Le voyage mystique de Sri Chinmoy dans le monde de l’haltérophilie

Extrait de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy.

 

1500-calf-raise-copyLa force intérieure

Il y a un très grand nombre de personnes sur terre qui ne croient pas en la puissance intérieure ni en la vie intérieure. Ils pensent que la force extérieure et la vie extérieure sont tout ce qui compte. Je ne suis pas de leur avis. Il y a une vie intérieure ; il y a un esprit et ma capacité de soulever ces poids lourds prouve qu’il peut agir également dans la matière.

Dans ma vie, la course n’a pas d’égale ; elle est incomparable. Le soulever de poids n’a jamais été mon fort. Dès mes plus jeunes années, je n’ai pas aimé le culturisme et l’haltérophilie. J’étais un sprinter et un décathlonien, et je ne m’intéressais absolument pas à l’haltérophilie. C’était quelque chose de totalement étranger pour moi. Mais l’année dernière (1985), j’ai commencé à soulever des poids parce que j’en ai ressenti l’ordre intérieur. À une personne qui prie et médite sincèrement, quelqu’un en lui parle et lui dit quoi faire et ne pas faire. Vous utilisez le terme de « Dieu », moi, je l’appelle mon « Pilote intérieur ». J’écoute toujours les ordres de mon Pilote intérieur et Il m’a demandé d’entrer dans le monde de l’haltérophilie. Ça, c’est la raison principale, la raison intérieure qui m’a fait commencer l’haltérophilie.

Mon but

La gloire et la renommée, ce que la plupart des gens recherchent, ne sont pas mon objectif. Je ne veux que manifester la Volonté de Dieu, pour démontrer que l’esprit peut se manifester dans le corps et à travers le corps. Mon but n’est pas de devenir un culturiste ou un haltérophile du plus haut niveau. Si ce que je fais est considéré sans précédent, tant mieux. Mais je ne poursuis pas un record mondial en tant que tel. Je ne cherche pas à tout prix à battre un record du monde —loin de là ! J’essaye de me transcender. Ensuite, cela dépendra de la Volonté du Suprême si je fais un peu mieux que d’autres. Je veux augmenter mes capacités, je veux aller plus loin, toujours plus loin, pour inspirer d’autres à en faire autant.

Faire descendre la lumière dans l’inconscient

En soulevant des poids lourds, j’accomplis parfois quelque chose de vraiment important sur le plan physique : il s’agit de faire descendre la lumière dans l’inconscient. Le mental n’est rien d’autre que de l’inconscient et faire descendre de la lumière dans la matière est une tâche des plus difficiles. L’entrée de la lumière dans l’inconscient est un accomplissement suprême pour l’humanité parce que l’inconscient se bat toujours contre la lumière.

Avec la force de ma prière et de ma méditation, j’ai été capable de construire ma force et d’accomplir quelque chose en 15 mois, ce qui autrement m’aurait pris 30 ou 40 ans à réaliser. Ou peut-être n’aurais-je jamais été capable du tout de faire tout cela. Mon message est donc le suivant : si l’on a besoin de force, la manière la plus rapide et la plus efficace de l’obtenir est de trouver sa force intérieure à travers la prière et la méditation. Je n’ai pas le monopole de la force intérieure. Tout le monde la possède ; il suffit de la faire venir en avant. La force physique, en comparaison avec la force spirituelle n’est rien, absolument rien.

Progression du soulever d’un seul bras

Sri Chinmoy fit des progrès spectaculaires dans le soulever d’un seul bras, passant de 40 livres en juin 1985 à plus de 7 000 livres (3 175 kg) un an et 7 mois plus tard. Au début, au bout de trois mois, il avait augmenté son soulever de 60 livres (27 kg) , puis ajouté 600 livres (272 kg) dans les deux mois suivants. Moins de quatre semaines plus tard, il soulevait 2 000 livres, (90 kg) puis 3 000 livres (1 360 kg) deux mois plus tard. Enfin, dans une explosion finale, pas plus de dix jours plus tard, il fit bouger un haltère de 7 000 livres (3 715 kg) du bras droit.

Prenons une personne qui peut soulever 60 livres (27 kg) avec sa seule force musculaire. Si cette même personne prie et médite pendant quelques minutes avant de soulever, il aura la force, non seulement de son corps, mais également de son mental et de son vital. Pour l’instant, il ne s’aide que de son physique. Il ne reçoit pas de détermination intérieure du vital ou de cette immense puissance de volonté que l’on trouve dans le mental. Il n’est même pas conscient de ces choses. Mais dès qu’il priera et méditera, il ressentira immédiatement que son mental possède une énorme puissance de volonté, une énorme puissance de concentration. Quand il pensera à son vital, il le verra plein de détermination. Et son corps sera plein d’énergie. Il sentira toutes ces bonnes qualités lorsqu’il priera et méditera. Il ressentira que son vital, son mental, son cœur et son âme sont tous des amis de son corps, et il gagnera leur aide. Lorsqu’on a des amis, ces amis viennent nous aider en cas de besoin. Le soulever de poids devient évidemment bien plus facile.

J’essaie d’inspirer les gens qui ne prient pas

J’essaie d’inspirer les gens qui ne prient pas et ne méditent pas. Je leur dis que tout le monde a un vital, tout le monde a un mental, tout le monde a un cœur, tout le monde a une âme. Mais ils n’utilisent pas ces membres de leur famille intérieure comme moi. Si je ne devais dépendre que du physique, je ne pourrais pratiquement rien faire. Je peux soulever ce que je soulève parce je m’aide de la force que j’ai au fond de moi. Mes amis sont le vital, le mental, le cœur et l’âme, et ils m’aident de l’intérieur. Ils sont mes amis intérieurs. Alors je dis à tous ceux qui ne sont pas encore conscients de leur vie intérieure que la force intérieure est quelque chose de réel. Ils pourront augmenter énormément leur capacité s’ils prennent aussi l’aide de leurs amis intérieurs.

Je m’efforce de rendre service d’une manière ou d’une autre à ceux qui veulent faire un pas en avant. Ils n’ont pas besoin de soulever deux mille livres, mais ils recevront peut-être l’inspiration que j’offre et feront l’effort de faire quelque chose dans leur vie qu’avant, ils pensaient être trop difficile, voire impossible à faire. Dans n’importe quel domaine, ils peuvent être inspirés à faire quelque chose mieux qu’ils ne l’ont fait jusqu’alors.

Mon physique n’est pas celui d’un haltérophile

On voit que mon physique n’a rien à voir avec celui des culturistes professionnels. Leurs biceps font 55 cm tandis que les miens en font à peine 35 cm, et leurs mollets font 45 à 50 cm alors que les miens en font 34. Et pourtant, je peux soulever des poids que beaucoup d’entre eux ne peuvent soulever. Qu’est-ce que cela prouve ? Cela prouve que l’esprit intérieur, ou la puissance mentale et psychique peut être d’une grand aide au corps lorsqu’ils sont mis en avant. Sinon mon corps physique ne pourrait jamais soulever ce genre de poids. Ce sont ma vie de prière et ma vie de méditation, qui, par la Grâce de Dieu, me permettent de faire cela.

Je donne cent pour cent de crédit à ma vie de prière et à ma vie de méditation. Dans mon cas, il ne s’agit pas de 99,50 pour cent ni de 99,75 pour cent, mais bien de 100 pour cent. Lorsque j’ai soulevé le poids de mon corps du bras gauche, puis du bras droit, je sais que si mon Guide intérieur ne m’avait pas protégé, je l’aurais lâché ou je n’aurais même pas pu le soulever. Dans tout ce que je fais, je dépends de Sa Grâce, de Sa Compassion et de Sa Protection.

Si Dieu nous accorde Sa Compassion de par Son infinie Bonté, y a-t-il quoique ce soit que nous ne puissions faire ? Je suis une goutte, mais dès l’instant où j’entre dans l’océan, je deviens l’océan. De même ma volonté finie, ma capacité finie ne sont pratiquement rien, mais dès l’instant où je m’identifie avec la Volonté infinie de Dieu, je suis capable d’accomplir tellement. Sinon, comment pourrais-je même imaginer soulever de tels poids à mon âge ? Je serais le premier à en douter. Mais par ailleurs, je sais que je ne l’ai pas fait, ce n’est pas moi qui l’ai fait. Qui l’a fait ? C’est Dieu, mon Pilote intérieur. Il est infini, éternel et immortel. Pour Lui, c’est facile de faire ce genre de choses. Je lui accorde 100 pour cent de crédit pour tout ce que je fais. Je sais ce que je peux faire : je ne peux rien faire. J’ai écrit des milliers de poèmes, composé des milliers de chants et peint des milliers de peintures, mais je sais que c’est Sa Grâce inconditionnelle qui m’a permis à chaque instant de faire ces choses. Je ne les mérite pas. Je sais qu’il y a plein de gens infiniment plus talentueux que moi, mais par Son infinie Compassion, Il m’a choisi.

Dans le monde du culturisme et de l’haltérophilie, regardez les biceps et les triceps des champions. Comme ils sont énormes ! Mais lorsqu’il s’agit de soulever des poids, peut-être n’invoquent-ils pas la Puissance supérieure, la Puissance suprême.

« À l’âge de 73 ans, il fait des choses que je ne pouvais même pas faire lorsque j’étais au mieux de ma forme ou que je n’aurais même pas tenté de faire à l’époque, et que je ne tenterai certainement pas maintenant. Il a eu recours à un Être bien supérieur qui l’a aidé à accomplir ce qu’un culturiste moyen n’a jamais pu faire. Ce sont ses exploits de force, combinés à son amour qui ont eu un tel impact sur le monde. »—Bill Pearl (USA), Cinq fois Mr. Universe, Homme le mieux bâti du Vingtième Siècle

Je prie et je médite afin d’établir mon unité avec chaque être humain du monde entier. Mon soulever de poids repose entièrement sur l’unité de mon cœur avec le monde. La force physique n’égale pas et ne peut égaler la force de l’unité du cœur.

Nous parlons de paix, mais parler de paix n’est pas la réponse. La réponse est dans l’incarnation de la paix. La réponse est dans la révélation de la paix. La réponse est dans l’offrande de la paix au monde entier. Nous devons commencer par incarner la paix, puis la révéler et l’offrir au monde entier. Voilà ce que j’essaye de faire avec mon soulever de poids.

Défier l’impossible

Lorsqu’on vit dans le cœur, l’impossible n’existe pas.

L’impossible est un mot que l’on peut trouver dans le dictionnaire. Mais ce mot, nous ne le trouvons pas dans le dictionnaire de notre cœur. Notre cœur ne reconnaît pas ce genre de mot. Dans notre cœur, nous élargissons constamment notre propre réalité et nous grandissons du fini à l’infini. Là, ce que nous rêvons aujourd’hui devient la réalité de demain.

Il y a la réalité du mental et la réalité du cœur. Lorsque nous vivons dans la réalité du mental, nous nous séparons constamment des autres. Nous ne chantons qu’un seul chant ; moi et mien. Nous ne connaissons qu’une seule vérité : la vision. Lorsque nous vivons dans le cœur, nous nous développons constamment par la force de notre unité avec tout ce qui se trouve autour de nous. Il n’y a pas de division dans le cœur ; tout n’est que multiplication. À chaque instant, nous multiplions nos capacités et notre divinité intérieures.

Si je demande à mon mental si je peux soulever sept mille livres, il me répondra aussitôt : « impossible ! »  Je n’ai besoin de personne d’autre pour douter de mes capacités. Mon propre mental est de loin le meilleur sceptique. Il fera le travail mieux que quiconque. Mais lorsque je suis dans le cœur, avec le cœur et pour le cœur, l’unité du cœur ne laisse aucune place à l’impossibilité. Lorsque je suis dans le cœur, je m’identifie avec chaque être humain sur terre. Si d’innombrables êtres humains sont avec moi et pour moi, soulever sept mille livres n’est pas une tâche difficile. À travers ma prière et ma méditation, je peux étendre mon amour à tous mes semblables du monde entier et entrer dans la Conscience Universelle. Pour la Conscience Universelle, soulever 7 000 livres  ( 3 175 kg ) est une bagatelle. Cela revient à soulever un grain de sable.

Nous prions et méditons pour ne pas rester dans la réalité mentale qui nous divise constamment. Nous voulons uniquement rester dans la réalité du cœur qui revendique le monde entier comme sien. En restant dans le cœur et en chantant le chant de l’unité universelle, nous pouvons tout accomplir. La capacité de notre cœur transcende de loin la capacité de la science. Notre vie de prière et notre vie de méditation peuvent nous emporter loin, loin au-delà du domaine de la capacité scientifique.

La toute première chose que je fais avant de soulever des poids importants, c’est rendre mon mental absolument calme et silencieux. Un mental complètement silencieux, c’est là ma clé secrète et sacrée pour réussir et progresser. Une fois que l’esprit est en paix, l’impossibilité n’existe plus.

Avant de soulever, je ne pense pas du tout parce qu’en général, la pensée affaiblit. Lorsqu’on soulève des poids lourds, on a besoin de puissance de concentration. Prenons un exemple : je suis dans ma chambre et j’entends frapper à ma porte. Je n’ai aucune idée si ce sont des amis ou des ennemis. Alors que fais-je ? Je me dis : « Je vais d’abord terminer ce que j’ai à faire. Si mes visiteurs sont mes véritables amis, ils attendront. Si ce sont des ennemis, ils diront : « C’est indigne de nous de perdre notre temps précieux ici » , et ils partiront. Par contre, mes bons amis seront compréhensifs et se diront : « Il a peut-être quelque chose d’important à faire et c’est pourquoi il n’ouvre pas la porte. » Et ils m’attendront indéfiniment. »

Lorsque je soulève des poids lourds, je ne permets à aucune pensée, bonne ou mauvaise, d’entrer en moi. Je prie simplement pour la Grâce de Dieu et puis je me soumets à Sa Volonté. Je joins les mains et dis : « Je voudrais devenir Ton instrument fidèle et dévoué. » La puissance humaine est tellement limitée : seule, elle ne peut soulever que quelques livres. C’est la Puissance divine qui se trouve en moi et que je fais venir en avant grâce à ma vie de prière, qui m’a permis de passer de 40 à 7 000 livres.

Nous devons croire en une Puissance plus élevée. Si nous ne croyons pas en une Puissance plus élevée, nous ne pouvons pas aller au-delà de notre capacité. C’est comme un jeu de tir à la corde. Pour deux individus seuls qui s’affrontent, cela peut être difficile lorsqu’ils ont la même force. Mais si d’autres personnes viennent à leur secours et commencent à tirer ensemble, chaque équipe aura plus de capacité. De la même façon, lorsque je prie et médite, j’ai le sentiment que quelqu’un d’autre m’aide, alors qu’un homme ordinaire pense qu’il ne peut compter que sur lui-même. Lorsqu’il se trouve sous le poids, il pense qu’il soulève tout par lui-même. Il s’est entraîné pendant des années, a développé sa force et maintenant, il pense que tout dépend de sa force physique. Mais dans mon cas, je me sens simplement comme un instrument. Il y a une autre puissance qui vient m’aider. Je l’appelle la Grâce de Dieu.

N’abandonnez jamais !

Chaque jour, je travaille pour atteindre mon but. De la même façon, dans la vie spirituelle, vous devez être très régulier pour faire des progrès. Combien régulièrement j’essaye de soulever des poids lourds, mais combien c’est difficile pour moi ! N’abandonnez pas ! Pour atteindre votre but, soyez régulier, soyez déterminé, soyez joyeux ! N’abandonnez pas, N’abandonnez pas ! Continuez, continuez ! Le but est devant vous. Si vous n’abandonnez pas, vous atteindrez sûrement votre but destiné.

Plus notre but est élevé, plus nous avons besoin de patience.

Durant l’été 1986, Sri Chinmoy rencontra une période difficile alors qu’il tentait de soulever 303 livres ( 137,44 kg ).

J’ai échoué 213 fois. J’ai échoué et échoué tant de fois. Mais maintenant, j’essaye de soulever 320 livres. Dieu seul sait combien de jours cela me prendra. Ce que j’ai fait hier était un record personnel. Mais je me défie tout le temps. C’est aussi ce que j’enseigne à mes élèves ; défiez vous toujours, ne défiez personne d’autre. C’est de la stupidité de notre part de vouloir rivaliser avec les autres. Si je pense que je suis le meilleur boxeur, je n’ai qu’à me retourner pour voir Muhammad Ali. Dans n’importe quel domaine, celui qui se proclame le meilleur, je vous le dis, est stupide, parce qu’en un rien de temps, quelqu’un débarquera de nulle part et le battra. Mais si on ne se défie que soi-même, on reste non seulement le champion présent, mais également le champion futur.

Aujourd’hui, j’ai soulevé 300 livres ( 136 kg ). Il n’y a pas de compétition ; il n’y a que du progrès, et c’est le progrès qu’on recherche. On ne peut dépendre du succès, parce qu’il y aura toujours quelqu’un qui viendra tourner notre succès en quelque chose d’insignifiant. En vivant dans le monde du succès, on finit toujours par être condamné à la frustration. Mais en vivant dans le monde du progrès, on trouve toujours une joie immense. Cette joie ne provient pas seulement de la transcendance de ses capacités, mais de son effort. Si par exemple je me suis fixé comme but 300 livres et que je n’y arrive pas, le seul fait de m’être entraîné et entraîné avec dévotion me donne de la joie et la ténacité de la persévérance dont je fais preuve est en soi un progrès. Tout ce que nous faisons avec dévotion et ferveur nous aide à faire des progrès.

Nous devons donc toujours nous défier nous-mêmes dans tous les domaines. Si j’ai beaucoup de doutes, je prierai et méditerai pour minimiser et réduire mes doutes et ce sera là mon progrès. Si j’ai dix désirs —je veux une Cadillac, trois maisons, etc.—, je réduirai mes désirs à neuf, puis huit, et ainsi de suite jusqu’à un seul désir, voire aucun désir. C’est ainsi que l’on peut établir la paix dans son esprit. Si nous avons un tant soit peu de sagesse, nous essayerons de minimiser nos nécessités terrestres et d’augmenter nos nécessités célestes. Nous essayerons de devenir des êtres meilleurs grâce à notre vie de prière et de méditation en diminuant nos mauvaises qualités comme la jalousie, l’insécurité et l’impureté. Et par ailleurs, si nous avons une goutte de pureté ou une goutte d’amour, nous essayerons de les augmenter. Nous essayerons toujours d’augmenter les qualités et de réduire les défauts.

Pour cela, nous devons accepter le monde et vivre dans le monde. Ici sur terre, chacun d’entre nous doit devenir bon. Si nous pouvons devenir bons et laisser nos mauvaises qualités derrière nous, le monde entier fera des progrès en même temps que nous avancerons plus loin, plus profondément et plus haut. De cette manière, chacun pourra contribuer à faire de ce monde un monde meilleur.

Conseils pour les haltérophiles et les culturistes

Concentrez-vous avant de soulever

Les débutants ne devraient pas du tout méditer ; ils devraient uniquement se concentrer. Pour un débutant absolu, la méditation est un processus difficile. Un débutant doit commencer par apprendre la concentration. Lorsqu’il se concentre, sa concentration doit porter sur la partie la plus petite du poids qu’il tente de soulever. Si par exemple, je tente de soulever 200 livres, il y a 100 livres de part et d’autre de la barre. Lorsque je me concentre, je porte toute mon attention sur mon poignet ou sur ma main et j’essaye de ressentir tout le poids à cet endroit. Je ne pense pas aux poids de chaque côté de l’haltère. Tout doit être ressenti à l’endroit où je me concentre. Pendant que je me concentre, je dois avoir le sentiment que le poids est tout petit, même s’il est énorme.

Respirez profondément

Il vaut toujours mieux respirer profondément et non pas légèrement. Avant de soulever des poids vraiment importants, je prends trois inspirations très profondes. Le mieux, c’est de ressentir le souffle ou l’énergie vitale dans le cœur spirituel et dans le front. Pendant que vous vous concentrez, vous pouvez sentir la même énergie vitale dans votre poignet ou dans votre paume. C’est cette énergie vitale qui nous permet de soulever.

Méditation et Concentration dans la pratique du sport

extrait de « Sport et Méditation » de Sri Chinmoy

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Le silence de la méditation
Se trouve au cœur de l’action
Et le dynamisme de l’action
Se trouve au cœur de la méditation.

Qu’est-ce que la Méditation ?

La méditation signifie l’expansion consciente de soi. La méditation signifie la reconnaissance ou la découverte de sa propre réalité. C’est par la méditation que l’on transcende les limites, les faiblesses et les imperfections. La méditation est dynamisme sur les plans intérieurs de conscience. Si nous voulons accomplir quelque chose, que ce soit dans notre vie intérieure ou dans notre vie extérieure, l’aide de la méditation est capitale. Lorsque nous méditons, nous entrons en fait dans la partie la plus profonde de notre être. À ce moment-là, nous sommes capable de faire venir en avant les richesses enfouies en nous.

La méditation nous montre à la fois comment aspirer à quelque chose et comment réaliser cette chose. En pratiquant chaque jour la méditation, nous serons assurés de voir les problèmes de notre vie intérieure comme extérieure se résoudre. La méditation simplifie notre vie extérieure et donne de l’énergie à notre vie intérieure, la méditation nous offre une vie naturelle et spontanée.

Pendant la méditation, que faisons nous ?

Nous entrons dans un mental vide, calme, tranquille et silencieux. Nous entrons profondément en nous et nous abordons notre véritable existence, qui est notre âme. Lorsque nous vivons dans l’âme, nous réalisons que nous méditons en fait spontanément. À ce moment-là, nous voyons notre existence intérieure emplie de paix et de tranquillité.

Méditer, c’est aller au fond de l’océan, où tout est calme et tranquille. Une multitude de vagues a beau agiter la surface de l’océan, ses profondeurs n’en sont pas affectées pour autant. Elles demeurent dans le silence. Lorsqu’on médite, on essaie d’abord d’atteindre sa propre existence intérieure, sa véritable identité, ou si vous préférez, le fond de l’océan, de sorte que lorsque les vagues du monde extérieur déferlent, elles ne nous touchent plus. La peur, le doute, l’inquiétude et tous nos tourments quotidiens s’évanouissent d’eux-mêmes : une paix indestructible s’est désormais installée en nous. Les pensées ne peuvent plus nous toucher parce que notre esprit est complètement inondé de paix, de silence, de sentiment d’unité. Comme des poissons dans l’eau, nos pensées nagent et bondissent sans laisser de traces. Comme des oiseaux dans le ciel, elles volent sans laisser aucune trace derrière elles. Ainsi sommes-nous, dans notre méditation la plus élevée, semblables à l’océan dont les créatures qui l’habitent n’inquiètent pas la majesté. Nous sommes comme le ciel dont les oiseaux ne troublent pas la sérénité. Notre esprit est le ciel et notre cœur est l’océan infini. Voilà ce qu’est la méditation.

Lorsque nous méditons, nous nous jetons dans l’immensité, dans un océan infini de paix, ou bien nous accueillons l’immensité infinie en nous. La méditation s’étend. La méditation se développe constamment et devient paix, lumière et félicité.

Un effort conscient

La méditation ne signifie pas seulement s’asseoir tranquillement pendant cinq ou dix minutes. Elle demande un effort conscient. Il faut calmer et apaiser le mental tout en le maintenant vigilant pour ne laisser aucune pensée ou aucun désir le distraire. Une fois le silence établi dans notre mental, nous voyons une nouvelle réalité poindre en nous. Lorsque l’esprit est calme et disponible et que notre existence entière devient comme un réceptacle vide, l’être intérieur peut alors invoquer la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies pour en être inondé.

La méditation signifie l’éveil conscient de notre source.

Lorsque nous méditons, nous essayons consciemment d’aller à la source qui est toute perfection. Notre source est Dieu, notre source est vérité, notre source est lumière. La méditation nous emmène à notre source, là où il n’y a plus aucune imperfection, plus aucune souffrance. Où se trouve cette source ? Elle est en nous. Celui qui est intérieurement éveillé a libre accès à la Vérité infinie et à la Joie durable ; il est capable de contrôler sa vie extérieure. Qu’est-ce qui nous donne l’éveil intérieur ? La méditation.

Chaque chercheur spirituel a un ami intime, un compagnon constant, un ami qui est toujours auprès de lui. Quel est ce meilleur ami ? Le Réel en lui. Le Réel en lui est le chercheur éternel qui aspire éternellement vers la Vérité, la Paix, la Lumière et la Béatitude infinies.

L’Évolution de l’âme

À travers la méditation, l’âme devient pleinement consciente de son évolution dans son voyage éternel. Avant de s’incarner, l’âme reçoit un message intérieur à propos de sa mission divine sur terre. Elle est pleinement consciente de sa mission. Mais au cours de notre vie, les agissements du mental physique peuvent parfois recouvrir l’inspiration divine de l’âme et ses motivations réelles. La mission de l’âme ne peut alors plus s’exprimer. Ce n’est que si nous aspirons avec notre mental, notre cœur et notre âme que nous pouvons connaître la raison de notre existence ici sur terre.

Lorsqu’on fait appel à la puissance de la volonté de l’âme, elle est comme une immense vague dans l’océan qui inonde aussitôt la conscience tout entière. Dès que la volonté de l’âme s’exprime, nous ressentons inévitablement que notre conscience intérieure est remplie d’énergie divine, de joie intérieure, de félicité intérieure, de puissance intérieure et de confiance intérieure. Tout élément négatif est balayé par la vague de la force de l’âme.

L’athlète doit sincèrement ressentir qu’il a une âme

et non pas se contenter de le penser uniquement parce que quelqu’un l’a affirmé. Beaucoup de gens n’ont même pas accès à leur cœur alors comment auraient-ils accès à leur âme ? C’est en pratiquant la méditation régulièrement et continuellement que l’on peut ressentir la présence de l’âme et finir par la voir. Mais même si nous ne voyons pas l’âme, si tout au moins nous pouvons ressentir sa présence dans les profondeurs de notre cœur, nous amènerons progressivement sa lumière dans le vital, dans le mental et dans le physique. Mais nous devons commencer par la conscience de l’existence de l’âme. Cela ne doit pas être une croyance mentale, mais une véritable expérience psychique.

La force positive et la paix de l’esprit

Lorsque nous méditons, nous essayons de devenir un canal parfait pour la force positive. La force positive est la lumière, et la force négative est l’obscurité. La force positive est l’amour et non la haine. La force positive est la croyance et non l’absence de croyance. À chaque instant de notre vie, la force positive nous aide parce qu’elle nous amène consciemment à notre destination, qui est la perfection.

Lorsque notre esprit est en paix et silencieux, lorsque notre vital est dynamique et que notre corps est conscient de ses actes, nous vivons dans le palais de la satisfaction, où ne peuvent exister ni maladie, ni souffrance, ni imperfection, ni obstacle à notre paix, à notre lumière et à notre satisfaction qui sont toutes durables. La méditation est un moyen ; c’est un chemin, c’est une voie. En marchant le long de cette voie, nous atteindrons notre destination qui est toute perfection.

Lorsque nous méditons, quel résultat obtenons-nous dans la vie extérieure ?

Nous rendons notre mental calme et silencieux. Il est pratiquement impossible pour la plupart des gens de calmer leur mental. Celui qui n’a pas l’esprit en paix est un véritable mendiant ; il est comme un singe dans un corps humain. Il n’est jamais content. Mais si nous pouvons garder notre esprit en paix, ne serait-ce qu’une seconde, nous avons alors l’impression d’avoir beaucoup accompli dans notre vie. Lorsque notre esprit est en paix, notre vital et notre corps se calment, et dès qu’il y a de la paix, toute disharmonie disparaît. Celle-ci n’existe que dans le monde de l’anxiété, de l’insatisfaction, de la tension et de la confusion. Sans tout cela, il n’y aurait aucune souffrance. Là où l’harmonie règne, les souffrances de l’homme s’arrêtent.

La méditation n’est pas une échappatoire. La méditation est l’acceptation de la vie dans sa totalité en vue de sa transformation.

La force concentration

Sans concentration, on ne peut réussir en sport. Ceux qui veulent entrer dans la méditation doivent commencer par maîtriser l’art de la force de concentration.

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Ueli Steck grimpant en free solo le  pilier « Excalibur » dans les Alpes suisses. (photo©Robert Boesch)

Cinq jours avant de battre son record d’escalade en solo de la face nord de l’Eiger, l’alpiniste suisse Ueli Steck expliqua dans un interview comment la concentration et l’attention sur l’instant présent étaient absolument indispensables dans l’escalade libre et l’escalade de vitesse.

« Je recherche toujours des buts qui sont des défis pour moi et qui prennent toute mon attention. Je me focalise vers mon but ; je ne me contente pas de grimper, ça n’est pas ma démarche. Ce que je veux, c’est atteindre le but. Ma concentration est également mon assurance-vie. Dans les moments critiques, je me concentre très fort sur ce qui est positif, jamais sur ce qui ne va pas. Il y a toujours une solution.

Le chemin vers mon but ne fait que monter, il ne descend jamais !

Tout là-haut, au sommet, là se trouve le but. Pour y arriver, je prends un chemin et ce qui compte, sur ce chemin, c’est uniquement l’instant présent. Les pensées qui précèdent sont des pensées qui ne servent à rien parce qu’elles ne sont pas nécessaires. Le futur arrive. Très souvent il dépend du présent. Plus nous sommes conscients de faire ce qu’il faut dans l’instant présent, plus le futur se présente bien.

Tout est une question d’instant présent !

Rien d’autre que l’instant. Dans cette concentration entière dans l’ici et maintenant, j’ai quelques fois fait l’expérience de me voir grimper, de voir mon corps comme un simple instrument.»

« Une fois, cela m’est arrivé en faisant l’ascension difficile de l’Excalibur dans les Alpes suisses en solo libre. C’était comme si je me regardais de l’extérieur. Je voyais mon corps grimper et je me suis dit : « Ouah, il monte bien ! » Ça c’est quand la concentration devient méditation ; c’est indescriptible. Il y a seulement l’instant présent et moi, qui inspire et expire.

Quand j’ai atteint le sommet, j’ai ressenti de la joie. Une joie extrême ! La joie de savoir que le ciel était bien plus grand et plus vaste qu’hier. »            Ueli Steck