le plan intérieur. Sur le plan physique également, ils verront ces effets secondaires s’installer lentement, mais sûrement. Alors je prie de toutes mes forces l’homme et Dieu afin que les gens ne prennent rien qui ne soit pas naturel, parce que ces substances qui ne sont pas du tout divines finiront un jour ou l’autre par les détruire. Dans l’immédiat, ces produits peuvent apporter un certain succès, mais ils peuvent détruire le potentiel et les capacités infinies que chacun possède pour faire quelque chose non seulement pour lui-même, mais également pour l’humanité. Lorsque vous faites bien quelque chose, vous aidez l’humanité. Si vous faites quelque chose de mal, ne pensez pas que vous serez le seul affecté. Non, tout le monde sera affecté. En faisant quelque chose de mal, on fait descendre le progrès de l’humanité.

Ecarter les stéroïdes

Il est tout à fait possible de se placer parmi les meilleurs du monde sans utiliser de stéroïdes. Un jour, dans un futur proche, des athlètes seront capables de battre tous les records du monde et d’améliorer les niveaux mondiaux sans utiliser aucune drogue.

La nature incarne l’énergie cosmique. Cette énergie cosmique est infiniment plus forte que tous les produits chimiques fabriqués par l’homme. Cette énergie provient de la Source ultime et nous conduit vers la Source ultime tout en nous comblant et en nous satisfaisant. Les produits chimiques et autres produits artificiels finiront par échouer parce qu’ils ne sont pas naturels.

Autres sujets de ce chapitre :

Améliorer sa vitesse

Renforcer les jambes

Les hauts et les bas

 Rester en bonne santé

Pourquoi est-ce que je me blesse lorsque je fais plus de sport ?

Pourquoi se blesse-t-on sans raison apparente ?

Faut-il souffrir pour réussir ?

Carl Lewis, le champion intérieur : rencontre avec Sri Chinmoy

Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy, aux Editions La Flûte d’Or

carllewisckg
Carl Lewis et Sri Chinmoy à Houston, USA, 1998

Carl Lewis (États-Unis), né le 1er juillet 1961, devint l’une des plus grandes stars de l’athlétisme de tous les temps. Sa carrière couvre les années 1979 à 1997 et comprend neuf médailles d’or olympiques et une d’argent. Sa performance aux Jeux Olympiques de 1984 lui rapporta quatre médailles d’or dans le 100 mètres, 200 mètres, saut en longueur et le relais quatre fois 100 mètres- un accomplissement égal à celui de Jesse Owens aux Jeux Olympiques de 1936.

1ère rencontre

Carl Lewis rencontra Sri Chinmoy pour la première fois le 11 novembre 1983 ; ses recommandations et ses conseils pratiques l’on aidé tout au long de sa carrière olympique. De même que Sri Chinmoy devint son entraîneur intérieur pour la concentration et la méditation, il devint l’entraîneur extérieur de Sri Chinmoy pour le sprint. Après sa carrière olympique, ils ont conservé une très grande amitié.

Ma relation avec Sri Chinmoy a débuté sur le plan spirituel parce qu’il était tellement puissant, tellement aimant, positif et inspirant. Notre rencontre a été un événement positif qui m’a aidé dans mes relations, notamment avec mon club et mes coéquipiers. Plus tard, il m’a inspiré à continuer, en tant qu’athlète. Lorsque j’ai vu Sri Chinmoy soulever des poids, soulever des voitures à son âge, j’ai ressenti que je devais évoluer en tant que personne et en tant qu’athlète.

« J’ai lu beaucoup de choses, mais il y a une chose en particulier qui reste imprimée dans mon esprit, c’est la manière dont Sri Chinmoy dit toujours qu’il faut aller de l’avant, être en avant. J’ai la chance de voir cela parce que comme athlète, j’ai eu des moments merveilleux et des moments difficiles. Mais tant que nous restons concentrés devant nous, nous sommes toujours capables de faire ce que nous avons à faire dans la vie. »—Carl Lewis

Au début de la saison olympique de 1984, Carl Lewis rencontra Sri Chinmoy pour apprendre la concentration et la méditation.

Carl Lewis : Je vous disais que la concentration et la méditation m’ont toujours été étrangères. Je ne pensais pas que je pouvais m’asseoir, méditer et être totalement détendu. Qu’est-ce qui prépare le chemin pour la vie intérieure ?

Sri Chinmoy : Pour trouver l’homme intérieur, vous devez marcher sur la voie du cœur où se trouve le véritable amour, la véritable paix, la véritable lumière et la véritable félicité. Ce dont vous avez besoin maintenant, c’est de la méditation. Si vous n’aviez pas votre force de concentration, vous ne seriez jamais devenu l’homme le plus rapide. Vous avez cette force. À chaque instant, j’observe le pouvoir de votre concentration dans votre vie. Mais maintenant, vous devez développer le pouvoir de la méditation, qui est la paix infinie. Si vous méditez régulièrement, vous gagnerez assurément le pouvoir de la méditation, comme le pouvoir de concentration.

La concentration nous donne la victoire. Mais la méditation nous donne la joie et la confiance. Après avoir atteint la victoire, une forme de peur peut entrer dans notre esprit, une peur de peut-être ne pas avoir autant de chance le lendemain. Aujourd’hui vous avez gagné ; vous êtes tellement heureux. Mais quelques minutes plus tard, il se peut que vous pensiez : peut-être que Calvin Smith fera mieux au prochain meeting. Peut-être qu’après-demain, je ne serai pas aussi performant. Même lorsque la concentration apporte la victoire, vous avez toujours peur de ne pas être aussi performant, ou d’être dépassé par quelqu’un. Il est donc très important d’avoir la puissance de la méditation, qui empêchera le doute de vous attaquer et de vous dérober votre joie. Lorsque vous gagnez avec le pouvoir de la méditation, vous avez gagné pour l’humanité, et cette victoire dure pour toujours.

Préparation pour les Jeux Olympiques de 1984

Sri Chinmoy envoya ce message à Carl Lewis le 18 février 1984, à une période où le champion athlétique rencontrait quelques difficultés dans les épreuves de stade.

Quand vous courez, essayez de ressentir que vous êtes pourchassé plutôt que tiré en avant par quelque chose ou quelqu’un. De cette manière, vous irez plus vite. Si quelqu’un vous pourchasse, votre vitesse sera plus rapide que si quelqu’un se tenait devant vous, et vous tirait vers lui avec une corde. Si vous ressentez qu’un aimant vous tire vers la ligne d’arrivée, vous courez vite ; mais vous courrez plus vite si vous ressentez que quelqu’un vous pourchasse et si vous courez pour sauver votre vie. Imaginez qu’un tigre féroce galope juste derrière vous et qu’à tout instant il peut vous dévorer. Vous connaissez la rapidité d’un tigre ! Alors vous courrez pour votre vie si précieuse et vous courrez au plus vite.

Reprise de confiance pour les JO de 1988

Conversation de Sri Chinmoy avec Carl Lewis le 3 mars 1988 .

En ce qui concerne le saut en longueur, ressentez toujours que vous avez la possibilité de devenir le champion olympique. Ne vous laissez pas intimider, ne serait-ce qu’une seule seconde, par l’idée : «  Peut-être ne le serai-je pas. »  Ce peut-être doit disparaître totalement de votre esprit. En fait, ressentez que vous l’avez déjà fait. Chaque fois que vous faites un essai au cent mètres ou au saut en longueur, ressentez que vous l’avez déjà fait. Vous courrez alors avec cette forme de confiance, et vous sauterez avec cette forme de confiance. Ne pensez pas, ne serait-ce qu’une seconde, aux autres coureurs, aux autres sauteurs. Non, non ! Vous n’avez pas le temps de penser aux autres ni d’entendre parler d’eux. Ce n’est pas que vous ne les aimez pas. C’est simplement qu’à chaque fois que vous pensez à eux ou que vous en entendez parler, très souvent des pensées désagréables ou distrayantes vous assaillent. Alors ne pensez pas aux autres. Ressentez simplement que vous êtes vous-même votre propre rival le mieux placé.

J’ai tellement confiance en vous. Mon souhait le plus cher serait que vous ressentiez cette confiance en vous-même lorsque vous courez et sautez, parce que vous devez savoir que votre confiance est votre vitesse la plus rapide ; votre confiance est votre plus long saut. Et cette confiance apparaîtra au grand jour grâce à votre vie de prière et votre vie de méditation. Chaque fois que vous priez et méditez, ressentez simplement que vous vous transcendez. Et une fois que vous aurez commencé à vous transcender, personne ne pourra arriver à votre niveau. Vous serez toujours à votre hauteur suprême.

2 ou 3 heures d’entraînement et 5 minutes de méditation matin et soir

Chaque jour, vous passez deux ou trois heures à vous entraîner en course et en saut. Si chaque jour, vous pouvez également prier et méditer ne serait-ce que cinq minutes le matin et le soir et, si possible, à midi aussi, cela vous aidera beaucoup. La prière est votre force intérieure et votre puissance intérieure, et cette puissance intérieure est infiniment plus forte que n’importe quelle force extérieure.

Quand je regarde le poids de sept-mille livres que j’ai soulevé, je suis le premier à ne pas croire ce que j’ai fait. Si j’utilise mon mental, je serai moi-même celui qui doute le plus de moi. Mais je sais que c’est le Suprême en moi qui l’a fait parce qu’Il a voulu S’exprimer de cette manière en moi et à travers moi. Dans votre cas, c’est exactement la même chose. Vous ne le voyez pas parce que vous n’avez pas encore la vision intérieure qui vous permet de voir l’invisible. Mais lorsque nous développons notre vision intérieure, nous voyons bien que Dieu qui est infini, éternel et immortel, progresse Lui-même en nous et à travers nous. À chaque instant, Il n’a qu’une seule hâte, c’est de nous aider. Malheureusement, nous ne nous reposons tout le temps que sur nos propres capacités. Nous pensons pouvoir tout faire, mais les capacités que nous avons sur le plan physique ne nous aident pas toujours. En devenant Son instrument et en Lui permettant de Se manifester en nous et à travers nous, nous recevrons aussitôt une immense confiance.

Chaque fois que vous venez, je vous offre mon sentiment d’unité sous la forme de conseils, mais je vous en prie, ressentez que mon affection et ma sollicitude pour votre succès est sans limites, sans limites, sans limites. Ainsi, où que vous  alliez – que ce soit au Texas, en Allemagne ou ailleurs – je vous en prie, priez trois fois par jour avec une ferveur intense. Il est particulièrement important de le faire avant les Jeux Olympiques. C’est comme pour un élève. L’élève étudie toute l’année, mais avant l’examen, il travaille dur, très dur, le plus dur – avec plus de diligence, plus de ferveur qu’avant.

Carl Lewis : J’aimerais simplement vous dire que c’est une période spéciale et une année spéciale pour moi. Je crois vraiment que c’est une année qui me fera mettre en œuvre tous les outils dont je dispose pour être le meilleur. Je veux faire plus que vous remercier pour la motivation que vous me donnez, pour votre compréhension constante de mes besoins  et leur satisfaction, et enfin pour me donner de l’énergie quand j’en ai besoin.

Sri Chinmoy : La vie extérieure est limitée mais la vie intérieure est sans limites ; l’énergie intérieure qui provient de la Source est sans limites. En même temps, la vie extérieure peut aussi devenir illimitée, si elle établit son unité inséparable avec la vie intérieure. Vous parliez à l’instant de l’énergie. Cette énergie est inépuisable ; elle est sans naissance et sans mort. Mais il n’y a qu’une seule manière d’accéder à cette énergie : par la prière et la méditation. Il n’y a pas d’autre manière. Pour accomplir quelque chose de concret dans la vie, il peut y avoir plusieurs manières de le faire. Mais s’il s’agit de quelque chose de vraiment significatif, de durable, d’éternel – un succès, un progrès importants, ou encore une gloire importante que vous voulez offrir à Dieu – vous devez alors faire venir en avant cette énergie intérieure. Dans le monde intérieur, elle est à notre disposition, mais la plupart des gens ne prennent pas la peine de la faire venir en avant. Ceux qui le font sont capables d’offrir quelque chose de très spécial à la fois à l’humanité et à la divinité.

Je suis très, très content que vous ayez fait de la vie intérieure une partie intégrante de votre existence. Alors je vous en prie, je vous en prie, priez et méditez chaque jour – seulement cinq minutes le matin et le soir et, si possible également à midi. Ce que je vous demande, c’est de plonger profondément en vous, et de faire venir en avant votre énergie illimitée de votre vie de prière. Le succès vous appartiendra entièrement.

La finale du 100 mètres aux JO de 1988

Sri Chinmoy se rendit à Séoul en Corée, pour voir Carl Lewis disputer les Jeux Olympiques de 1988. Il le rencontra à Séoul le 25 septembre, le lendemain de sa défaite à la finale du cent mètres. Dans une course épique, Carl Lewis, le champion en titre du cent mètres, fut défait par Ben Johnson. Comme l’année précédente à la finale du championnat du monde à Rome, Carl Lewis fut ébranlé par le départ fulgurant de Ben et il lui jeta à trois reprises un coup d’œil, n’en revenant pas de ce départ rapide, énorme. Johnson gagna en 9,79 secondes, un nouveau record du monde, alors que Carl Lewis fit un temps de 9,92 secondes. Trois jours plus tard, Johnson fut testé positif aux drogues, sa médaille lui fut confisquée,  Carl Lewis reçut la médaille d’or et fut crédité d’un nouveau record olympique.

Sri Chinmoy : Maintenant, s’il vous plaît, dites-moi, pourquoi vous – un champion du monde- avez jeté un coup d’œil à votre droite au bout de 75 mètres ? Même un débutant, un novice, aura reçu la recommandation de ne pas faire cela . C’est une erreur vraiment déplorable ! J’étais tellement triste quand je vous ai vu le regarder. Au départ, votre but était devant vous, et ensuite, vous avez changé votre but. Il est devenu votre but au lieu de la ligne d’arrivée. Vous avez une telle détermination, une telle volonté de pouvoir que vous auriez pu aisément batailler jusqu’à la fin. Mais au lieu de cela, vous n’avez pas maintenu votre volonté inébranlable, et au bout de soixante-quinze mètres, vous avez abandonné. Comment cela a-t-il pu se passer ?

Carl Lewis : Je n’ai pas d’explications. Lorsque j’ai vu qu’il était tellement loin devant, j’ai été choqué pour la première fois. Vous avez raison.

Sri Chinmoy : Je vous le dis, jusqu’au tout dernier moment, rien n’est décidé. Dans la boxe, il y a douze rounds. Même si quelqu’un mène aux points après le onzième round, vous pouvez encore le mettre KO dans le douzième round. Et c’est fini ! Si vous le mettez KO, les points ne comptent pas. De la même manière, peu importe la distance qui vous sépare d’un coureur devant vous, la seule chose qui compte, c’est celui qui va toucher le ruban le premier. L’objectif n’est gagné qu’à ce moment là. Disons qu’il a remporté les premiers rounds. Mais ces rounds ne veulent rien dire. Si vous êtes déterminé à l’achever dans le dernier round, alors pourquoi vous inquiéter des tous premiers rounds ?

Je dis tout cela pour convaincre votre mental. Peu importe de combien de mètres votre adversaire vous précède, dès que vous le regardez, vous entrez dans sa conscience et vous perdez votre propre conscience. Vous êtes surpris et choqué qu’il soit devant vous. Mais quand vous êtes choqué, vous invoquez une sorte de force qui entre en lui et l’aide. Alors que si vous ne pensez qu’à votre but, alors vous entrez dans la conscience de Dieu et Dieu vous aide. C’est comme ça. Lorsque vous pensez à votre adversaire – même si c’est pour vous demander comment vous allez le battre – une petite portion de votre détermination va vers lui et s’additionne à sa capacité. Mais si vous ne pensez qu’à votre but, alors Dieu vient augmenter votre détermination.

C’est facile pour moi de parler mais je souhaite simplement vous exprimer ma sympathie, et vous rappeler que la prochaine fois, même si quelqu’un vous devance de quatre mètres, cette personne n’est pas le but. Votre but reste la ligne d’arrivée.

La terre a un cœur

Le 24 juin 1989, alors que Carl Lewis était à Paris pour des rencontres athlétiques importantes, Sri Chinmoy se trouvait également à Paris pour donner un Concert de Paix. Carl Lewis se souvient d’une conversation qu’il eut avec Sri Chinmoy lorsque le maître spirituel lui rendit visite à son hôtel

Carl Lewis :  Jusqu’à aujourd’hui, je pensais que j’avais entendu toutes les excuses possibles pour avoir couru une mauvaise course, échoué dans nos expectatives ou simplement raté un record du monde. Mais ce matin-là, j’entendis une nouvelle explication : la Terre avait un cœur, et notre équipe de relais n’avait pas été suffisamment longtemps en France pour pouvoir ressentir ce cœur et se sentir bien avec lui avant la course.

L’explication venait de Sri Chinmoy, qui était à Paris pour une nouvelle tournée pour promouvoir la paix mondiale. J’ai été content quand j’ai entendu qu’il était là, parce qu’il souhaitait rencontrer mes coéquipiers et c’était là une bonne occasion. Dans le hall d’entrée de notre hôtel, Joe Deloach, Floyd Heard, Leroy Burrell et moi-même avons rencontré Sri Chinmoy. Il fut étonné d’apprendre que nous étions arrivés un seul jour avant notre course.

« Cela explique pourquoi vous n’avez pas remporté le record du monde », dit Sri Chinmoy, égrenant ses mots lentement, ses yeux s’ouvrant et se fermant comme il parlait, sa tête légèrement penchée comme s’il se concentrait sur ses pensées.  « La Terre a un cœur. Toute chose a un cœur, un esprit et un cœur. Quand vous prenez un avion pour venir ici, vous devez passer suffisamment de temps sur le terrain pour en ressentir le cœur. Oui, c’est important. Et vous avez manqué le record que de très peu. Dans un lieu nouveau – vous devez comprendre cela – vous devez être sur le sol bien plus tôt que le jour où vous courez.»

J’ai souri et hoché la tête, ayant l’habitude de la manière dont Sri Chinmoy expliquait les choses. Mais mes coéquipiers étaient un peu stupéfaits. Ils n’ont pas dit grand chose à Sri Chinmoy. Ils se sont contentés d’observer.

Sri Chinmoy m’offrit un gâteau d’anniversaire, une semaine plus tôt que mon anniversaire, mais il tenait à ce que je le reçoive. Sri Chinmoy  nous souhaita bonne chance pour le reste de notre voyage, et puis ce fut tout.

De retour dans ma chambre, Joe, Floyd et Leroy tombèrent d’accord sur un résumé en un seul mot de ce qu’ils venaient de voir : « Intéressant. »

Avant d’aller à Tokyo en août 1991 pour les championnats du monde, Carl Lewis dit à Sri Chinmoy : « Je vais suivre votre conseil et m’y rendre deux semaines plus tôt. » À ces jeux, Carl Lewis établit un nouveau record du monde en 9,86 secondes pour cent mètres à un âge exceptionnellement tardif ( pour un sprinter ) de trente ans.

Carl Lewis offrit sa victoire, ce nouveau record du monde, à son père Bill qui était décédé un an plus tôt. À son retour en Amérique, Carl Lewis, accompagné de sa mère et de sa sœur, rendit visite à Sri Chinmoy à New York. Sri Chinmoy les reçut avec les mots suivants :

« Je suis tellement fier de vous parce que vous avez offert votre victoire à votre père. C’est la preuve que vous croyez en l’esprit. Un être humain ordinaire dirait, « Oh, mon père n’est plus là. » Mais vous avez maintenu une connexion intérieure si forte, si puissante avec le cœur de votre père. Cela signifie que vous avez maintenu la liaison entre la Terre et le Ciel.

Votre cœur attire de la force cosmique, de l’énergie cosmique, de la lumière cosmique d’En-Haut. Vous avez plusieurs amis intérieurs, mais ils sont invisibles. Je les appelle des forces divines. Elles travaillent avec tant de force et de succès en vous et à travers vous. Lorsque vous sautez ou courez, il y a tant d’énergie cosmique, de lumière cosmique et de pouvoir cosmique qui viennent s’ajouter à votre capacité physique et vous aident. Vous ne pouvez voir ces capacités invisibles que si vous utilisez l’œil intérieur, le troisième œil. En utilisant votre œil intérieur, vous verrez que vous avez beaucoup d’amis qui meurent d’envie de vous aider. C’est parce que votre victoire est leur victoire, tout comme leur victoire est votre victoire. Mais si vous ne voulez dépendre que de l’aide terrestre, cette aide intérieure ne vient pas à vous. »

 

Méditation et Concentration dans la pratique du sport

extrait de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy

ocean-05

Le silence de la méditation
Se trouve au cœur de l’action
Et le dynamisme de l’action
Se trouve au cœur de la méditation.

Qu’est-ce que la Méditation ?

La méditation signifie l’expansion consciente de soi. La méditation signifie la reconnaissance ou la découverte de sa propre réalité. C’est par la méditation que l’on transcende les limites, les faiblesses et les imperfections. La méditation est dynamisme sur les plans intérieurs de conscience. Si nous voulons accomplir quelque chose, que ce soit dans notre vie intérieure ou dans notre vie extérieure, l’aide de la méditation est capitale. Lorsque nous méditons, nous entrons en fait dans la partie la plus profonde de notre être. À ce moment-là, nous sommes capable de faire venir en avant les richesses enfouies en nous.

La méditation nous montre à la fois comment aspirer à quelque chose et comment réaliser cette chose. En pratiquant chaque jour la méditation, nous serons assurés de voir les problèmes de notre vie intérieure comme extérieure se résoudre. La méditation simplifie notre vie extérieure et donne de l’énergie à notre vie intérieure, la méditation nous offre une vie naturelle et spontanée.

Pendant la méditation, que faisons nous ?

Nous entrons dans un mental vide, calme, tranquille et silencieux. Nous entrons profondément en nous et nous abordons notre véritable existence, qui est notre âme. Lorsque nous vivons dans l’âme, nous réalisons que nous méditons en fait spontanément. À ce moment-là, nous voyons notre existence intérieure emplie de paix et de tranquillité.

Méditer, c’est aller au fond de l’océan, où tout est calme et tranquille. Une multitude de vagues a beau agiter la surface de l’océan, ses profondeurs n’en sont pas affectées pour autant. Elles demeurent dans le silence. Lorsqu’on médite, on essaie d’abord d’atteindre sa propre existence intérieure, sa véritable identité, ou si vous préférez, le fond de l’océan, de sorte que lorsque les vagues du monde extérieur déferlent, elles ne nous touchent plus. La peur, le doute, l’inquiétude et tous nos tourments quotidiens s’évanouissent d’eux-mêmes : une paix indestructible s’est désormais installée en nous. Les pensées ne peuvent plus nous toucher parce que notre esprit est complètement inondé de paix, de silence, de sentiment d’unité. Comme des poissons dans l’eau, nos pensées nagent et bondissent sans laisser de traces. Comme des oiseaux dans le ciel, elles volent sans laisser aucune trace derrière elles. Ainsi sommes-nous, dans notre méditation la plus élevée, semblables à l’océan dont les créatures qui l’habitent n’inquiètent pas la majesté. Nous sommes comme le ciel dont les oiseaux ne troublent pas la sérénité. Notre esprit est le ciel et notre cœur est l’océan infini. Voilà ce qu’est la méditation.

Lorsque nous méditons, nous nous jetons dans l’immensité, dans un océan infini de paix, ou bien nous accueillons l’immensité infinie en nous. La méditation s’étend. La méditation se développe constamment et devient paix, lumière et félicité.

Un effort conscient

La méditation ne signifie pas seulement s’asseoir tranquillement pendant cinq ou dix minutes. Elle demande un effort conscient. Il faut calmer et apaiser le mental tout en le maintenant vigilant pour ne laisser aucune pensée ou aucun désir le distraire. Une fois le silence établi dans notre mental, nous voyons une nouvelle réalité poindre en nous. Lorsque l’esprit est calme et disponible et que notre existence entière devient comme un réceptacle vide, l’être intérieur peut alors invoquer la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies pour en être inondé.

La méditation signifie l’éveil conscient de notre source.

Lorsque nous méditons, nous essayons consciemment d’aller à la source qui est toute perfection. Notre source est Dieu, notre source est vérité, notre source est lumière. La méditation nous emmène à notre source, là où il n’y a plus aucune imperfection, plus aucune souffrance. Où se trouve cette source ? Elle est en nous. Celui qui est intérieurement éveillé a libre accès à la Vérité infinie et à la Joie durable ; il est capable de contrôler sa vie extérieure. Qu’est-ce qui nous donne l’éveil intérieur ? La méditation.

Chaque chercheur spirituel a un ami intime, un compagnon constant, un ami qui est toujours auprès de lui. Quel est ce meilleur ami ? Le Réel en lui. Le Réel en lui est le chercheur éternel qui aspire éternellement vers la Vérité, la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies.

L’Évolution de l’âme

À travers la méditation, l’âme devient pleinement consciente de son évolution dans son voyage éternel. Avant de s’incarner, l’âme reçoit un message intérieur à propos de sa mission divine sur terre. Elle est pleinement consciente de sa mission. Mais au cours de notre vie, les agissements du mental physique peuvent parfois recouvrir l’inspiration divine de l’âme et ses motivations réelles. La mission de l’âme ne peut alors plus s’exprimer. Ce n’est que si nous aspirons avec notre mental, notre cœur et notre âme que nous pouvons connaître la raison de notre existence ici sur terre.

Lorsqu’on fait appel à la puissance de la volonté de l’âme, elle est comme une immense vague dans l’océan qui inonde aussitôt la conscience tout entière. Dès que la volonté de l’âme s’exprime, nous ressentons inévitablement que notre conscience intérieure est remplie d’énergie divine, de joie intérieure, de félicité intérieure, de puissance intérieure et de confiance intérieure. Tout élément négatif est balayé par la vague de la force de l’âme.

L’athlète doit sincèrement ressentir qu’il a une âme

et non pas se contenter de le penser uniquement parce que quelqu’un l’a affirmé. Beaucoup de gens n’ont même pas accès à leur cœur alors comment auraient-ils accès à leur âme ? C’est en pratiquant la méditation régulièrement et continuellement que l’on peut ressentir la présence de l’âme et finir par la voir. Mais même si nous ne voyons pas l’âme, si tout au moins nous pouvons ressentir sa présence dans les profondeurs de notre cœur, nous amènerons progressivement sa lumière dans le vital, dans le mental et dans le physique. Mais nous devons commencer par la conscience de l’existence de l’âme. Cela ne doit pas être une croyance mentale, mais une véritable expérience psychique.

La force positive et la paix de l’esprit

Lorsque nous méditons, nous essayons de devenir un canal parfait pour la force positive. La force positive est la lumière, et la force négative est l’obscurité. La force positive est l’amour et non la haine. La force positive est la croyance et non l’absence de croyance. À chaque instant de notre vie, la force positive nous aide parce qu’elle nous amène consciemment à notre destination, qui est la perfection.

Lorsque notre esprit est en paix et silencieux, lorsque notre vital est dynamique et que notre corps est conscient de ses actes, nous vivons dans le palais de la satisfaction, où ne peuvent exister ni maladie, ni souffrance, ni imperfection, ni obstacle à notre paix, à notre lumière et à notre satisfaction qui sont toutes durables. La méditation est un moyen ; c’est un chemin, c’est une voie. En marchant le long de cette voie, nous atteindrons notre destination qui est toute perfection.

Lorsque nous méditons, quel résultat obtenons-nous dans la vie extérieure ?

Nous rendons notre mental calme et silencieux. Il est pratiquement impossible pour la plupart des gens de calmer leur mental. Celui qui n’a pas l’esprit en paix est un véritable mendiant ; il est comme un singe dans un corps humain. Il n’est jamais content. Mais si nous pouvons garder notre esprit en paix, ne serait-ce qu’une seconde, nous avons alors l’impression d’avoir beaucoup accompli dans notre vie. Lorsque notre esprit est en paix, notre vital et notre corps se calment, et dès qu’il y a de la paix, toute disharmonie disparaît. Celle-ci n’existe que dans le monde de l’anxiété, de l’insatisfaction, de la tension et de la confusion. Sans tout cela, il n’y aurait aucune souffrance. Là où l’harmonie règne, les souffrances de l’homme s’arrêtent.

La méditation n’est pas une échappatoire. La méditation est l’acceptation de la vie dans sa totalité en vue de sa transformation.

La force concentration

Sans concentration, on ne peut réussir en sport. Ceux qui veulent entrer dans la méditation doivent commencer par maîtriser l’art de la force de concentration.

kl-ueli-steck-2815-jpg-3132732
Ueli Steck grimpant en free solo le  pilier « Excalibur » dans les Alpes suisses. (photo©Robert Boesch)

Cinq jours avant de battre son record d’escalade en solo de la face nord de l’Eiger, l’alpiniste suisse Ueli Steck expliqua dans un interview comment la concentration et l’attention sur l’instant présent étaient absolument indispensables dans l’escalade libre et l’escalade de vitesse.

« Je recherche toujours des buts qui sont des défis pour moi et qui prennent toute mon attention. Je me focalise vers mon but ; je ne me contente pas de grimper, ça n’est pas ma démarche. Ce que je veux, c’est atteindre le but. Ma concentration est également mon assurance-vie. Dans les moments critiques, je me concentre très fort sur ce qui est positif, jamais sur ce qui ne va pas. Il y a toujours une solution.

Le chemin vers mon but ne fait que monter, il ne descend jamais !

Tout là-haut, au sommet, là se trouve le but. Pour y arriver, je prends un chemin et ce qui compte, sur ce chemin, c’est uniquement l’instant présent. Les pensées qui précèdent sont des pensées qui ne servent à rien parce qu’elles ne sont pas nécessaires. Le futur arrive. Très souvent il dépend du présent. Plus nous sommes conscients de faire ce qu’il faut dans l’instant présent, plus le futur se présente bien.

Tout est une question d’instant présent !

Rien d’autre que l’instant. Dans cette concentration entière dans l’ici et maintenant, j’ai quelques fois fait l’expérience de me voir grimper, de voir mon corps comme un simple instrument.»

« Une fois, cela m’est arrivé en faisant l’ascension difficile de l’Excalibur dans les Alpes suisses en solo libre. C’était comme si je me regardais de l’extérieur. Je voyais mon corps grimper et je me suis dit : « Ouah, il monte bien ! » Ça c’est quand la concentration devient méditation ; c’est indescriptible. Il y a seulement l’instant présent et moi, qui inspire et expire.

Quand j’ai atteint le sommet, j’ai ressenti de la joie. Une joie extrême ! La joie de savoir que le ciel était bien plus grand et plus vaste qu’hier. »            Ueli Steck

 

L’athlète intérieur, la course intérieure et la course extérieure

ckg-course-arriv

Extraits de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy, Editions La Flûte d’Or

La course extérieure et la course intérieure

La course extérieure est un succès extraordinaire au sommet de la montagne. La course intérieure est un progrès exemplaire le long de la route ensoleillée de l’Eternité. Le succès est l’acceptation prête et immédiate des défis rencontrés au cours des difficultés cachées. Le progrès est l’acceptation fervente et reconnaissante de la joie qui nous bénit d’une prospérité insondable.


La course extérieure est aussi importante que la course intérieure. Un marathon mesure quarante deux km. Disons que nous avons fixé notre but ultime à quarante kilomètres. Lorsque nous avons commencé à courir, nous ne pouvions pas courir cette distance. Mais en pratiquant chaque jour, nous avons développé davantage d’énergie, de rapidité, de persévérance, et ainsi de suite. Progressivement, nous transcendons notre capacité pour finalement atteindre notre but.

On peut dire que notre prière et notre méditation sont notre course intérieure.

Si nous prions et méditons chaque jour, nous augmentons notre capacité intérieure. La capacité du corps et celle de l’âme, la vitesse du corps et celle de l’âme vont ensemble. L’âme court le long de la route de l’Eternité, de l’Infini et de l’Immortalité. La course à pied et la forme physique nous aident dans notre vie intérieure d’aspiration comme dans notre vie extérieure d’activité.

La seule différence entre la course extérieure et la course intérieure est que dans la course intérieure, il n’y a aucune destination ou but fixes. Dans la course extérieure, dès que j’ai couru cent mètres, par exemple, la course est terminée. Je n’ai peut-être pas gagné, mais j’ai atteint mon but. Par contre, dans la course intérieure, nous sommes des coureurs de l’Eternité. Du fait que nous prions et méditons, nous savons que nous avons trois amis : l’Eternité, l’Infini et l’Immortalité. Parce que nous appartenons à l’Eternité, à l’Infini et à l’Immortalité, notre voyage n’a ni naissance ni mort ; il n’a  ni commencement ni fin. Nous avons déjà commencé notre voyage et nous ne l’achèverons jamais. Tout au long du chemin, nous pouvons avoir quelques buts temporaires. Mais aussitôt ces buts atteints, ils ne font que devenir les points de départ de nouveaux buts plus élevés.

Où se trouve notre But ?

Non pas dans le ciel bleu, non pas dans le vaste océan, non plus dans le lointain désert ; il se trouve profondément en nous, dans les profondeurs mêmes de notre cœur. Notre cœur spirituel est infiniment plus large que le monde. Le monde croît et coule dans le cœur spirituel. Si nous pouvons avoir le sentiment que notre cœur aspirant est le souffle vivant du Suprême, nous ne manquerons pas de ressentir que notre but le plus cher est en nous et non pas en dehors de nous.

À chaque instant, nous courons pour devenir quelque chose de grand, de sublime, de divin et de suprême. En devenant, nous avons le sentiment d’être en train d’atteindre notre But ultime. Mais le but d’aujourd’hui n’est que le point de départ de la nouvelle aube de demain. À chaque instant, nous transcendons nos accomplissements précédents : nous transcendons ce que nous avons et ce que nous sommes.

Une métaphore de la course intérieure

Chaque jour, lorsque le jour point, il faudrait ressentir que nous avons quelque chose de nouveau à accomplir. Nous courons, et chaque jour, nous avançons. En aspirant, nous nous maintenons constamment dans le processus de la course. Lorsque nous commençons notre voyage le matin, disons-nous qu’aujourd’hui est la continuité du voyage d’hier : nous ne devrions pas considérer aujourd’hui comme un tout nouveau commencement. Et demain, disons-nous que nous avons parcouru un autre kilomètre. Il faudrait avoir chaque jour le sentiment d’avoir parcouru un kilomètre de plus. Ainsi saurons-nous qu’un jour nous atteindrons notre But. Même si notre vitesse décroît, nous devons continuer à courir et ne pas abandonner en cours de route. Lorsque nous aurons atteint notre But, nous verrons que cela en valait la peine.

La course à pied et le Jeu de la Vie

La vie et le sport ne peuvent être séparés ; ils sont un. En fait, la vie elle-même est un jeu. Ce jeu peut être extrêmement bien joué à condition que le joueur développe consciemment ou inconsciemment la capacité d’invoquer l’énergie transcendantale qui se manifeste constamment dans l’action. Dans le jeu de la vie, chaque âme court consciemment ou inconsciemment vers le but de la perfection intérieure.

La spiritualité est une route à sens unique qui vous conduit à votre but. Une fois embarqué pour votre voyage, vous ne pouvez pas revenir en arrière. Votre point de départ a disparu. Une fois que l’évolution commence, à quelque niveau que ce soit, on ne peut revenir au point initial.

La spiritualité est une imploration intérieure pour la Source. La spiritualité est une imploration intérieure, une décision intérieure et une détermination intérieure pour la perfection. Être spirituel, qu’est-ce que cela signifie ? Être spirituel signifie être normal, naturel et spontané. Cela signifie que nous aspirons à la perfection dans notre corps, dans notre vital, dans notre mental et dans notre cœur.

Chercher la Source de notre existence

Si vous croyez en la création, ne chercherez-vous pas le Créateur ? Si vous voyez une montre qui indique l’heure correctement, vous pouvez vous contenter de la montre et ne pas aller plus loin. Mais si vous voulez comprendre comment la montre fonctionne, n’irez-vous pas trouver l’horloger ? De la même façon, il y a des millions et des milliards de gens sur terre qui sont satisfaits du monde tel qu’il est. Mais il y en a qui ne sont pas satisfaits. Ceux qui ne sont pas satisfaits veulent aller au fond d’eux-mêmes et trouver la source ou la cause des souffrances de ce monde. Lorsqu’ils vont à la Source, ils voient qu’elle est toute lumière et félicité. Cela dépend de vous. Vous pouvez être satisfait de ce que vous avez. Et puis vous pouvez vous demander : « Qui me donne cela ? »  Supposons que vous ayez couru votre meilleur marathon dimanche dernier et cela vous a donné beaucoup de joie. Vous pouvez vous demander : « C’est bien, mais qui m’a donné cette joie ? Qui m’a donné la capacité de courir ? » Si vous vous dites que votre corps, votre vital, votre mental et votre cœur sont ceux qui vous ont donné la capacité, alors qui leur a donné cette capacité ? Quelqu’un d’autre l’a fait. Une fois que nous cherchons cette autre personne, nous voyons qu’elle n’est autre que notre propre réalité la plus élevée. Un cerf court dans tous les sens à la recherche de la source du musc qu’il sent. Mais le musc est dans le cerf lui-même. Nous cherchons quelqu’un. Nous pensons qu’il s’agit d’une tierce personne. Mais lorsque nous voyons cette personne, nous réalisons qu’elle est notre propre réalité dans sa forme la plus élevée.

Où se trouve la victoire la plus grande ? La victoire la plus grande se trouve dans la découverte de soi.

Atmanam Viddhi : connais-toi toi-même. Il n’y a pas de victoire plus grande que la connaissance de soi.

Nous sommes des morceaux d’argile. Mais qui a donné forme à cette argile ? Lorsque nous voyons un bol, nous savons que quelqu’un l’a fait. Il n’est pas sorti de rien. Nous devons aller à la Source. Le pot de terre n’est pas l’ultime réalité. Quelqu’un l’a façonné. Ce quelqu’un n’est autre que celui que nous cherchons. Nous pouvons l’appeler la Réalité ultime, nous pouvons l’appeler Dieu, ou bien par un tout autre nom. Mais nous devons donner crédit à quelqu’un ou à quelque chose. Et lorsque nous avançons vers l’objet de notre quête, au bout d’une longue recherche, nous réalisons que ce que nous avons cherché était notre propre Soi le plus élevé. Le plus élevé en nous était recherché par notre partie la moins élevée.

Il y a quelque chose en nous, un sentiment d’urgence intérieure qui nous inspire à sortir pour aller courir. Qui nous a donné ce sentiment ? À nouveau, nous devons aller à la Source. Les questions ne cessent pas tant qu’on ne plonge pas profondément en soi. C’est alors qu’elles trouvent toutes leurs réponses. Mais cela ne se fait pas en une nuit. Comme vous le savez, il a fallu s’entraîner pendant des mois et des années pour accomplir le marathon. De même faut-il prier et méditer pendant des années si nous voulons couvrir de longues distances intérieures. C’est un processus qui dure toute une vie.

Aller au-delà ou la Transcendance de soi

Le but d’aujourd’hui doit être transcendé demain. Le but d’aujourd’hui est la pierre de fondation. Nous devons nous transcender à chaque instant et au moment où nous transcenderons, nous chérirons profondément en nous le message de la perfection. La transcendance de soi est le chant du progrès intérieur constant et du progrès extérieur constant.

Je n’ai pas de but fixe : mon but est la transcendance de soi.

J’essaie toujours de me transcender. Je ne me mesure pas avec le reste du monde. Je ne me mesure qu’à moi-même et j’essaie de devenir une personne meilleure. Tel est mon but ultime.

Le monde recherche la vitesse, alors nous devons prouver que nous sommes les plus rapides. Comme j’aimerais que tous les hommes courent plus vite que tout, à une vitesse inimaginable, vers le but de l’Eternité qui se transcende constamment. Une fois atteinte la Hauteur transcendantale la plus élevée à notre vitesse la plus rapide, et une fois que nous commencerons consciemment à servir notre Pilote suprême à chaque instant, à ce moment-là, nous pourrons créer une toute nouvelle création et nous la créerons. À ce moment-là, il n’y aura qu’une seule réalité, un seul chant : le chant de la transcendance de soi. Il n’y aura plus de ring de boxe où la puissance fera loi. Il n’y aura pas de destruction. Pour prouver notre suprématie, nous n’aurons qu’à nous transcender de la manière dont le Suprême Absolu Se transcende Lui-même. Le secret suprême ou le but suprême consisteront à transcender nos propres capacités. Nous n’essaierons pas de battre les autres. Nous essaierons uniquement de nous transcender constamment. De cette manière, nous trouverons la satisfaction suprême et nous offrirons une satisfaction suprême au monde intérieur comme au monde extérieur.

Je n’abandonne jamais

Lorsque j’atteins un certain niveau, si la volonté du Suprême est pour moi de n’atteindre que ce niveau particulier, alors j’abandonne. Sinon, je n’abandonne jamais. Je continue, continue, continue tout le temps en essayant de transcender mes propres limites. Mon but est toujours d’aller au-delà, au-delà, au-delà. Il n’y a aucune limite à nos capacités, parce que nous avons le Divin infini en nous, et que le Suprême transcende toujours Sa propre Existence-Réalité. Ainsi mon seul but est-il le progrès, et le progrès n’a pas de fin.

Lorsque vous atteignez un certain niveau, demandez-vous : « Y a-t-il quelque chose de plus à faire ? »  et puis faites-le.

Nous nous limitons tout le temps parce que nous ne ressentons pas qu’il y a quelqu’Un au fond de nous qui nous inspire, nous guide, nous façonne, nous forme et nous emmène vers une Réalité qui ne cesse de se transcender. Lorsque nous pensons à nous, nous nous voyons avec des capacités très limitées. Lorsque nous sommes dans le corps, le mental ou le vital, tout est tellement limité. Nous sommes enfermés dans une cellule de prison. Mais lorsque nous sommes dans l’âme, nous sommes dans le domaine de l’illimité.

Ce que le Suprême essaie de faire, c’est d’amener le fini en nous ou le petit frère en nous, à suivre le grand frère en nous, l’âme. Notre vie extérieure essaie de courir cote à cote avec notre vie intérieure. Notre vie intérieure coule éternellement en nous et à travers nous, et nous essayons de faire venir en avant ses capacités illimitées. Lorsqu’un de mes étudiants court mille miles ou lorsque je dessine trois millions d’oiseaux, nous essayons d’entrer dans la Source illimitée que nous avons tous en nous et que nous sommes effectivement. Nous essayons de faire venir en avant nos capacités illimitées.

La transcendance de soi apporte le message du bonheur.

La transcendance de soi nous donne de la joie en abondance. Chaque fois que nous surpassons nos accomplissements précédents, nous trouvons de la joie.

Il y a de nombreuses manières de se transcender, mais les deux plus importantes sont l’humilité et la conscience. Nous essayons de cultiver l’humilité, une véritable humilité fervente. C’est à travers l’humilité que nous acquérons la puissance de la réceptivité. Lorsque nous avons acquis la puissance de la réceptivité, la Paix, la Lumière et la Béatitude descendent sur nous en abondance, et nous pouvons incarner ces attributs divins sans aucune difficulté.

Nous devons être conscients de notre Source.

Notre Source est inondée de Lumière et de Félicité. Lorsque nous sommes tentés de faire quelque chose de non divin, si nous pouvons être conscients de notre Source, qui est toute Lumière et Félicité, nous recevons un message intérieur qui nous empêche de mal agir. Nous nous disons alors qu’il est indigne de nous de nous prélasser dans les plaisirs de l’ignorance et de nager dans l’océan de l’obscurité. Voilà ce que nous obtenons de l’éveil constant de notre conscience, et c’est la seule manière d’établir un libre accès à notre propre divinité, à notre propre félicité la plus élevée.

Pour nous transcender, nous pouvons marcher, soit le long de la voie de la véritable humilité, soit le long de la voie de l’éveil de notre conscience. La transcendance est satisfaction ; la satisfaction et la perfection sont les deux cotés de la même pièce. En devenant parfaits, nous sommes heureux, et en même temps, en étant heureux, heureux avec ferveur, nous pouvons devenir une perfection fertile.

Sport et Méditation – la dimension intérieure du sport

Sri Chinmoy relie la spiritualité et ses valeurs fondamentales qui remontent à l’ère védique à une discipline moderne, dynamique et de plus en plus pratiquée : le Sport.

Un livre révolutionnaire dans le monde du sport et de la compétition !

Un lien entre le sport et les valeurs fondamentales de l’homme

Sri Chinmoy relie la spiritualité et ses valeurs fondamentales qui remontent à l’ère védique à une discipline moderne, dynamique et de plus en plus pratiquée : le Sport.

Des conseils depuis l’entraînement jusqu’à la compétition

Le sportif de tout niveau, depuis l’amateur jusqu’au champion de haut niveau, puisera dans ces lectures des conseils merveilleux pour  découvrir autrement le sport et ses joies, ou bien l’aider dans son entraînement jusqu’à la compétition.

…et au-delà des barrières de l’âge

Sri Chinmoy, ayant lui-même pratiqué intensément des activités sportives jusqu’à la fin de sa vie, à l’âge de 76 ans, inspire les seniors de ne pas abandonner la pratique du sport et de trouver la joie et la satisfaction de garder la forme au-delà des barrières de l’âge.

Le secret du sport

il peut ouvrir les portes d’un potentiel intérieur inimaginable, grâce au support de la méditation. En effet, lorsqu’on peut d’une part concentrer son mental et d’autre part, calmer ses émotions, on trouve ainsi l’attitude juste. Dans ces conditions, l’intensité, le courant et la joie que l’on vit dans le sport peuvent devenir une méditation. L’énergie formidable que l’on peut trouver grâce à la concentration et à une attitude juste pourra certainement pulvériser des records que l’on peut difficilement imaginer dépasser.

Le sport humanitaire

Enfin, au niveau le plus étendu, le sport est un véritable terrain humanitaire pour le développement de l’harmonie, de l’amitié, de la solidarité et de la tolérance, bref de la Paix dans le monde.

Lire les extraits :