Méditation : par où commencer ? Le mental

Extraits de « La Méditation » de Sri Chinmoy aux Editions de la Flûte d’Or

Par où commencer

Du point de vue spirituel, chaque chercheur est un débutant. Le débutant est celui qui est animé de l’urgence intérieure de croître en une réalité toujours plus divine, plus illuminante et plus satisfaisante. Si vous voulez progresser sans cesse, sachez que même au moment où, vous surpassant, vous pénétrerez dans l’Au-Delà en perpétuelle transcen-dance, vous demeurerez cet éternel débutant.

Si vous êtes un débutant à proprement parler, vous pouvez commencer par lire quelques livres spirituels. Ceux-ci vous inspireront. Vous devriez lire les ouvrages de maîtres spirituels en qui vous avez confiance. Certains maîtres ont atteint une très haute conscience. En lisant leurs écrits, vous en retirerez une grande inspiration. Il est préférable d’éviter les livres écrits par des professeurs, des étudiants ou des aspirants qui sont encore en chemin et n’ont pas atteint l’illumination. Seuls ceux qui ont réalisé la Vérité ont la capacité de l’offrir. Autrement, c’est comme un aveugle guidant un autre aveugle.

Vous pouvez aussi fréquenter des personnes qui méditent depuis un certain temps. Même si elles n’enseignent pas, ces personnes pourront vous inspirer. Le seul fait de vous asseoir à côté d’elles pour méditer renforcera inconsciemment votre méditation. Vous ne leur déroberez rien, mais votre être intérieur trouvera de l’aide auprès d’elles.

Au début, ne songez même pas à méditer. Essayez simplement de vous asseoir dans le calme et la sérénité, et sentez que ces cinq minutes appartiennent à votre guide intérieur et à personne d’autre. La régularité est d’une importance capitale. Ce dont vous avez besoin est une pratique régulière.

Quelques techniques de base

Si vous débutez, commencez par apprendre à vous concentrer. Sinon, malgré vos efforts pour calmer votre mental, des millions de pensées vous distrairont et vous ne parviendrez pas à méditer un seul instant. La concentration jette un défi aux mauvaises pensées qui tentent d’entrer en vous. Pratiquez-la quelques minutes par jour, et dans quelques semaines ou quelques mois vous aborderez la méditation.

Au début, lorsque vous commencez à méditer, sentez toujours que vous êtes un enfant. Le mental d’un enfant n’est pas encore développé. Il faut attendre l’âge de douze ou treize ans avant que le mental ne fonctionne sur le plan intellectuel. Jusque là, l’enfant est totalement dans le cœur. Il sent qu’il ne sait rien et n’a aucune idée préconçue sur la méditation ou la vie spirituelle. Il veut apprendre tout ce qui est nouveau.

Vous êtes cet enfant et vous vous trouvez dans un jardin parsemé de fleurs. C’est le jardin de votre cœur. Un enfant peut jouer des heures dans un jardin sans se lasser, tant la beauté et le parfum de chaque fleur lui procurent de la joie. En vous se trouve ce jardin, et vous pouvez y demeurer aussi longtemps que vous le souhaitez. C’est ainsi que vous apprendrez à méditer sur le cœur.

En restant dans le cœur, vous ressentirez une imploration intérieure. Cette imploration, que l’on appelle aspiration, est le secret de la méditation. Les pleurs d’un adulte sont généralement dénués de sincérité. Mais lorsqu’un enfant pleure, même pour avoir un bonbon, ses larmes sont sincères. A ses yeux, le bonbon représente le monde entier. Lui donneriez-vous un billet de cent dollars, il n’en voudrait pas. Lorsqu’un enfant pleure, son père ou sa mère volent à son secours. Si vous parvenez à implorer la venue de la paix, de la lumière et de la vérité du plus profond de votre être intérieur, comme les seules choses qui puissent vous satisfaire, Dieu – qui est votre Père et votre Mère éternels – viendra sans faute vous secourir.

Sentez-vous toujours aussi désarmé qu’un enfant. Lorsque vous vous croirez perdu, quelqu’un viendra vous secourir. Lorsqu’un enfant, égaré, se met à pleurer, il se trouve toujours quelqu’un pour le raccompagner chez lui. Imaginez ainsi que vous êtes perdu et qu’une tempête fait rage. Le doute, la peur, l’anxiété, l’inquiétude, l’insécurité et d’autres forces non divines s’abattent sur vous. Si vous pleurez sincèrement, quelqu’un viendra vous aider à retrouver le chemin de votre maison, c’est-à-dire de votre cœur. Qui est cette personne ? Dieu, votre Guide intérieur.

Le Guide intérieur

Dieu peut se manifester sous un aspect personnel ou impersonnel. Lorsque vous méditez, il est préférable de penser au Suprême comme à un être humain. Si vous êtes un débutant, méditez sur Dieu en tant que personne et non sur Son aspect impersonnel car vous risquez d’être déconcerté par Son immensité. Approchez Dieu sous Sa forme personnelle, pour L’aborder ensuite sous Son aspect impersonnel.

Aujourd’hui vous êtes peut-être un novice dans la vie spirituelle, mais ne croyez pas que vous le resterez. Nous avons tous été des débutants. Si vous pratiquez régulièrement la concentration et la méditation et si vous êtes sincère dans votre quête spirituelle, vous ne manquerez pas de progresser. L’essentiel est de ne pas se décourager. La réalisation de Dieu ne vient pas du jour au lendemain. Si vous méditez régulièrement et avec dévotion, si vous implorez Dieu comme un enfant appelle sa mère, vous n’aurez pas à courir vers le but. Le but viendra à vous, se tiendra devant vous et vous proclamera sien.

Un mental silencieux

Calmer le mental

Quelle que soit la voie que vous choisirez pour pratiquer la méditation, la première chose à faire est de calmer le mental. S’il ne cesse de vagabonder, s’il est sans arrêt en proie à de mauvaises pensées, vous ne pourrez progresser. Le mental doit être calme afin que vous puissiez être pleinement conscient de la descente de la lumière au moment où celle-ci se produit. Par votre vigilance et votre consciente acceptation de la lumière vous aurez de profondes méditations et vous verrez la purification, la transformation et l’illumination de votre vie.

Comment calmer le mental ? Le mental est puissant, et sa puissance est plus forte que votre ardeur et votre détermination à méditer. Mais avec l’aide de votre cœur vous pourrez progressivement le contrôler. Le cœur, à son tour, obtiendra l’aide constante de l’âme qui est toute lumière et toute puissance.

Vider le mental

Ne croyez pas que lorsque votre mental sera entièrement vide, vous deviendrez stupide ou que vous aurez un comportement insensé. Ce n’est pas vrai. Si vous pouvez calmer votre mental pendant dix ou quinze minutes, vous verrez un monde nouveau naître en vous. C’est la base même de tout progrès spirituel. A l’heure actuelle, vous ne parvenez à le calmer que quelques secondes ou une minute, mais si vous pouvez maintenir votre calme, votre équilibre et votre sérénité pendant une demi-heure ou même quinze minutes, je vous assure qu’au sein de votre sérénité, un nouveau monde fait d’une lumière et d’une puissance divines prendra vie.

Ne vous dites pas que si vous ne pensez plus, c’est la fin de tout. Sachez qu’au contraire quelque chose de divin se prépare à l’intérieur de votre être empli de pureté et d’aspiration. Les résultats ne seront pas immédiats. Le fermier qui sème des graines sait qu’il doit attendre ; ses cultures ne parviendront pas à maturité du jour au lendemain.

Il faut des semaines et des mois pour que les graines germent. Votre mental est semblable à un champ fertile. Si vous semez des graines de silence et d’harmonie et que vous les cultivez patiemment, vous récolterez tôt ou tard cette moisson exceptionnelle qu’est l’illumination.

Le mental n’est pas utile pour méditer, car penser et méditer sont deux choses radicalement différentes. Lorsque vous méditez, vous ne pensez pas du tout. Le but même de la méditation est de ne plus penser. La pensée dérange ; elle est comme une tache sur une page blanche. Lorsque nous ne pensons plus, nous pouvons devenir la réalité ultime. Dans une méditation profonde, des pensées peuvent encore s’insinuer, mais pas lors d’une méditation extrêmement élevée : tout, alors, n’est que lumière.

Au-delà du mental

Dans la lumière, vision et réalité ne font qu’un. Vous êtes assis et je suis debout. Admettons que je sois la vision et que vous soyez la réalité. Je vous regarde et j’entre en vous afin de vous connaître. Mais dans une méditation très élevée, réalité et vision sont unies. Vous vous trouvez là où je suis, et vice-versa. Nous sommes un. Voilà pourquoi dans une très haute méditation les pensées n’ont plus de raison d’être, car le sujet et l’objet ne font qu’un.

Même la réflexion, qui est une forme d’introspection silencieuse, n’a rien à voir avec l’immensité de la méditation. Au moment où nous commençons à penser, nous jouons avec la limitation et la servitude. Nos pensées, si douces ou délicieuses soient-elles, deviennent douloureuses et destructrices à long terme, car elles nous limitent et nous entravent. Le mental qui pense n’est qu’illusion.

A chaque instant, nous bâtissons un monde nouveau, et l’instant suivant nous le détruisons. Le mental a ses objectifs, mais dans la vie spirituelle il est nécessaire d’aller bien au-delà du mental, là où règnent une paix, une sagesse et une lumière éternelles. Ce n’est que lorsque nous dépasserons le stade des pensées, grâce à notre aspiration et à notre méditation, que nous pourrons apprécier à la fois la Réalité et la Vision de Dieu.

Les impuretés du mental

Le mental est très souvent impur ; il nourrit presque toujours des pensées dépourvues d’aspiration. Même lorsqu’il ne pense pas, le mental reste la‑proie du doute, de la jalousie, de l’hypocrisie, de la peur, et d’autres pensées non-divines. Toutes les forces négatives l’attaquent en priorité. Il les rejette pendant une minute, mais elles frappent à nouveau à sa porte ; telle est la nature du mental. Le cœur est bien plus pur que le mental. L’affection, l’amour, la dévotion, la soumission et tant d’autres qualités divines existent déjà à l’intérieur du cœur. Même si la peur ou la jalousie s’y côtoient, les qualités positives du cœur finissent toujours par venir en avant.

Hélas, le cœur peut perdre sa pureté parce que le vital est dans ses parages immédiats. Le vital inférieur, qui se situe près du nombril, a tendance à vouloir monter pour atteindre le centre du cœur. Par son influence et sa proximité, il rend le cœur impur. Toutefois, le cœur n’est pas comme le mental qui ouvre délibérément sa porte aux idées impures. Il lui est bien supérieur. Quant à l’âme, elle est encore meilleure. L’âme n’est que pureté, lumière, félicité et divinité.

Devenir l’âme

Afin de purifier votre mental, sentez durant votre méditation quotidienne que vous n’avez pas de mental. Dites-vous ceci : “Je n’ai pas de mental, je n’ai pas de mental. Je n’ai qu’un cœur.” Après quelque temps, ressentez à nouveau‑: “Je n’ai pas un cœur ; je n’ai qu’une âme.” Au moment même où vous direz “J’ai une âme”, vous serez inondé de pureté. Mais vous devrez plonger plus profondément encore, et aller plus loin, en disant non seulement “J’ai une âme”, mais aussi “Je suis l’âme.” A ce moment-là, imaginez l’enfant le plus merveilleux que vous ayez jamais vu et sentez que votre âme est infiniment plus belle que cet enfant.

Lorsque vous pourrez dire et sentir “Je suis l’âme” et que vous méditerez sur cette vérité, la pureté intérieure infinie de votre âme entrera dans votre cœur. Ensuite, du cœur, elle pénétrera dans votre mental. Ainsi, lorsque vous pourrez réellement ressentir que vous n’êtes que l’âme, votre âme purifiera votre mental.

Lecture suivante :

Questions de méditants sur la méditation, les problèmes de pensées, et d’autres questions pratiques